Introduction

Quand Paul écrit à ses amis de Corinthe, il se trouve à Ephèse; il a eu des nouvelles des communautés par différents intermédiaires. Devant les multiples sujets (divisions, mariage ou célibat, eucharistie sans partage, questions sur la résurrection, il écrit une longue lettre parfois un peu brouillonne. Reconnaissons que Paul écrit comme il parle et le scribe a du avoir bien du mal à copier la dictée de Paul, ses points d'exclamation et d'interrogation. 

 

L'expérience d'annoncer la croix

Pour comprendre l'esprit dans lequel Paul est arrivé à Corinthe, il faut avoir à l'esprit son précédent passage à Athènes où il a essayé, devant les Grecs de l'aréopage, d'annoncer le Christ, mort et ressuscité.

 

Mais les grecs, avides de sagesse, ne pouvaient pas supposer que l'étincelle de vie de quelqu'un enfin libérée du corps mortel puisse avoir le désir de retourner dans un corps charnel d'où l'affirmation retenue dans les Actes: Là-dessus, nous t'écouterons un autre jour!"

 

La lettre aux Corinthiens commence par une sucession de jeux de mots sur la recherche de sagesse (philosophie) et la recherche de signes divins (miracles ou signes), c'est-à-dire sagesse et folie, puissance et faiblesse pour conclure que la folie de Dieu (la croix) est plus sage que toutes les sagesses humaines ou le recherches de signes, etc. mais dès le ch. 2, Paul fait référence à l'expérience d'une annonce qui n'a pas été  reçue: je n'ai rien vouloir savoir parmi vous, sinon Jésus et Jésus crucifié... scandale... etc.

 

Petite phrase qui intrigue 1 Co 6,3 :
“Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ?”

 

Une réponse rapide se trouve en note TOB :ce sont ‘les anges déchus’, mais cela ne me convainc pas. Je cherche ! Dans cette courte interpellation v. 2-3, Paul essaie de montrer le décalage entre vouloir faire juger de ses petites affaires par des non-chrétiens et être considéré à l’égal des anges et même supérieur : telle est probablement la pensée de Paul : cf le  psaume 8,6 : “l’homme, à peine le fis-tu moindre qu’un Dieu, le couronnant de gloire…” manière de signifier l’éminente dignité de tout homme créé par Dieu. . Au premier siècle il y avait des courants de pensée eschatologique estimant que les chrétiens participeraient au jugement du monde avec le Christ lors de son triomphe (cf. Mt 19, 28), d’où la forme très ironique de Paul : “comment ! vous serez appelés à juger les anges déchus et vous n’êtes même pas capables de juger entre vous de vos propres petites affaires” ?

 

Les langages de Résurrection dans la Bible.

En Israël la notion de résurrection apparait un peu avec Osée, ch.6, vers 735 avant J-C. On retrouve cette idée avec Ezéchiel 37, 1-14, quand il évoque la plaine couverte d’ossements qui se relève. (résurrection individuelle ou collective ?). Il semble que c’est une image employée par le prophète pour annoncer un avenir à un peuple qui vient d’être détruit pas la guerre : "Je mettrai mon Esprit en vous et vous vivrez", dit le Seigneur. C'est au peuple comme entité collective qu'eset annoncé un avenir, une résurrection. Nous aurions tort de la comprendre comme résurrection de chaque individu. C'est surtout au temps des martyrs d’Israël que grandit la conscience que Dieu ne peut abandonner ceux qui ont mis leur confiance en lui et sont morts dans la persécution (Epoque de la révolte des Maccabées ; cf. Livre de Daniel ch 7 et 2ème livre des Maccabées). Pour le prophète Eli et un enfant qui se relève pour un temps… on ne parle pas de résurrection mais de réanimation.

Au temps de Jésus il y a une altercation entre les sadducéens et Jésus car les sadducéens, à la différence des pharisiens ne croient pas en la résurrection (cf. Luc 20, 29…)

 

Pour essayer de faire simple : le Nouveau Testament utilise trois langages pour évoquer la résurrection : il parle de résurrection, d’exaltation, de vie en abondance. Le mot résurrection est composé de re et susciter (plutôt que re-vivant). Une autre expression est utilisée : réveiller. Penser au chant inspiré de st Paul “éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts…”

 

Il peut être utile de comparer trois textes de Paul qui évoquent la résurrection: 1 Thessaloniciens 4, puis 1 Corinthiens 15, enfin Philippiens, 2, 4-10. Ce qui est gardé dans les trois textes, c'est l'affirmation que Christ est ressuscité (sous-entendu par Dieu). Autour de l'affirmation, quelques éléments ne sont pas à chaque fois réexprimés. peut-être faut-il y avoir une évolution dans la manière dont Paul s'exprime. Aux Corinthiens il affirme, comme le faisaient les pharisiens et scribes: ce n'est pas de moi, voici ce que j'ai reçu, que j'ai transmis et que vous avez cru... Paul se reconnait porteur d'une tradition qui remonte à avant lui. Si on calcule les dates, cela nous amène aux premières communautés croyantes, issues de la foi pascale des années 30.