La lumière de Panama

Édito de Monseigneur Jaeger - Eglise d'Arras n°2

Mgr Jaeger5 Mgr Jaeger5  Les Journées Mondiales de la Jeunesse viennent de se terminer à Panama. La période de l’année inhabituelle pour les Européens, les exigences scolaires, la distance et le coût n’ont pas favorisé la participation des jeunes Français. Mais, ainsi le veut le caractère universel de l’Eglise. Ce ne sont pas toujours les mêmes qui doivent être favorisés !

            Le choix de Panama suivait de peu celui du Brésil. Venu d’Argentine, le pape connaît bien les atouts et les drames de l’Amérique latine. Les troubles politiques, sociaux, économiques ne manquent pas. Les oppositions peuvent y être dures et mortelles. Les inégalités gangrènent souvent les relations entre une foule de pauvres et une minorité de riches. Les trafics et la corruption engendrent de rudes conflits. Les couleurs, la lumière, le chant, la danse entretiennent, malgré les difficultés, une joie de vivre étonnante susceptible de dérider un Occident trop sérieux.

            L’Evangélisation a engendré par la force de l’Esprit-Saint une foi populaire qui étonne notre rationalisme. Le catholicisme demeure vivant, même s’il rencontre de plus en plus les courants évangéliques ou les sectes. Tantôt paradis apaisant, tantôt volcan en éruption, l’Amérique latine est jeune. Elle porte beaucoup de promesses pour l’avenir.

            C’est au cœur de ce bouillonnement que le pape François est venu susciter, réveiller ou nourrir la foi chez les jeunes et par les jeunes. Les célébrations, les interventions, les méditations étaient construites autour de la réponse de la Vierge Marie à l’ange Gabriel : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m'advienne selon ta parole ! [1]»En ces moments de doute qui troublent et inquiètent la société française, le pape François apporte fraîcheur, lumière et espérance. Il déplace le centre de gravité de nos existences et propose un chemin qui fait sortir de l’enfermement auquel, nous nous résignons.

            Le « oui » de Marie engage terriblement. Il n’est pas le consentement forcé à la fatalité. Dieu seul sait où il va mener, mais Marie fait confiance à la promesse faite par Dieu. Alors tout devient possible. Nous avons besoin de prononcer à notre tour ce oui. 

 

 

 

Ecoutons le pape : « Dire “oui” au Seigneur, c’est oser embrasser la vie comme elle vient, avec toute sa fragilité, sa petitesse et, souvent, avec toutes ses contradictions et ses insignifiances, C’est embrasser notre patrie, nos familles, nos amis tels qu’ils sont, aussi avec leurs fragilités et petitesses. Embrasser la vie se manifeste aussi quand nous accueillons tout ce qui n’est pas parfait, pur ou distillé, mais non pas moins digne d’amour. Une personne n’est-elle pas digne d’amour parce qu’elle est handicapée ou fragile ? Une personne n’est-elle pas digne d’amour parce qu’elle est étrangère, parce qu’elle s’est trompée, parce qu’elle est malade ou en prison ? Jésus a fait ainsi : il a embrassé le lépreux, l’aveugle et le paralytique, il a embrassé le pharisien et le pécheur. Il a embrassé le larron sur la croix et il a même embrassé et pardonné à ceux qui le crucifiaient. [2] »

En une période où nous nous demandons si les Français voudront et sauront vivre ensemble demain, nos communautés se remettent volontiers à l’écoute de la Vierge Marie. Elles redisent son « oui. » Il ne vient pas mettre ou remettre de l’ordre. Il illumine d’une clarté nouvelle notre humanité et sa marche. 

Notre mission d’évangélisation indique, révèle cette lumière et invite nos frères et sœurs, notamment les plus jeunes, à la discerner et à la partager. Elle projette un autre regard sur les membres de la famille humaine : « Je ne dis pas tous, mais beaucoup sentent qu’ils n’ont pas beaucoup ou rien à apporter, parce qu’ils n’ont pas de véritables espaces où ils se sentent appelés. Comment vont-ils penser que Dieu existe, s’il y a longtemps qu’ils ont cessé d’exister pour leurs frères ? [3]»

Oui, les débats sont utiles, nécessaires ! Ils seront toujours tronqués s’ils ne nous ramènent pas à la certitude « que rêver l’avenir, c’est apprendre non seulement pour quoi je vis, mais aussi pour qui je vis, pour qui il vaut la peine de dépenser la vie. »

 

 

 

                                                           + Jean-Paul JAEGER

 

[1]Luc 1, 38.

[2]Pape François  - Campo S. Juan Pablo II du « Metro Park » de la ville de Panama, 26 janvier 2019.