Tendre la joue ?

7ème dimanche ordinaire

 1 Samuel 26, 2-23 ; 1 Corinthiens 15, 45-49 ; Luc 6, 27-38

 

En lisant les quelques lignes de l’évangile de ce dimanche, nous avons l’impression que Jésus (ou le rédacteur Luc) s’amuse au jeu des différences. De fait, si la religion nouvelle n’apporte aucune différence dans les conséquences pratiques de l’existence, à quoi cela sert-il de faire du neuf. Aimer son semblable, tout le monde –ou presque- le fait. Mais aimer l’autre différent, lui vouloir du bien, que du bien et du bonheur, cela semble moins évident. Aimer son ennemi, fraterniser avec lui… cela en a conduit plus d’un au peloton d’exécution.

 

Le Christ et l’Evangile poussent le paradoxe de la foi en Dieu Père, jusque dans sa mise en œuvre éthique. Beaucoup rejettent l’évangile à cause de ces quelques lignes, car ils jugent que ce discours ne peut décemment pas être mis en œuvre : idéaliste, utopique ! D’autres diront c’est rétrograde, c’est accepter les pires injustices plutôt que de les combattre (tendre la joue gauche).

 

La conclusion de ce paragraphe mérite d’être relevée, car elle donne une clé de lecture à cet ensemble : vous serez comme les fils du Dieu Très-haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants.

 

Etre reconnu comme fils du Père, parce qu’on vit du même esprit : être bon pour les ingrats et les méchants. Cela ne correspond pas aux pratiques habituelles. Là où l’on parle de justice, de punition, de vengeance, Jésus parle de bonté, d’amour, de bienveillance. Il ne s’agit pas de rester zen, face à l’homme méchant, mais de lui témoigner que le dernier mot n’est pas à la haine, à l’exclusion. On trouvera des psychologues, des écoles de pensée ou de sagesse pour reconnaitre une haute valeur quand on se fait violence contre le désir de violence…

 

L’évangéliste n’utilise pas cette anthropologie pour justifier le point de vue de Jésus. L’évangéliste met en œuvre une autre approche de l’autre, à partir de ce qu’il a compris du rapport de Dieu à nous : qu’avons-nous à revendiquer auprès de Dieu pour être aimé par lui ? Rien… Si nous nous reconnaissons aimés de Dieu, bienaimés, il nous reste à suivre Jésus, à entrer dans la dynamique du Père envers nous. Cela n’a pas empêché le Christ de s’emporter contre ceux qui font violence au pauvre. A chacun de continuer sur ce chemin… tout en restant fermes sur les exigences évangéliques.

 

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