Service évangélique des malades

SEM - témoignage de Béatrice

 

 

« Croire en la vie, un défi pour aujourd’hui »

 

 

A l'occasion du dimanche de la santé, le 11 février 2007, nous avons sollicité le SEM, pour témoigner de la manière dont ils relèvent le défi de la vie devant la maladie. Deux témoignages disent quelque chose de ce combat pour la vie

 

une personne du SEM nous dit comment elle a accompagné une personne à l’heure de sa mort.
une autre exprime comment l’écoute et le soutien d’une équipe sont essentiels pour permettre aux malades de vivre dans l’Espérance.

 

« Croire en la vie à l’heure de notre mort »

Je suis mère de famille : quatre enfants mariés, six petits-enfants. J’ai moi-même connu la maladie cancéreuse par deux fois. Je suis au SEM depuis dix-sept ans. Pour exprimer comment « croire en la vie est un défi pour aujourd’hui »j’ai choisi de vous partager cette tranche de vie.
Une de mes voisines me signale Mme X, une de ses amies, est à l’hôpital : elle est apparemment en phase terminale pense-t-elle. Nous nous connaissons un peu. Je pars à l’hôpital ( où sa présence a été signalée à l’équipe d’aumônerie). Je m’assieds près d’elle et lui tiens la main :

- « j’ai peur, j’ai peur de mourir ! » dit-elle.

 Temps de silence, nous nous regardons, je comprends, j’acquiesce.

- « est-ce pour vous ou pour les vôtres que vous avez peur ?

 – pour moi et pour mes enfants… Mon mari croyait à la résurrection.

 – et vous, croyez-vous que la vie ne s’arrête pas à la mort ?

–oui et non… je suis croyante mais Dieu ne nous fait pas beaucoup de cadeaux à l’étage (elle est en oncologie)…

- dans votre vie, vous avez vécu aussi bien de belles choses !

– Oh oui ! … je suis fatiguée…

 - voulez-vous que je dise un Je vous salue Marie avec vous ?

 – Oui. »

Très lentement… elle prie avec moi…. Maintenant et à l’heure de notre mort… dit avec une émotion partagée. –

 j’ajoute :« nous pouvons dire cette prière chaque jour , sans être à l’heure de la mort !

 Bien sûr ! elle me sourit.

 Nous nous embrassons.

– « A bientôt » je la quitte pour qu’elle se repose.
Je retourne voir Mme X à l’hôpital deux jours plus tard. Elle m’accueille avec un beau sourire et dit tout de suite et dit tout de suite : 

 -« je voudrais prier encore avec vous, mais je ne sais plus bien. »

Et c’est elle qui cette fois commence : « Notre Père qui es au cieux... » Elle semble goûter chaque mot de cette prière un peu oubliée.

 Je reste un peu de temps… Elle va rentrer chez elle, me dit-elle et sa sœur viendra vivre près d’elle. C’est chez elle que je l’ai revue la dernière fois, elle était calme tout en me disant

-  « vous savez, j’ai toujours peur de mourir.

Bien sûr je comprends, même Jésus a eu peur et s’est cru abandonné par son Père avant d’arriver à lui dire « je m’abandonne entre tes mains ».

Nous nous embrassons tendrement comme deux sœurs. A Dieu chère Mme X. Elle est décédée quelques jours plus tard. Ma voisine m’a dit qu’elle avait trouvé une certaine sérénité après avoir revu ses deux filles qui ‘oubliaient » souvent de lui rendre visite.

                                                                                                                      Béatrice