Jésus était-il autoritaire ?

4ème dimanche ordinaire

 

Deutéronome 18, 15-20 le prophète porte la parole de Dieu ; 1 Corinthiens 7, 32-35 : homme et femme devant Dieu ; Marc 1, 21-28 : Jésus enseigne avec autorité…

 

Voici, pour ce dimanche, trois textes simples qui méritent pourtant une grande attention pour éviter les interprétations inconsidérées, comme la place de l’homme et de la femme devant Dieu selon Paul, ou l’autorité de Jésus.

« Jésus enseignait avec autorité, et non comme les scribes » écrit Marc au début de son Evangile sur l’enseignement de Jésus. C’est la comparaison entre Jésus et les scribes qui permet de dénouer l’interprétation. Nous savons que bien des scribes et pharisiens se paraient de leur titre pour manifester leur supériorité et faire peser un poids très lourd sur les épaules des petites gens. Les gens se sentaient obligés d’écouter… cherchant à mettre en pratique les commandements qu’on leur avait inculqué mais cela ne les touchaient pas au cœur.

 

L’autorité dont parle saint Marc est une qualité de relation entre Jésus et ses auditeurs, tandis que la qualité de relation avec les autorités religieuses semble plutôt faible. Il devrait en être ainsi à toute époque entre disciples du Christ dans l’Eglise actuelle. Les récentes paroles du pape François à l’égard des cardinaux de la curie, celle à l’égard des futurs nouveaux cardinaux est du même ordre. Si certains cardinaux n’apprécient pas beaucoup de devoir sentir le fumier de mouton… peut-être est-ce parce qu’on a l’habitude de mettre des barrières de préséances.

 

Qu’en était-il des bergers de la nuit de Noël avaient-ils eu le temps de se parfumer avec les dernières fragances à la mode à la cours du roi Hérode ? Non, et leur réputation était faite depuis bien longtemps. Pourtant les anges n’ont pas dédaigné s’approcher d’eux, et plus tard, ce sont ces mêmes personnages qui ne dédaigneront pas s’approcher ou se laisser approcher de Jésus, au point qu’on reprochera à Jésus de se laisser approcher par n’importe qui, c’est-à-dire les moins que rien ! Pour compliquer la réflexion, plusieurs lecteurs assidus m’ont fait remarqué que Marc ne donnait pas le contenu des enseignements de Jésus au cours de ces premiers chapitres… Il ne s’agit pas de définir le contenu d’enseignement mais la présence réelle auprès de cette humanité souffrante. A nous d’être à l’image du modèle.

 

Du récit du Deutéronome, je retiendrais la phrase où Dieu déclare à Moïse qu’il fera se lever un prophète comme lui… Cette phrase a laissé un souvenir tenace jusqu’au temps de Jésus au point que saint Jean signale, dans l’interrogatoire des pharisiens à Jean-Baptiste : “es-tu le grand prophète ? (Jn 1, 21 et 25). Nous avons pris l’heureuse habitude de comprendre Jésus comme nouveau Moïse… Même saint Jean l’évangéliste ne rate pas l’occasion de justifier cette interprétation. Dans le texte du Deutéronome, il est intéressant de repérer ce qui est demandé au prophète : quelqu’un qui ai en lui les paroles de Dieu et qui sache les faire entendre… malheur à ceux qui transforment ces paroles (Dt 18, 20). Il y a actuellement des conflits d’interprétation, au Vatican et ailleurs sur la miséricorde divine : qu’en est-il réellement dans nos pratiques quotidiennes, dans nos relations au frère différent de nous… y a-t-il un capital sympathie dont lui aussi peut-être le destinataire ? Sinon à quoi cela sert-il de se dire chrétien.

 

Quant à la lettre de Paul sur la place de l’homme et de la femme, il faudrait reprendre l’histoire des philosophes du premier siècle pour voir si l’on n’attribue pas à Paul des réflexions qui sont celles du philosophe chrétien Philon d’Alexandrie (-20 à + 45). L’image de Paul a beaucoup souffert du dénigrement systématique des hommes-clercs en particulier- contre les femmes, au point de déformer l’enseignement de Paul ? Il faudrait plus d’une page pour s’en expliquer… Il faudrait aussi mieux connaître le contexte dans lequel raisonnent les chrétiens de Corinthe, leur proximité avec la pythie de Delphes et le dévoiement de la religion gréco-romaine pour éviter les regrettables associations d’idée et de contresens dans la pensée de Paul : homme ou femme, comment notre coeur reste-t-il attaché au Seigneur sans partage ?