Apocalypse - Fiche 1 ch. 1-3 - Rencontre 1 en vidéo

Introduction et lettre aux sept Eglises

 

Rencontre 1

par l'abbé Emile Hennart

 

 

 

 

2021 Reprise de la lecture de l’Apocalypse

le mardi 28 septembre, à Aire/Lys (9h15) et à Arras (14h), avec l’abbé Emile Hennart

 

Fiche 1 Apocalypse

 

  1. Prendre le temps de se dire, entre nous, à quoi fait penser l’Apocalypse.
  2. Au cours de la lecture personnelle, pensez aux textes de l’A.T qui vous viennent à l’esprit. (Dans les bibles comme la TOB ou la BJ, vous avez de nombreuses références à certains textes.)

 LE SENS DE L’APOCALYPSE

Nous trouvons dans ce livre les échos d’une de ces périodes où l’avenir des croyants est en cause. Et cela les amène à s’interroger sur leur façon de percevoir Dieu et de comprendre leur mission. Quel est ce Dieu théoriquement vainqueur, alors que l’empereur impose sa loi ? Jésus ressuscité ? Mais nous, nous sommes livrés à la mort. Quelle est cette Eglise qui rencontre l’hostilité autour d’elle et qui est trahie par certains de ses membres ?

A travers ces pages, des croyants nous disent comment ils ont été amenés à mieux percevoir la profondeur du combat qu’ils livraient. Comment aussi ils ont mieux compris de quel type était la victoire de Dieu ; c’est la victoire de l’Agneau « qui se dressait et qui semblait immolé, (5, 6), c’est-à-dire la victoire d’une vie livrée jusqu’au bout. Au travers même de la mort naît un monde nouveau.

Pour eux, c’est le temps du témoignage. Leur communauté prend toute sa consistance parce qu’elle doit rendre compte de sa foi. Elle le fait en contestant un pouvoir politique qui se veut un absolu, qui fait des individus des numéros, réduits à être tous marqués de la même façon (13,16).

L’Apocalypse a été relue de différentes manières au long de l’histoire. On l’a lue « les mains jointes » : ce monde est pourri, prions pour que vienne un autre monde. On l’a lue « le poing en avant » : hâtons la venue d’un autre monde. Cette lecture s’est surtout appuyée sur le chapitre 20 qui évoque un monde nouveau possible sur terre. Elle a stimulé les croisés qui partaient reconquérir Jérusalem, les paysans révoltés aux XIV et XVI° siècles, les théoriciens du socialisme chrétien au XIX’ et aujourd’hui encore, dans le tiers monde, nombre de « messies » qui expriment les aspirations de leur peuple à la liberté.

A nous de relire aujourd’hui cette contemplation du Christ qui est venu, qui vient et qui viendra. Ce sont autant de venues qui nous parlent d’un monde nouveau déjà inauguré mais encore à construire. C’est tout le sérieux de l’histoire, dans laquelle l’existence d’une communauté de croyants n’est pas sans signification ni efficacité.

Extrait de ‘A la découverte de la Bible, Tome 2, Editions Ouvrières, p.258.

 

Le mot Apocalypse vient du grec, signifie révélation, mais encore ! Révélation qui vient de Jésus. Quatre traits caractérisent le Christ : il est l’Agneau, le Vivant, le Seigneur et Roi, et celui qui vient.

>>> L’Agneau. Jean fusionne plusieurs traditions de l’Ancien Testament : l’agneau pascal de l’Exode, l’agneau des chants du serviteur (en Isaïe). La destinée de ce serviteur/agneau est déterminante pour Jérusalem (Isaïe 54). L’agneau de l’apocalypse se soucie du sort de la Jérusalem nouvelle. l’Agneau est synonyme de victoire aux ch. 14 et 21. (est-ce bien à cela que nous pensons naturellement ?). Il serait intéressant de mettre en parallèle ce qui est dit de l’Agneau et ce qui est dit de la Bête.

>>>Le Vivant, par excellence, c’est Dieu. Jean l’applique au Christ : le vivant, le ressuscité, ‘je suis’. Il fera manger de l’arbre de Vie (2,7).

>>>Le Seigneur et roi. Devant les prétentions de la Bête à étendre sa domination sur le monde, il y a un seul Seigneur (kurios, maître), le ressuscité. Prince des rois de la terre. Il est de la lignée de David, donc hérite des prophéties messianiques, siège sur un trône royal...

>>>Celui qui vient. Le Christ de l’Apocalypse ne vient pas du passé, mais de l’avenir. Si l’on oublie cette dimension, on ne peut pas comprendre que l’Apocalypse fonde son espérance sur Christ qui est venu, qui est l’alpha mais aussi celui qui reviendra, qui est l’oméga vers qui s’orientent toutes choses et êtres vivants. : « Je viens bientôt ».

Remarques : les 8 sections du livret ne correspondent pas à un plan de l’Apocalypse. C’est une aide pour notre lecture continue. A défaut de plan transmis par Jean retenons :

  1. Introduction et lettres aux sept Eglises ch. 1-3 ; partie accolée à l’ensemble de l’Apocalypse.
  2. Préludes à la fin des temps (6,1 à 11,19).
  3. Epreuves immédiates et grande confrontation 12, 1 à 20, 15.
  4. Accomplissement et manifestation finale (21, 1-22)

 

Le contexte de la rédaction de l’Apocalypse.

  1. Il n’a pas été écrit par Jean ; c’est un nom d’emprunt (pseudépigraphie) : quelqu’un pouvait-il donner son nom sans risquer d’être dénoncé ? C’est probablement quelqu’un dans la mouvance de Jean, il écrit en Asie mineure (Ephèse) pour les chrétientés de la région.
    Le livre a mis un certain temps avant d’être accepté dans la liste des textes canoniques.
    La date de rédaction : Dans les dernières années du siècle, à l’époque où se développe le culte impérial (sous Domitien 81-96, frère de Titus. Il y a eu quelques persécutions, mais c’est davantage la difficulté vivre la vie sociale : marchés, cultes aux dieux et déesses. La non-participation aux festins et festivités pouvait être considérée comme absence de religiosité et de sociabilité. A l’inverse, les célébrations entre soi (chrétiennes) pouvant apparaître comme signes de vie sectaire. Nous n’avons pas beaucoup de documents qui donnent des renseignements sur la vie des villes et au milieu d’elles, des chrétiens.
  2. La littérature apocalyptique. Il faut penser à des livres comme Daniel ou Habacuq. Des chapitres des évangiles sont aussi de style apocalyptique, par ex. Mtt 23 ou Mc 13, ou encore Luc 21. (A lire et comparer avec Apo 6-7). Après l’époque des grands prophètes comme Isaïe, Jérémie ou Ezéchiel, qui proclamaient la “Parole de Dieu”, il semble que Dieu se tait. On trouve cependant un langage apocalyptique, en Isaïe 24-27, ou 65-66 ; en Ezéchiel 1-3 ; 9 ; 26-27 ou 37-48 ; C’est probablement aussi à cette époque que se construit la littérature de l’histoire d’Israël (Le Deutéronome, après la chute du Royaume du Nord). Lorsque survient la persécution, c’est-à-dire la guerre contre ceux qui ont foi en Yahvé. Un livre comme celui des Maccabées dépeint cette période autour de -160.
  3. Le langage apocalyptique : une nouvelle littérature se lève pour soutenir les croyants. Les auteurs parlent de visions. Il utilise des symboles (les chiffres, les couleurs, certains animaux. L’apocalypse de Jean présente de fortes relations avec l’ensemble de l’A.T. Sa rédaction est à situer entre la première et la seconde révolte juive (entre 70 et 135). L’Apocalypse est marquée par une forte espérance et se termine en apothéose, alors que se perpétuent des courants de persécutions plutôt localisées. L’Apocalypse fait partie des écrits de consolation, alors qu’on y voit surtout des récits de catastrophes, d’où l’intérêt de lire l’ensemble du texte et pas seulement quelques pièces détachées.

 

Une introduction ; une vision ; lettres aux 7 Eglises

Les 3 premiers versets définissent l’auteur, son projet et ses destinataires. Prenons le temps de scruter ces trois premiers versets : Comment l’auteur définit son œuvre ? Comment se présente-t-il ? A qui s’adresse-t-il ? “A ceux qui entendent et écoutent” ! C’est une réponse on ne peut plus universaliste ! Cette expression invite à ne pas s’enfermer sur 7 communautés comme destinataires.

Après cette rapide présentation, ce premier chapitre comporte un récit de vision, dans lequel s’inscrit la mission, un appel à écrire aux Eglises. Jean ne parle pas en formules de prophéties mais en visions. Une vision est une manière de signifier une relation particulière, privilégiée avec Dieu. Le contenu ne vient pas de l’écrivain, mais de Dieu. Comme pour les prophètes, Jean répond à un appel. Il a mission de porter une parole de Dieu vers l’ange de chaque Eglise. Par ange, il faut plutôt entendre la personnification de l’Eglise locale. Ces lettres aux Eglise sont tout à la fois dénonciations des faiblesses, mais en même temps incitations à tenir jusqu’à la fin, à garder les œuvres du Christ (2,26) ou les enseignements (3,3).

 

Ezéchiel, plus que les autres prophètes, décrivait des visions : le char, le trône, les ossements desséchés, etc. Les lettres aux 7 Eglises, en fait, sont des lettres fictives, et non une collection de lettres envoyées. Leur style ne correspond pas au style classique épistolaire, comme les lettres de Paul. Les destinataires sont à situer sur une carte : Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée. C’est à l’Ouest de l’Asie mineure, en proximité d’Ephèse. On pourrait dire que ces lettres sont circulaires, en ce sens que les communautés chrétiennes se transmettaient les unes aux autres les lettres qu’elles recevaient de celui qui les avait évangélisées ; mais ici c’est un style d’écriture. Y avait-il sept Eglises, ou l’auteur voulait-il signifier qu’il écrivait à la “totalité des Eglises” ? (chiffre 7). [Il ne semble pas que Saint Paul ait rencontré ces Eglises. Paul a plutôt cherché à ne pas marcher sur les plates-bandes d’un autre, lors de son voyage vers l’ouest Cf. Actes 16 Paul, s’oriente vers Troas plutôt que Ephèse. Son souci est de ne pas mettre ses pas dans un territoire où un autre avait semé l’Evangile. Paul passe de la Galatie vers Troas et vers la Macédoine. Il évite les Eglises dont il est question dans Apocalypse 2 et 3. Il y avait déjà une longue histoire d’annonce de l’Evangile dans ces territoires].

C’est à ces communautés que s’adresse l’Apocalypse. Un certain nombre de reproches sont faits. On a voulu définir chaque Eglise selon les reproches faits, mais faut-il individualiser ? la tiédeur, certaines déviations, par exemple les nicolaïtes, acceptent de manger des viandes immolées lors de sacrifices païens. (Ce problème est évoqué lors de l’assemblée de Jérusalem, Actes 15. Paul aura une attitude prudente sur la question en 1 Corinthiens 8 : Les dieux n’existent pas, mais si cela trouble un frère, mieux vaut s’abstenir !).

 

“Celui qui est, qui était et qui sera”, expression utilisée pour Yahvé dans le Pentateuque, est transformée en “celui qui vient”, dans une perspective eschatologique et désigne l’alpha et l’oméga, (relire la fin du livre).

 

Les sept lettres sont formatées selon le même schéma :

  • une adresse à l’ange de… Le destinataire est concret et nommément désigné. Il est affronté à des problèmes précis.
  • une présentation du Christ. De nombreuses formulations christologiques parcourent l’Apocal.
  • jugement sur la communauté. A la différence des prophètes, cela commence par l’éloge et la reconnaissance de l’ardeur de communautés. Mais…
  • un appel à la conversion (repens-toi, tins ferme)
  • Invitation à l’écoute de l’Esprit (celui qui a des oreilles…)
  • Une promesse. Cette affirmation n’existait pas dans les discours des prophètes.

Tout ceci fait dire que ces lettres sont “internes” à l’Apocalypses et non un recueil de lettres écrites à différentes Eglises. Cependant le contenu de ces chapitres 2 et 3 s’adresse à des communautés chrétiennes épinglées pour leur laisser-aller. L’archéologie a retrouvé trace de ces villes, dans lesquelles le christianisme s’était implanté. Un culte impérial y avait lieu. D’autres villes auraient pu être nommées, comme Troas, Colosses, Milet. De nombreuses allusions concrètes à l’activité et à la richesse de ces villes montrent qu’elles sont bien connues de Jean.

 

La lettre à Thyatire fait référence à Jézabel. Reine, épouse d’Achab, dans l’Ancien Testament (I et II Rois), elle pousse son mari à la tyrannie (cf. la vigne de Naboth). Elle favorise aussi l’introduction de dieux païens dans le culte à Samarie. Thyatire se trouve au centre du septénaire, symbole des perversions au cœur des Eglises.

 

Pour préparer et lire la seconde section. Ch. 4-6. Les sept sceaux et leur ouverture progressive. Invitation à lire et comparer Apo 4 avec Ezéchiel 1 et Isaïe 6. Comment l’Apocalypse décrit l’agneau ? Comment les premiers chrétiens ont-ils pu interpréter le symbole de l’agneau ? Et aujourd’hui ?

 

Prière.

Qu'ils puissent voir ce qu'ils ont cru

Seigneur Dieu,

En Jésus-Christ ressuscité des morts,

Tu m'as donné une espérance vivante

Qui oriente ma vie

Et donne sens même à ma mort.

 

Je me souviens devant Toi

De ceux qui se sont endormis

Dans la foi en Ton amour.

Je Te rends grâce pour toute bénédiction,

Pour l'amitié que j'ai reçue d'eux,

Pour la paix, la fraternité

Qu'ils m'ont apportée.

 

Qu'en Ta présence,

Ils puissent voir ce qu'ils ont cru.

Que ta Parole console et fortifie

Ceux qui sont affligés par leur départ.

Rends-nous confiants par la foi en ton Fils

Qui a vaincu la mort.

 

Merci, Seigneur,

De semer ton Esprit en nos cœurs.

Merci pour ta Parole

Qui éclaire notre route,

Qui éclaire notre mort,

Et sans laquelle nous ne pourrions pas garder l'espérance.

Ensemble, vivants et morts,

Nous attendons que ton Règne vienne

Frédéric Westphal

 

Propositions de dates : renseignements :

maisons.evangile@arras.catholique.fr

Hénin-Beaumont : le lundi, 18h à 20h le16 novembre, 11 janvier, 8 mars et 12 avril

Aire-sur-la-Lys : le mardi, 9h15-11h30 : 17 novembre, 12 janvier, 9 mars, 13 avril

Arras Maison diocésaine : le mardi, 14h-16h, 17 novembre, 19 janvier, 16 mars, 20 avril

 

 

Novembre

Janvier

Mars

Avril

Hénin-Beaumont

16 annulé

11

8

12

Aire/Lys

17 annulé

12

9

13

Arras- MDA

17 annulé

19

16

20

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 5049 visites