31 décembre 2006 - La sainte famille

 

1 Samuel 20, 22-28 ; 1 Jean ch 3 ; Luc 2, 41-52

 

La fête de la sainte Famille est relativement récente. Léon XIII, le pape attentif aux conditions d’existence, fin 19ème siècle, voulait proposer un modèle aux familles chrétiennes.

Il serait judicieux de ne pas vouloir fusionner l’hier et l’aujourd’hui et imposer notre modèle de famille sur ce que pouvait être la vie de famille au premier siècle en Palestine. Les bons sentiments ne remplacent pas le souci de l’authentique.

 

Nous reconnaîtrons cependant à la tradition chrétienne le droit de proposer une conception de la famille différente de celle d’autres religions ou cultures. Cette conception est à la fois culturelle et religieuse. Culturelle en ce qu’elle propose la famille comme composée d’un homme et d’une femme appelés à devenir parents. Religieuse en ce que la tradition chrétienne reçoit cette vie comme un cadeau de Dieu, béni par lui-même dès le premier chapitre du Livre de la Bible : « croissez, multipliez-vous soumettez la terre… Et Dieu vit que cela était bon, c’était très bon ! ». Ces quelques mots de l’Ecriture devraient nous inciter à une lecture renouvelée des anciens manuels de morale.

 


Le charmant épisode de l’enfant Jésus au Temple fait dans doute référence au rite de passage de l’enfant à l’âge adulte. L’enfant qui a terminé le temps de son éducation est admis dans la communauté adulte, membre du peuple élu. L’enfant, comme son nom l’indique (in-fans, qui ne sait pas parler) a désormais droit à prendre la parole. C’est ce que Luc va montrer désormais tout au long de son évangile: Jésus prend la parole en homme qui a autorité....

 

Du récit de Luc ch 2, on retiendra encore la place du père, de la mère et de l’enfant reconnu adulte : « ton père et moi-même, nous te cherchons ». « C’est chez mon Père que je dois être, ne le saviez-vous pas ? ». Le dialogue, le droit à la différence (l’altérité) ne sont-ils pas ainsi manifestés clairement ? Plutôt que de s’offusquer de cette passe d’arme, Marie gardait tous ces évènements dans son cœur. Ce sont les mots mêmes employés dans la Bible pour parler de la fidélité à l’Ecriture. Garder, ce n’est pas mettre l’événement dans sa poche, un mouchoir par dessus, c’est plutôt méditer et mettre en pratique la Parole de Dieu reçue. En ce sens, la famille de Jésus peut être un modèle, un lieu de parole, un lieu qui fait place à la différence, un lieu d’écoute et de mise en œuvre de l’Ecriture.