L’abbé s’en est allé ; la misère, elle, est restée

Edito N°03 - Eglise d'Arras

abbe pierre abbe pierre  L’hommage unanime rendu au grand homme et au prêtre que fut l’abbé Pierre rappelle le long combat qui fut le sien, mais aussi celui de ses nombreux amis et partenaires. Résistant pendant la guerre, député, puis empêcheur de tourner en rond des bonnes consciences, il était une voix que beaucoup ont entendue… L’espoir qu’il a suscité, la générosité qu’il a fait naître et les communautés qu’il a fait germer restent les témoignages d’une œuvre magnifique. Il a su provoquer la raison des pouvoirs politiques et économiques, autant que le cœur des gens, ce qui ne plaisait pas à tous. L’éloge unanime qui lui a été décerné sera-t-il suivi de plus d’ardeur dans la lutte contre les pauvretés et précarités ?

Après son départ pour ses « grandes vacances », il reste toujours à lutter contre les misères et leurs causes. La mauvaise fortune, le hasard ou la faiblesse de l’individu ne sont pas les seules explications. De l’organisation de la cité et des choix qui y sont fait dépendent le présent et l’avenir de millions d’hommes. Le « Qu’as-t- fait de ton frère » rappelé par les évêques de France invite chacun à livrer bataille, non contre les moulins à vents, mais contre les murs de l’indifférence et de l’inégalité.

La programmation de la revue diocésaine donne aujourd’hui la parole à celles et ceux qui luttent contre la maladie. Le centième anniversaire du scoutisme est l’occasion de rappeler les valeurs éducatives du mouvement. Les prochaines journées chrétiennes de la communication, sont aussi l’occasion de voir à quoi l’on s’intéresse, de quoi notre communication est porteuse, vers qui s’orientent nos regards. Pour Noël 84 l’évêque d’Arras avait écrit : y aura-t-il un exclus sans toit dans notre diocèse la nuit de Noël ? C’était il y a plus de vingt ans. Depuis on a parlé de nouvelles pauvretés, de nouveaux pauvres, de travailleurs précaires, de fractures sociales.
Il y a encore beaucoup à faire pour que la société devienne plus fraternelle, et il n’est jamais trop tard pour apporter sa contribution à l’ensemble.

Emile Hennart