Quel royaume, quel Roi ?

Le Christ roi de l'univers

 

 

2 Samuel, 5, 1-3 ; Colossiens 1, 12-30 ; Luc 23, 35-43

 

Voici donc le dernier dimanche de l’année liturgique : Chris Roi de l’univers. En choisissant de faire lire le récit du Christ en croix entouré de deux autres condamnés, l’Eglise invite à comprendre quelque chose de ce qu’on appelle « le mystère d’une vie ». La mise en scène du dernier jour de Jésus est bien l’œuvre des autorités civiles, militaires et religieuses de l’époque. Toutes se sont liguées contre lui, parce qu’il dérangeait.

 

Il dérangeait par ses fréquentations : proximité des petites gens, des malades, des exclus, des pécheurs. Il dérangeait par sa manière de se sortir des traquenards posés par les gens de Loi. On aura soudoyé de faux témoins, et même organisé une manifestation devant le palais de Pilate, pour réclamer la mort de Jésus. Il dérangeait aussi par son enseignement. Lorsqu’on relit le ch. 1 de cet évangile, où il est écrit : il abaisse les puissants, il élève les humbles, on comprend que ce Jésus dérange ! Hier comme aujourd’hui, Jésus, le Dieu des chrétiens se tient auprès des damnés de la terre. Il dérangeait parce qu'il parlait d'un Dieu de relation humaine, de pardon, et non d'un Dieu tout-puissant expert en vengeances et règlements de comptes.  Mais il savait manier le fouet, quand l'honneur de Dieu était bafoué dans son Temple.

 

Pour cette fin de vie, on a entouré Jésus de deux malfaiteurs : tous dans le même sac ! On a même fait écrire par dérision : Jésus, de Nazareth, le roi des Juifs. L’histoire nous apprend que Pilate était un raffiné en cruauté et non ce naïf qui se lave les mains après avoir perpétré un mauvais coup. Au moment où cet homme va être retiré du monde des vivants, Luc invite à entendre les dernières paroles, et de Jésus, et des malfaiteurs à ses côtés. La soldatesque se moque de ces suppliciés ; les chefs du peuple manient l’ironie à l’encontre de celui qui se disait « messie, consacré par Dieu » ; un des crucifiés avec lui l’injurie de la même manière. Un autre réagit devant cette injustice : « Lui n’a rien fait de mal ! ». On sait qu’au cours du procès rien ne fut répondu à la question « quel mal ai-je fait ? ». Devant l’impuissance des hommes et de Dieu même à faire venir la justice, la vérité, la paix n’y aurait-il donc que cette dernière parole « souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Royaume »

 

Une promesse affirmative répond à cette demande « aujourd’hui, avec moi, tu seras en Paradis ». Ce n’est pas la récompense pour ne Bonne Parole, c’est la certitude que Dieu se tient auprès de tout homme, aussi enfoncé soit-il dans la nuit. Le Dieu révélé dans la Bible des chrétiens est un Dieu qui entretient la relation avec tout hommes, avec une préférence pour les derniers de la terre. C’est ce royaume-là que l’on rejette, il ne correspond pas aux catégories de pensée habituelles : être beau, grand, fort, tout-puissant. Il s’agit d’un autre Royaume. Mais qui veut de ce royaume, de ce renversement des valeurs ? Relisons donc le cantique de Marie, « Magnificat ! » Luc, 1, 46-56. Relisons les béatitudes, Luc 6, 20-26, et mettons-nous en chemin à la suite de Jésus, pour que vienne ce royaume de justice et de paix, où le pauvre est riche été le roi a faim…