Apocalypse fiche 5

Apocalypse, ch. 14 et 15

Apocalypse, chapitre 14 et 15

L’Agneau et les rachetés ; la chute de Babylone

 

Dans la section précédente, ch. 12-13, la Bête était évoquée, en dépendance du Dragon. Elle est elle-même accompagnée d’une seconde bête, qui lui est dépendante et totalement acquise, (cf.13,12). Ces bêtes sont définies comme séductrices et persécutrices. On a de bonnes raisons de voir dans la seconde bête l’empire de Rome et son hostilité au monde judéo-chrétien. Ephèse est proche de la mer. A l’autre bout de la mer, c’est Rome, la persécutrice des judéo-chrétiens. (On a retrouvé dans le Rhône une statue copie d’Artémis d’Ephèse, signe des relations à travers l’empire).

 

Le chapitre 14 commence avec l’expression : “Et je vis”. L’expression reviendra plusieurs fois. C’est une invitation à comprendre le sens du livre : ce livre est l’expression de l’espérance, de la persévérance de ceux qui ont gardé les commandements de Dieu et la foi en Jésus. C’est à eux qu’est adressé le message qu’un avenir existe, eux qui vivent leur foi dans un empire idolâtre et persécuteur. L’Apocalypse nous montre ici, en vision, l’agneau et les 144.000 qui portent son nom, ou le double nom de Dieu et de l’agneau. L’objet de la vision -ou révélation- est ainsi clairement exprimé. Le sort de ceux qui ont refusé de suivre la bête est “d’être avec“ l’agneau. Ils ont été marqués du nom de l’agneau. Il faut se souvenir du sort de ceux qui ont été marqués du nom de la bête, au chapitre précédent. Il y a donc un parallélisme entre le peuple de Dieu marqué du sceau de l’agneau et le peuple de la bête, marqué de son chiffre.

 

L’Agneau est présenté debout. C’est un petit détail, mais qui signifie que, s’il a été immolé, il est maintenant, depuis la résurrection, le vivant, debout, et que cette vie éternelle est bien autre chose que la partielle et trompeuse résurrection de la bête (13,3).

 

On voit réapparaitre le chiffre 144.000. Sans doute faut-il éclairer ce ch. 14 par le ch.7, qui évoquait déjà le salut. Il est ici question du salut obtenu par l’agneau : les rachetés de la terre. (14,3) Faut-il dire achetés ou acquis par l’agneau. ? Rien n’est dit concernant l’autre terme du rachat (à qui ?). L’agneau fait de ces hommes la possession, le peuple de Dieu. Il ne doit rien à personne. C’est pour ces hommes acquis pour Dieu qu’est écrite une nouvelle béatitude : Heureux ceux qui sont morts dans le Seigneur ! Qu’ils se reposent de leurs labeurs, car leurs œuvres les suivent (14,13). Tandis que le feu et le souffre, allusion à Sodome et Gomorrhe, sont destinés aux impies. Le souffre et le feu sont aussi une manière de dire que Dieu a remporté la victoire… (penser à la Géhenne évoquée dans le N.T., lieu où l’on brûle ces déchets, tout ce qui est impur, au sud des remparts de Jérusalem).

 

L’Apocalypse décrit à nouveau une liturgie céleste, à laquelle participent les élus, les 144.000. Cette liturgie célèbre avant tout l’agneau et son action rédemptrice : son sang rachète les hommes et en fait, pour Dieu, des rois et des prêtres.

 

Ch. 14, les v.4 et 5 supposent une explication pour éviter une fausse interprétation. “Souillés avec les femmes“ est une expression symbolique pour désigner les chrétiens qui se seraient profanés eux-mêmes en participant aux rites païens. La relation des chrétiens avec le monde des non-chrétiens devait créer des difficultés à cette époque où ils étaient peu nombreux. Ainsi Saint Paul, dans les années 45-50, avait abordé la participation des chrétiens aux sacrifices païens en 1 Corinthiens, ch. 8 et 10, sans y voir un signe de corruption. C’est un signe que chrétiens et païens ne vivaient pas en séparés. Cependant, pour l’Apocalypse, on ne peut professer à la fois la doctrine des chrétiens et celles des religions païennes. En Ap. 14,5 on trouve le mot mensonge dans l’expression : “Jamais dans leur bouche on ne trouvera de mensonge” ; le mot mensonge est à comprendre au sens d’adhérer aux proclamations doctrinales des païens. On pourrait aussi dire : idolâtrie.

 

Avec les ch. 14 et 15, on peut percevoir la progression du livre de l’Apocalypse, son orientation. La bascule en faveur des croyants avait commencé au chapitre 12, qui présentait le signe et le combat contre le Dragon. Après la chute du Dragon (12,9) ; Babylone la grande est tombée (14,8, chute annoncée, mais qui ne sera racontée qu’au chapitre 18) ; voici maintenant plusieurs allusions au temps de la moisson. Voici la faucille que l’ange va lancer etc. (l’expression renvoie à Joël 4, 13) Moisson et vendange sont exécutées par l’ange. Si on pousse la réflexion : moisson est utilisé pour annoncer le rassemblement de élus à la fin des temps, tandis que vendange fait plutôt allusion au jugement des ennemis, réprouvés par Dieu.     En 15,3 est rappelé le cantique de Moïse après la délivrance de la cavalerie de pharaon. C’était une référence directe à la sortie d’Egypte et au chant de libération ; ici c’est un chant d’action de grâce de la part des vainqueurs de la Bête. [Précision concernant Babylone : s’agit-il de Babylone ou plutôt de Rome ? (Ce serait une manière d’affirmer que le jugement de Rome est déjà réalisé). Voilà une manière cachée de comprendre le message d’espérance -et non de catastrophe- de l’Apocalypse.]

 

Aux chapitres 15 et 16, nous retrouvons deux septénaires. Au ch.15, sept anges qui tiennent sept fléaux, les derniers est-il précisé. Au ch. 16, ce sont sept coupes portant la colère de Dieu. Ce ch.15 porte le chant d’action de grâce des vainqueurs, comme Moïse.

 

Le tabernacle du témoignage est à comprendre en relation avec l’arche d’alliance. Elle avait disparu lors du saccage du Premier Temple par Nabuchodonosor, et certaines traditions juives affirmaient que l’Arche d’Alliance serait à nouveau manifestée à la fin des temps. L’Apocalypse, en annonçant sa présence signifie que les derniers temps sont arrivés.

 

 

Prier la Parole et action de grâce,

Grandes et admirables sont tes œuvres

Seigneur Dieu tout-puissant.

Justes et véritables sont tes voies,

Roi des nations.

Qui ne craindrait, Seigneur,

Et ne glorifierait ton nom ?

Car toi seul es saint.

Toutes les nations viendront et se prosterneront devant toi,

Car tes jugements se sont manifestés.

Apocalypse 15, 3-4.

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 2714 visites