Pourquoi se décarcasser

18ème dimanche ordinaire

Ecclésiaste 1,2 + 2,21-23 ; Colossiens 3,1-11 ; Luc 12, 13-21

 

Vanité des vanités, tout est vanité ! Ainsi commence le temps des lectures de ce jour. Faut-il donc que le prophète soit découragé, qu’il ait perdu tout sens à la vie, toute raison de vivre, qu’il en arrive à de telles paroles de désillusion.

C’est cette même désillusion que l’on retrouve chez nombre de chrétiens et de pasteurs, qui ont œuvré toute leur vie pour la mise en œuvre du Concile Vatican II, et qui au soir de leur vie se trouvent sinon contestés, du moins marginalisés par la remise en œuvre de ce qui était avant. A quoi çà sert de s’être décarcassé pour rendre la foi chrétienne plus audible, plus proche de ces gens à qui l’on avait enseigné pendant des siècles que Dieu était vengeur, courroucé et loin d’eux ? Après l’obscurantisme du XIX° siècle, époque du syllabus et de l’index, on avait cru les pratiques d’hier passées de mode. Les voici remises en selle, en pratique et en esprit, car on ne peut séparer l’un de l’autre. A quoi cela sert-il que deux générations de chrétiens se soient décarcassés, puisque ce qui a déjà été sous le soleil, à nouveau sera ! Rien de nouveau sous le soleil ! (v.9-10)

 

Sans doute quelques commentateurs invitent à lire ce livre en y percevant l’appel réitéré à mettre Dieu en premier lieu dans toute vie. Sans doute y-a-t-il là une piste d’interprétation possible ? L’auteur de l’ecclésiaste se dit désabusé de voir tant d’efforts réduits à néant sous le soleil, ce qui est le cas aujourd’hui encore. Pourtant il affirme que “les justes et les sages avec leurs œuvres sont dans la main de Dieu”, ou encore que “la sagesse du pauvre est méconnue et ses paroles, personne ne les écoute. Pourtant on écoute les paroles calmes des sages plus que les cris de celui qui commande aux insensés” (Ch 9). Cela suffit-il à mettre un peu de beame au coeur de ceux qui furent blessés par la décision personnelle de la hiérarchie ?

 

La parabole de l’évangile de ce jour vient fort à propos compléter la réflexion de l’Ecclésiaste. Que restera-t-il, au dernier jour, à l’homme qui entasse pour lui, sans avoir souci de l’amour de Dieu et du prochain ? Marie-Annick Rétif, à sa manière chantait : “il restera de toi ce que tu as donné…”. Le prédicateur de la neuvaine d’Amettes 2006 insistait sur « tout ce qui n’est pas donné est perdu ». Nous pouvons donc entendre aujourd’hui les paroles de la liturgie non comme une condamnation de toute activité ou comme un non-sens absolu de la vie, mais plutôt comme invitation à donner sens à ce que nous faisons… Nous sommes invités à mettre dans le quotidien mortel de nos vies ce qu’il y a d’éternité communiqué par Jésus-Christ, à savoir lesouci du pauvre, de l’étranger, du moins que rien. Le souci de soi-même, çà n’intéresse pas Jésus-Christ. Ce qu’il désire avant tout, c’est que tout homme se découvre aimé par Dieu. Voilà qui donne sens à la vie de Jésus, et à la nôtre, si nous le souhaitons.