Colossiens 1-2 fiche 5

Fiche de lecture. Lettre aux Colossiens Fiche 05

Section 5

 

La vie dans la foi est un combat actif et non une appartenance passive.

Zoom : 1, 12-23 L’œuvre du Christ pour nous.

Section 5  Colossiens 1-2

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colosse forteresse Justinien colosse forteresse Justinien  La ville de Colosses se trouve à 170 km d’Ephèse, dans l’arrière-pays rural, dans la vallée du Lycos, en Phrygie. Elle est réputée pour la qualité de la laine noire qu’on y fabrique. La ville sera détruite par un tremblement de terre en 60 ou 61. L’annonce de l’Evangile fut l’œuvre d’Epaphras, disciple de Paul. La ville est mentionnée dans l’Apocalypse, dans le cycle des lettres aux sept Eglises. Paul se permet d’écrire à ces chrétiens car une menace de déviation pèse. Il semble en effet que certains veuillent ajouter des pratiques alimentaires, mais aussi des prescriptions de calendrier (juif ou païen). Ce n’est pas le même problème qu’avec les Galates pour qui on voulait imposer un retour au judaïsme selon la Loi de Moïse (querelles des judaïsants). De plus, certains enseigneraient une hiérarchie des êtres célestes (anges, puissances, etc.) et le Christ serait l’un des éléments de cette hiérarchie. Paul insiste pour situer le Christ au sommet du cosmos, au-dessus de tout… C’est pour cela que Paul introduit une présentation sous la forme d’une hymne 1, 15-20. Le mouvement du Christ, de haut en bas, pour nous réconcilier avec Dieu par la croix, est semblable à celui de l’hymne en Philippiens 2, 6-11. Les chrétiens de Colosses voulaient-ils en rajouter en œuvres de salut en plus de ce qu’a accompli le Christ ? Dans sa réponse, Paul est conforme à l‘illumination de sa conversion : en Christ, notre réconciliation est déjà totalement réalisée ; tout est déjà fait.

La lettre a probablement été écrite à Ephèse vers 55-56 ; mais il existe aussi d’autres hypothèses, par exemple une rédaction à Rome en 60-61 pendant la captivité. Le contenu de Colossiens est très proche de la lettre aux Ephésiens, dans la construction de la pensée, dans les sujets traités et dans la date de rédaction.

 

Présentation de la lettre

La construction de la lettre est conforme aux habitudes de l’époque.

Elle commence avec l’adresse (auteur et destinataires), la salutation, une action de grâce et une prière. Soulignez les qualités attribuées aux destinataires : foi, amour, espérance. Reliez ce qui est dit d’Epaphras, ici en 1, 7 et en 4,12. Le mot “connaissance”, inconnu en Thessaloniciens et 1 Corinthiens, revient plusieurs fois dans la lettre aux Colossiens… C’est la trace qu’il y a des déviations contre lesquelles Paul réagit, déviations donnant priorité à la connaissance sur l’acte du Christ venu pour nous (contenu du zoom). Plus tard, on parlera de gnose. Or la prédication de Paul peut se résumer par : “Le Christ, rien que le Christ, mais tout le Christ”, de qui Paul est devenu le ministre.

La lettre se développe sous forme d’hymne. 2, 1 à 3, 4 forme le corps du texte, partie enseignement. Vient ensuite la partie des recommandations 3,5 à 4,1. Enfin, la partie conclusive : exhortation finale, situation de Paul et nouvelles des uns et des autres.

C’est à partir des insistances de Paul contenues dans la lettre ainsi que par ses mises en garde, que nous pouvons nous représenter la pensée déviante des Colossiens sur le rapport à la divinité, aux activités religieuses, aux représentations du cosmos.

Comme pour Philippiens, Paul place le Christ au commencement de la réflexion qu’il entreprend (l’hymne). Si l’on admet ce que Paul dit à propos du Christ (1, 13-23 et 2, 6-15), il nous faut accepter les conclusions qu’il en tire, au plan doctrinal comme au plan des pratiques alimentaires ou du calendrier !

 

Zoom 1, 12-23 L’œuvre du Christ pour nous.

L’hymne (v.15-20) est encadré par une introduction et une conclusion qui relient les Colossiens à l’œuvre de réconciliation du Christ. L’hymne n’est donc pas un texte abstrait, spéculatif, mais la conviction de Paul que la réconciliation et la lumière nous viennent par le Christ  et que c’est déjà obtenu pour tous. La foi, ce ne sera pas “faire des choses en plus”, ni “faire intervenir des êtres supérieurs en vue du salut”, mais bien tenir, sans dévier de ce qui a été proclamé dans l‘Evangile reçu.

Un exercice de comparaison entre le prologue de Jean (ch. 1, 1-18) et le zoom peut être fait. C’est la même théologie qui inspire ces expressions, les relations du Père au Fils et à nous-mêmes, qui précise ce en quoi nous sommes transformés. Plutôt que salut, Paul emploie le terme de réconciliation : “Dieu vous a réconciliés grâce au corps périssable de son Fils”.

 

“L’Evangile que vous avez entendu, qui a été proclamé à toute créature sous le ciel” : cette phrase est une manière de réduire tout ce que les Colossiens ont essayé d’introduire comme intermédiaires ou compléments à leur spiritualité de la rédemption (Trônes et Souverainetés, Autorités et Pouvoirs). Les chrétiens, à bien des époques et aujourd’hui encore, ont essayé d’introduire des intermédiaires entre Dieu, son Fils et nous. Il suffit de penser à la place exagérée qu’on a parfois donné aux saints, aux anges et même à Marie qu’on voulait introniser “co-rédemptrice” pour le jubilé de l’an 2 000. Les v. 19-20 coupent court à toute tentative de rajouter des intermédiaires entre Dieu et nous. L’hymne devrait aussi nous faire penser au début de Lumen Gentium : “Le Père éternel … a créé l'univers ; il a décidé d'élever les hommes à la communion de sa vie divine…” LG 1-2

 

Pour aller plus loin

 

Théologie haute et théologie basse. La théologie est une construction, un discours sur Dieu. On dit qu’elle est haute quand elle prend comme appui, comme affirmation première, l’existence de Jésus auprès de Dieu (Philippiens 2, Ephésiens 1, Jean 1). Elle est dite basse quand elle part de la réalité humaine pour remonter vers Dieu, par exemple le Christ fils d’homme dans les Evangiles de Matthieu et Luc. La lettre aux Colossiens a beaucoup influé sur la compréhension du baptême et de l’Eglise, dans les contenus et leur formulation.

 

Le baptême Col 2, 9-18. Il faudra sans doute relire plusieurs fois ces versets pour en saisir l’importance. Ceci pourrait aider à méditer sur la grâce du baptême. Dans ces quelques lignes, Paul relance la polémique entre les adeptes des rites anciens, juifs ou païens, et l’adhésion au Christ par le baptême. Il y a d’abord un glissement de sens, de la circoncision “physique” à la circoncision “spirituelle” en Christ. (Jérémie parlait déjà de la circoncision du cœur, Jr 4,4). Ensuite essayez de repérer ce que dit le texte du Christ et des Colossiens (“vous”), et des relations établies entre eux, conséquences du baptême en Christ : ensevelis et ressuscités avec lui, pardonnés. Le baptême délivre de tous les rituels en vogue : nourritures, calendriers, dévotions, cultes des anges. Nous avons ici une christologie libératrice. Mais l’Esprit Saint y est peu présent.

 

La compréhension de l’Eglise Col 2,19. La tête et le corps : c’est une distinction d’où les théologiens tireront le Christ-tête et l’Eglise-corps du Christ. En 1 Co, 12, Paul ne fait pas encore cette distinction. En Colossiens… :“Ils ne tiennent pas à la tête (= le Christ), de qui le corps tout entier tire la croissance que Dieu lui donne.” Quelquefois on trouve l’expression “récapitulés en Christ”. L’expression vient du mot tête (caput, en latin). Le Christ est la tête, c’est-à-dire que le Christ résume/rassemble en lui toute l’humanité. C’est aussi à comprendre au sens d’assumer : le Christ assume toute notre humanité et toute l’humanité pour en faire une œuvre agréable à Dieu par sa mort et sa résurrection. (Voir aussi Ephésiens 2, fiche 7).

 

Trônes et Souverainetés etc. 1,15-17. Les Trônes, un des trois ordres parmi les trois chœurs de la hiérarchie des anges. Séraphins, Chérubins, Trônes… Il semblerait que les chrétiens de Colosses aient voulu élargir le “panthéon” des chrétiens en reprenant un certain nombre d’éléments de l’angélologie orientale. L’apôtre y voit un risque de déviation pour les chrétiens. C’est probablement à cause de ces déviations en cours que Paul présente un Christ cosmique, seul au sommet de l’univers, une Eglise universelle où tout est rassemblé. Il devait y avoir à Colosses un développement de l’ascèse, ainsi que la mise en place d’un calendrier d’observances et de cultes ritualisés… cf. 2,18 : « Ne vous laissez pas frustrer de la victoire par des gens qui se complaisent dans une “dévotion”, dans un culte des anges »… Des éléments de culture d’origine orientale ont pu être incorporés à la religiosité des Colossiens.

Autorités et Pouvoirs : Paul reprend des expressions païennes qui imaginent un espace céleste intermédiaire entre Dieu et les humains. Pour Paul, cela n’existe pas, dépouillés que nous sommes sont par la mort du Christ. Là encore, nous devrions relire saint Paul quand certains essaient de réintroduire des puissances ou des pouvoirs, aussi saints soient-ils, entre Dieu et nous !

Paul continue dans le même sens en 2, 20-23 : "Ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas, tout cela pour des choses vouées à périr par leur usage même ! Voilà bien les prescriptions et doctrines des hommes !” Pour Paul, comme écrit ci-dessus, “le Christ, rien que le Christ, mais tout le Christ”. Cela devrait nous faire réfléchir quand, dans notre Eglise, certains courants veulent multiplier les activités de religiosité, oubliant Gal 5, 14 : “Une seule formule contient toute la Loi en sa plénitude : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.”

 

Les prescriptions alimentaires. Paul mène un rude combat devant certains qui veulent réintroduire des prescriptions. C’est ce que laisse entendre 2,16-20 : “Que nul ne vous condamne pour des questions de nourriture ou de boisson, à propos d’une fête, d’une nouvelle lune ou de sabbats… Du moment que vous êtes morts avec Christ…”. Ce n’est pas seulement un nouvel aspect doctrinal que développent les Colossiens, mais des pratiques, des rituels, des observances…, comme si Jésus-Christ n’avait pas tout réalisé. [Je n’ai pas souvent entendu des remarques sur ces paroles de Paul, alors qu’au sujet des femmes, on ne se gêne pas !]

 

Prier la Parole

 

Laissez-vous réconcilier

Laissez-vous réconcilier avec Dieu Votre Père 
Laissez-vous réconcilier avec le Christ Votre Frère 
Acceptez-vous de prendre la main qu’IL vous tend 

Et de vous déclarer comme témoin 
En suivant Son chemin 

Réconciliez-vous, réconcilions-nous, maintenant

Laissez-vous réconcilier avec Dieu qui est Lumière
Laissez-vous réconcilier avec la vie toute entière
Dans notre monde ingrat et plein d’agitation
Ouvrons nos cœurs et vivons dans la réconciliation

Réconciliez-vous, réconcilions-nous, maintenant

Que chaque jour soit la fête du jubilé
Que chaque jour soit la fête pour aimer
La réconciliation entre les nations
Entre les familles
Entre frères et sœurs du même sang

Réconciliez-vous, réconcilions-nous, maintenant

Réconciliez-vous dirigeants de nos pays
Réconciliez-vous pour dissiper tous vos conflits
Soyez les guides luttant pour plus de justice

Envers les opprimés, abusés, oubliés, repoussés

Réconcilions-nous avec tout l’Univers
Que notre Monde soit achevé dans l’unité

Réconciliez-vous, réconcilions-nous, maintenant

John Littleton.

http://www.musictory.fr/musique/John+Littleton/R%C3%A9conciliez-vous

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 2188 visites