Présentation

Témoignage que vous pourrez trouver dans la revue Regard en Marche du mois de Décembre 2017

*Retrouvez les Clarisses d’Arras sur leur site : steclairearras.org.
Les lecteurs de « Regard en marche » seront peut-être intéressés par les possibilités de ressourcement ouvertes à tous (temps de désert, de retrait pour se poser, poser sa vie, son engagement, sous le regard de Dieu. On appelle  ce temps « un jour pour Dieu »).

Monastère Sainte Claire 1, rue Ste Claire 62000 ARRAS.

 

A Arras, il existe une communauté de sœurs appelée: « les Clarisses ».

REM a voulu en savoir davantage et a rencontré Sœur Christine-Marie et Sœur Marie-Liesse qui ont accepté de répondre à nos questions.

 

Clarisse, ça veut dire quoi ?

Le terme « Clarisses » est donné en référence à Ste Claire, qui a fondé l’ordre des «  Sœurs pauvres ». Après sa mort en 1253, les sœurs  deviennent des « Clarisses ».

La dénomination de « sœurs pauvres » dit bien les deux dimensions inséparables du charisme de l’Ordre, à la suite du Christ humble et pauvre: la fraternité et la pauvreté. Vivre ensemble en sœurs signifie vivre en pauvres. Si je suis pauvre de moi-même, mon cœur est ouvert pour accueillir l’autre, m’enrichir de ce qu’il est, et le bien que je suis est mis à son service pour l’enrichir à son tour. L’icône du lavement des pieds exprime d’ailleurs bien cette double dimension de notre vie « en pauvreté et en sainte unité ».

Nous sommes missionnaires par notre vie contemplative et communautaire. Dans nos Constitutions, qui sont comme l’actualisation de la forme de vie donnée par notre fondatrice Ste Claire, nous lisons cette phrase : « Nous serons pour le monde exactement ce que nous sommes les unes pour les autres dans l’intense vie fraternelle du cloître. » Tout un programme !

 

Comment devient-on Clarisse ?

C’est une rencontre, nous pourrions même dire une double rencontre : celle du Christ et celle d’une communauté. Pour l’une de nous par exemple, c’est un désir de vie de prière qui l’a amenée ici la première fois, sans penser particulièrement à un choix de vie religieuse. Et puis, d’autres rencontres ont suivi, le désir a grandi, la question d’un choix s’est posée. Nous sommes conduits à travers les événements… Et puis, c’est nous qui lisons les circonstances de notre vie, qui reconnaissons « le doigt de Dieu ». C’est à nous qu’il revient de mettre les bonnes lunettes pour voir, d’ouvrir l’oreille de notre cœur pour entendre ! On fait connaissance tout doucement. Après une curiosité, un attrait, un désir, c’est un choix de vie qui prend forme, la réponse à ce que nous identifions comme un appel. On ne peut pas désirer quelque chose que l’on n’a pas compris. Pour entrer au Monastère, il faut avoir découvert dans cette forme de vie un grand bien, pour soi, pour l’Eglise, et pour le monde.

 

Qu’est-ce qui vous fait vivre, tenir chaque jour ? N’y a-t-il pas des moments de doute ?

On ne peut pas entrer dans une forme de vie comme la nôtre et durer sans la foi ! Cela n’aurait pas de sens !  Ste Thérèse de l’Enfant Jésus évoquait l’oraison comme son « levier pour soulever le monde». Ce qui nous fait vivre chaque jour, c’est la certitude que notre vie de prière et notre vie de communauté sont une source de vie pour le monde. La source de l’amour est en Dieu. Prier, c’est s’abreuver à cette source, et vivre en sœurs, c’est mettre en actes l’amour dont le Christ nous aime. Ce que nous vivons dans « l’intense vie fraternelle du cloître » se déverse sur le monde. Notre prière, notre vie fraternelle servent le monde et témoignent de l’Evangile.

On ne choisit pas ses sœurs, on les reçoit. St François dit : « Le Seigneur m’a donné des frères », et Ste Claire considère aussi ses sœurs comme un don de Dieu ! Notre communauté est une parabole de ce qu’est toute communauté, quelle qu’en soit la forme (famille, paroisse…). En tant que baptisés, la communauté est notre premier lieu de conversion : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples», dit  St Jean.

On n’est pas protégé des limites de notre propre vie, nous partageons la condition humaine. Il faut reprendre contact chaque jour avec la détermination de suivre le Christ pauvre, nous redire que le monde a besoin de notre fidélité. Nous devons être conscientes de notre vocation, de ce pour quoi nous sommes là, de ce que le Seigneur attend de nous  et de ce dont le monde a besoin.

 

La journée d’une Clarisse ?

Elle se passe à l’intérieur du Monastère. Nous sommes volontairement en retrait. La clôture crée les conditions nécessaires à une vie contemplative, elle favorise le silence.

La journée est scandée, rythmée par la prière de l’Eglise : le premier office du jour est celui des Laudes (qui signifie « louanges »), ensuite l’office du milieu du jour (sexte), en fin d’après-midi viennent les Vêpres, suivies d’une heure  d’adoration (l’adoration du Saint Sacrement tient une place importante chez les Clarisses), puis c’est l’Eucharistie( messe ouverte au public à 18h30 chaque jour ; le samedi à 8h30 et le dimanche à 11h) ; les complies achèvent la journée, et les vigiles anticipent celle du lendemain ! Nous veillons dans la prière !

Par vocation, nous prions ensemble à la Chapelle, mais nous avons aussi des temps de prière personnelle (par exemple le matin ou dans la journée: trois quarts d’heure d’oraison et trois quarts d’heure de « lectio divina » (lecture de la Parole de Dieu).

Entre les offices, nous avons des temps de travail consacrés à « faire tourner la maison » : ménage, lessive, repassage, jardinage ; mais nous nous occupons aussi  de nos sœurs aînées, de l’accueil des retraites, du courrier... Nous prenons du temps pour étudier… Les tâches ne manquent pas !

 

                Si je vous dis enfants, famille… ?

Sans doute voulez-vous parler de la dimension du renoncement !? Choisir implique que l’on renonce : choisir un conjoint, c’est renoncer à tous les autres ! Il faut donc en revenir à la question de la foi. Nous avons fait  un choix, parce que nous avons été nous-mêmes choisies, appelées par le Christ. Nous avons librement répondu à son appel. Cela nous ouvre par conséquent à une autre dimension de la famille : comme consacrées, nous avons une place tout à fait particulière dans chacune de nos familles. Et puis, par notre consécration, nous appartenons à une grande famille spirituelle constituées de tant de sœurs et frères (franciscains, capucins, conventuels…), partout dans le monde ! Enfin, le don de nous-mêmes au Christ nous ouvre à une maternité spirituelle féconde…

                                   Propos recueillis par Michèle Poiteau.