Impuissance et espérance

Eglise d'Arras n°15

A quelques jours de l’assemblée synodale pour les diocèses de Lille, Arras et Cambrai à Lille, vous pourrez parcourir un nouveau témoignage d’un participant au synode sur la mission des paroisses concernant la place des jeunes, invitation à favoriser leur implication au sein des activités de la paroisse.

Chacun est fort occupé à mettre en chantier l’activité qui lui est confiée dans la paroisse ou le service. Les sollicitations sont multiples auxquelles on ne sait quoi ni comment répondre. Pourtant nous répondons encore ‘présent !’… Devenir parrain aujourd’hui ou devenir aîné dans la foi n’est-ce pas la mission de chacun aujourd’hui ? Un autre mot fort ancien existe qui précise le sens de cette mission : accompagner, c’est-à-dire “être avec” sur le chemin à la rencontre de Jésus-Christ. Il fut un temps où l’on donnait comme modèle au chrétien actif celui du pédagogue, de l’enseignant… Un autre modèle de relation se développe, où il s’agit moins de transmettre des convictions que d’aller ensemble à la rencontre de Jésus-Christ, ainsi Dimanche, Parole en fête. Certains débats actuels sur les manières de faire la catéchèse proviennent de ces changements, acceptés ou refusés. Le pape François insiste sur l’importance de la relation à l’autre dans la manière de témoigner de Jésus-Christ. Ainsi rappelle-t-il “la valeur des relations entre les personnes… l’ouverture à un « tu » capable de connaître, d’aimer et de dialoguer… (Laudato si n°119).

Un autre témoignage publié cette quinzaine concerne une présence dans les lieux d’exclusion. Il invite à découvrir l’importance d’être comme un accompagnateur de la vie auprès des personnes privées de liberté.

 

Parmi les sujets d’actualité en ce début septembre, le refus de se rendre proche de l’autre, étranger, semble se développer dans certains courants de pensée, y compris chez les catholiques. La solution n’est pas de renvoyer les étrangers au-delà des frontières, et de remettre en service des wagons à bestiaux comme au temps de Vichy et du Maréchal. Mgr Olivier Ribadeau Dumas, porte parole de la Conférence des Evêques de France, a rappelé que l’enseignement de l’Eglise n’avait pas changé concernant l’accueil de l’étranger. Est-il nécessaire de rappeler que le Pentateuque a inscrit dans ses lignes l’exigence de l’attention à l’étranger, à la veuve et à l’orphelin” (Exode et Lévitique). Dans les Evangiles l’attention du Christ au pauvre, à la veuve, à l’étranger est signalée à plusieurs reprises.

 

Un électrochoc s’est produit dans l’opinion, à la vue de la photo d’une enfant noyé, au bord de la mer. Dans le même temps les médias montraient des foules de Syriens et de Kurdes franchissant les frontières. Nous savon que depuis quinze ans, nombreux sont les chrétiens bénévoles du diocèse qui participent avec d’autres associations non confessionnelles, pour venir en aide aux réfugiés dans l’impasse de Calais et ailleurs. Mgr Jaeger évoquait leur usure devant le peu de réaction des politiques face à ces drames sans cesse répétés. C’est ce que laisse entendre la déclaration de la CEF quand elle invite à “des actions en véritable partenariat impliquant les forces vives de notre communauté nationale : Etat, collectivités locales, associations”. L’initiative privée ne suffit pas, si les instances politiques elles aussi n’œuvrent pas. Y a-t-il aujourd’hui volonté commune d’accueillir plutôt que d’ignorer ou de rejeter ?

 

Devant les nombreux problèmes qui se posent à notre Terre, notre maison commune, il est tentant de ramener la miséricorde à une action personnelle, “Miséricordieux comme le Père” ; tentant aussi ou d’en revenir à la défense d’intérêts particuliers. Quand le pape François insiste sur la dimension du social dans notre attention à la maison commune, à la création, il précise encore que les solutions sont à proposer dans une perspective globale, en interdépendance. Impasse ou ouverture ?

La Croix du Christ fêtée cette semaine n’est pas une impasse, mais un passage obligé. Saurons-nous la porter ?

 

Abbé Emile Hennart