Edito Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis

Église d'Arras 8-2015

Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis.

 

Si le cœur de ce dossier porte sur la célébration des fêtes de Pâques, nous sommes pourtant déjà tirés en avant. Voici bientôt le dimanche où sera lu l’Evangile du pasteur qui donne sa vie pour ses brebis. L’Eglise a fait de ce dimanche un jour de prière pour les vocations (26 Avril). Cette journée est associée à l’année de la vie consacrée, dont le thème est “Évangile, prophétie, espérance”.

 

La pièce de théâtre “Désert fertile”, que nous évoquons dans ces pages, est une manière d’attirer l’attention sur la difficulté de rendre compte d’une vocation naissante et de l’exprimer à son entourage. Nous avons tant fait de la vocation une affaire personnelle, individuelle, une relation intime avec Dieu que nous en oublions la dimension communautaire, dont nous sommes aussi responsables. En rappelant que “l’Eglise est pour le monde”, le concile Vatican II rappelait la mission-vocation de tous les baptisés : permettre à tous les hommes de rencontrer le Dieu de Jésus-Christ, de devenir son interlocuteur. Cette vocation n’est pas réservée à quelques-uns mis à part du monde. Il appartient à chacun, c’est-à-dire à tous, d’avoir soin les uns des autres.

 

S’il arrive au pape de regarder l’Eglise comme une infirmerie c’est avant tout pour inviter chacun des membres à prendre soin les uns des autres. Ce qu’il craint par-dessus tout, c’est que l’Eglise ne devienne malade d’être repliée sur elle-même, alors qu’elle est appelée, à la suite du pasteur, à donner sa vie pour les brebis. Dans sa lettre apostolique pour l’année de la vocation, le pape invitait d’abord à savoir rendre grâce pour le don de la vocation : d’abord, disait-il, “savoir regarder le passé avec reconnaissance”. Ensuite, il invitait à “vivre le présent avec passion, en se mettant à l’écoute de l’Esprit-saint” ; enfin il nous provoquait à “Embrasser l’avenir avec espérance” La tentation est grande en effet de faire le compte et le décompte de ce qui est et de ce qui n’est pas, de douter de l’avenir et des nouvelles manières de vivre l’Evangile.

 

Parfois nous sommes admiratifs devant les fonctionnements de certaines Eglises de type évangélique. Le pape François nous met en garde : “ « L’Église ne grandit pas par prosélytisme, mais par attraction » (Joie de l’Evangile §. 14). Il attend de nous que “nous réveillons le monde, non en entretenant des utopies, mais en créant d’autres lieux où se vive la dimension évangélique du don, de la fraternité, de l’accueil de la diversité, de l’amour réciproque”.

 

Le pape attend aussi une synergie prêtres laïcs et vies consacrées… Synergies, communions ? Dans les paroisses, on attend beaucoup du synode provincial… peut-être est-ce là que nous sommes attendus : créer ces lieux de communautés missionnaires, vivantes et ouvertes au prochain. Le samaritain sur la route de Jérusalem à Jéricho ne savait pas quel prochain il rencontrerait : celui qu’il a rencontré n’était pas prévu sur sa feuille de route. A nous de nous laisser attirer sur notre route par celui qui attend, qui désespère peut-être, celui dont on ne sait comment prendre soin… les occasions ne manquent pas !

 

A l’occasion de cette année, le pape rappelle aux évêques (aux pasteurs des Eglises particulières) qu’il attend d’eux une sollicitude spéciale pour promouvoir dans les communautés les différents charismes, historiques ou bien nouveaux, en soutenant, en animant, en aidant le discernement, en se faisant proches avec tendresse et amour des situations de souffrance et de faiblesse dans lesquelles peuvent se trouver certains consacrés, et surtout en éclairant le peuple de Dieu par leur enseignement sur la valeur de la vie consacrée de manière à en faire resplendir la beauté et la sainteté dans l’Église. Que l’attention portée à la journée des vocations ne soit pas seulement l’affaire d’un jour, mais de tous les jours.

Abbé Emile Hennart