Hypocrites, pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ?

29ème dimanche ordinaire

Isaïe 45, 1.4-6 ; Thessaloniciens 1, 1-5 ; Matthieu22,15-21

Hypocrites, pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ?

 

Cyrus est l’un des rares chefs d’Etat au monde qui soit mis à l’honneur dans les Ecritures : “Cyrus que j’ai pris par la main”. Il en est plusieurs dont les noms ne sont pas à l’honneur. Cyrus tient une place particulière parce qu’il a ouvert les portes de la captivité d’Israël en Babylonie. La lettre de Paul fait l’éloge d’une communauté chrétienne établie à Thessalonique. C’est là que Paul a dû fuit précipitamment la petite communauté, à peine fondée, en raison des rejets par les Juifs qui s’étaient ligué contre lui.

 

Les Evangiles nous rapportent plusieurs conflits entre Jésus et les autorités du judaïsme. Aujourd’hui, nous voyons qu’ils font intervenir des hommes de mains, mais la critique s’adresse bien à eux sans équivoque : “Hypocrites, pourquoi me mettre à l’épreuve”. La trace de leur forfaiture apparait au moment où ils mettent la main à la poche. Au moment même où ils sortent la main de la proche, ils sont pris en flagrant délit de péché. En effet ils ont dans la main une pièce qui porte l’effigie d’un homme. Or cela est interdit par la loi qui refuse toute représentation humaine dans le peuple juif.

 

Ce serait outrepasser le sens de ce texte que d’y voir une coupure entre le temporel et le spirituel, notion qui n’existait pas à l’époque. Les pharisiens espéraient faire tomber Jésus par leur question vicieuse, mais c’est eux qui tombent dans le panneau, puisqu’ils ne respectent pas les règles en vigueur. Leur manière de pose la question interroge sur le sens qu’ils accordent à la religion : est-il permis ou non ? Le croyant serait-il donc celui qui conduit sa vie selon le permis et le défendu ? Le chapitre 5 sur les béatitudes nous avait appris à comprendre autrement la relation à Dieu : Heureux, ceux qui… ou “on vous a dit, moi je vous dis”, où le commandement se déporte vers la force d’aimer.

 

Si l’on revient à Cyrus, on constate qu’il n’a pas agi selon les règles de la guerre, mais qu’il a fait preuve d’humanité envers les peuples en voie de libération. Avec Cyrus, avec la pièce de monnaie, bientôt avec Pilate, voici des Ecritures au plein cœur des fonctionnements politiques. Nous ne sommes pas loin de la manière dont le pape François se situe aujourd’hui : après la maison commune dont nous sommes responsables (Laudato si !) voici la fraternité universelle à laquelle nous sommes appelés.

 

Dès le N°2 de l’encyclique, nous sommes orientés vers la fraternité et l’amitié sociale. Au n° 11 sont évoqués “l’égoïsme et la perte du sens social”. Nous ne sommes pas dans l’ordre du permis et du défendu, nous devons faire œuvre de discernement pour que nos actions deviennent œuvres de fraternité. Nous ne sommes pas dans l’ordre du comparatif entre différentes doctrines ou tradition religieuses. Nous sommes dans l’ordre du faire. Ainsi Cyrus et dans l’ordre du faire. A nous de suivre le chemin de l’Evangile. Abbé Emile Hennart