Le Christ, témoin de l'amour de Dieu pour nous

4ème dimanche de carême

4ème dimanche de carême

2 Chroniques, 36, 14-23 : châtiment et pardon ; Ephésiens 2, 4-10 ; Dieu nous fait revivre ; Jean 3 14-21. Fin de rencontre avec Nicodème

 

En Jésus Dieu manifeste sa bonté comme un don

La première lecture est une relecture de l’histoire juive, faite par des Juifs aux 3è-2ème siècles avant Jésus Christ. Tout en réaffirmant la patience inlassable de Dieu et son attention au peuple choisi, Un écrivain , bien après le retour d’Exil, entreprend une relecture à tendance négative où il dénonce et amplifie le mal qu’ont perpétré ses ancêtres, les chefs des prêtres et du peuple. Leur attitude « expliquent » selon lui que Dieu soit devenu impatient envers le peuple qu’il avait choisi.

 

Les prophètes anciens parlaient de mauvais bergers à propos de ces élites. La religion populaire a converti ces discours de relecture en disant : « tu n’a pas été sage, le Bon Dieu t’a puni ». Est-ce aussi simple, le déroulement de l’histoire ? Cette manière de traduire l’agir de Dieu n’est-elle pas une manière de nier la liberté de l’homme, comme si Dieu, maniant la carotte et le bâton orienterait nos manière de décider de notre vie ?

 

Relisons les versets 1 à 18 de Saint Jean pour découvrir une autre manière de parler de l’attention de Dieu et de Jésus dans leur rapport à chacun de nous… il n’y a pas de rapport de coercition, selon saint Jean, mais une invitation à s’ouvrir à la lumière. Ne faisons pas trop vite de Dieu quelqu’un à notre image qui passerait son temps à donner des claques et des bons points pour orienter notre vie d’homme et de femme. Saint Paul dans la deuxième lecture est sur la même logique que Jean : un Dieu de miséricorde, un Dieu qui offre son amour au long des âges. Dieu nous a créés et préparés pour agir selon la justice, mais il nous laisse libre de prendre ou non son chemin. Une conviction est ancrée à partir de la seconde lecture et de l’Evangile : Dieu ne veut pas forcer la liberté des hommes… c’est d’ailleurs une des explications de la condamnation et de la mort de Jésus : condamnation et mort montrent à l’évidence jusqu’où peut aller la mauvaise volonté de l’homme.

 

Quelque chose d’original survient en fin de texte quand est reconnu la venue de Cyrus pour libérer de l’Exil. Ce qui est original c’est que Dieu ait fait appel à un étranger pour délivrer les Juifs en Exil. Cela a pu amener des prophètes à devenir davantage universalistes, comme Dieu s’est montré, et non comme les hommes l’avaient imaginé. Il nous arrive de faire des catégories, pour distinguer ceux que Dieu aime des autres que Dieu n’aimerait pas et rejetterait… Là encore ce n’est pas simple ! En effet Dieu ne juge pas selon nos catégories, heureusement.

 

Saint Jean invite à un autre regard, affirmant que ce n’est pas Dieu qui juge entre les bons et les méchants, mais que l’homme lui-même se juge, se met du mauvais côté quand il refuse de s’ouvrir à la parole de Jésus. N’aurions-nous pas à revoir notre manière de nous représenter Dieu selon nos propres sentiments et manières de réagir, que ce soit envers les enfants, que ce soit envers des persécuteurs ?“Dieu a tant aimé le monde…”, écrira saint Jean. A nous de recevoir cet amour en vivant une vie pleine de justice et de charité. Cela suffira-t-il à nous réjouir ? C’est ce qu’affirme l’encyclique la Joie de l’Evangile : “ la Joie de l’Evangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus

 

Le quatrième dimanche de carême s’intitulait dans l’ancienne liturgie dimanche de Laetare, se réjouir… C’était comme une pause au milieu du carême. Les lectures de ce jour ont gardé la saveur, la confiance de ces temps anciens, où l’on redisait sa foi en un  Dieu qui aime et pardonne. A nous aujourd’hui de vivre de la même confiance enDieu et en Jésus son Fils, non de la peur d’un Dieu courroucé (selon le Minuit Chrétiens…). S’il y a jugement, il vient de nous qui pouvons refuser la venue de la Lumière, et non de Dieu qui se refuserait à nous. EH