Biographie de Mgr Jean Rodhain

J.Patte fut le 1er diacre permanent en Pas-de-Calais  ordonné en 1971 Jean Patte - Mgr Huyghe - Mgr Rodhain  
J.Patte fut le 1er diacre permanent en Pas-de-Calais ordonné en 1971
J.Patte fut le 1er diacre permanent en Pas-de-Calais ordonné en 1971
(1900-1977) Théo +SOS

 

Né dans les Vosges de parents émigrés alsaciens, Jean Rodhain est ordonné prêtre en 1924; il est d'abord envoyé comme «vicaire agité», dit son évêque, à Épinal, avant de devenir curé d'une paroisse rurale; en.1929, il assure en outre l'aumônerie de la section jociste de Neufchâteau. En 1934, il est détaché comme aumônier fédéral de la JOC à Paris. La grande rencontre nationale de la JOC au Parc des Princes en 1937, qui réunit 80000 jeunes ouvriers, met en relief ses dons d'organisateur et d'animateur en même temps que son sens de la fête communautaire.

Réformé en 1939, aumônier des nouvelles divisions blindées, il est fait prisonnier en 1940; évadé, il est nommé par l'épiscopat français aumônier général des prisonniers de guerre; parmi ces derniers se trouvent 6 000 prêtres et séminaristes qu'il faut aider dans leur vie spirituelle et leur ministère. Bientôt il lui faut organiser une aumônerie clandestine du Service du Travail Obligatoire (STO) en Allemagne, ce qui lui vaut de nombreux démêlés avec les autorités allemandes. A la libération, il est nommé aumônier général de l'armée française et des déportés.

 

1946, au sortir de la guerre, la France est un territoire abîmé, profondément marqué par cinq années de souffrances. Enfants abandonnés, familles privées de logement,  personnes handicapées, mutilées par la guerre, soldats brisés par trop d’horreur…

Jean Rodhain a appris à l'aumônerie des prisonniers de guerre… la force des liens et des réseaux tissés par les familles elles-mêmes pour faire parvenir à leurs frères, maris, fiancés des colis et des lettres pour tenir… De là naît une idée aussi originale que fantastique, celle de créer une structure qui s'appuierait non plus sur des familles, mais sur des bénévoles et de les amener à se rassembler en équipe. Le défi et les enjeux sont énormes. Le Secours Catholique nait ainsi en 1946, approuvé par l'épiscopat.

 

Les premières campagnes, celles des malades, sont lancées en 1946, bientôt soutenues par la publication de Messages dont le tirage atteint vite les 40.000 exemplaires (actuellement 950.000).

Jean Rodhain dit du Secours Catholique: «Pour le public, c'est une entreprise s'occupant des catastrophes; pour nous, c'est une entreprise de pédagogie. Nous cherchons à éveiller à des situations. L'Église a besoin de s'adapter. Ses institutions charitables varient continuellement. Il faut inventer la charité.»

Les campagnes se suivent, en faveur des malades, des prisonniers, des enfants en situation difficile. Une première Cité Secours est ouverte rue de la Comète, à Paris, au cours du terrible hiver 1956; elle sera suivie de la Cité Myriam ouverte aux Maghrébins, de la Cité Bethléem, destinée aux mères abandonnées, du Rosier Rouge, accueillant les familles provinciales de malades hospitalisés à Paris. A Lourdes, ce sera la Cité Saint-Pierre, accueillant les pèlerins sans ressources; à Jérusalem, la Maison Abraham, ouverte à tous sans distinction de confession.

 

Parallèlement, le service des Urgences, pour venir en aide aux victimes des catastrophes et des guerres à travers le monde, s'est créé et rodé; puis le souci du Tiers-Monde a suscité chez Jean Rodhain l'idée de micro-réalisations soutenues par le Secours Catholique et par les organisations sœurs locales (les Caritas), et conduisant les populations à prendre elles-mêmes en charge leur propre développement (construction de puits et de barrages, formation d'ouvriers et de techniciens, éducation des femmes...).

Jean Rodhain, qui est le premier président de l'organisation Caritas lnternationalis regroupant au plan mondial les mouvements nationaux de même vocation que le Secours Catholique, participe à la préparation du concile Vatican II; il insiste sur la prise en compte de trois, grandes nécessités: l'approfondissement d'une théologie de la charité, l'institution d'un diaconat spécialisé dans un ministère charitable, la création d'un organisme mondial représentatif du ministère des pauvres dans l'Église. Ce dernier verra le jour avec l'institution du Conseil pontifical Cor unum par Paul VI, en 1971.

En reconnaissance de la tâche accomplie par Jean Rodhain, le même Paul VI lui avait conféré le titre de « chorévêque », exceptionnel aujourd'hui en Occident; Monseigneur Rodhain s'éteindra paisiblement dans la Cité Saint-Pierre de Lourdes, sans doute celle de ses réalisations lui tenant le plus à cœur.

D’après Théo, encyclopédie catholique.