Tout ou rien

25 mai - Fête du Corps et du Sang du Christ

Deutéronome 8, 2-16 ; 1 Corinthiens 10, 16-17 ; Jean 6, 51-58
 

Autant l’évangile de dimanche dernier était lumineux, autant l'évangile d'aujourd’hui nous semble obscur. Manger le Corps, boire le sang du Christ est une expression « figurée », mais le Christ et son écrivain, l’apôtre Jean, n’auraient-ils pas forcé la dose ?

 

Cela nous étonne, et pourtant, nous connaissons l’expression populaire : « Il y a à boire et à manger ! », signifiant par là qu’il faut relativiser ce qui vient d’être dit et entendu. Ou encore:"je ne mange pas de ce pain-là!" Ces expressions peuvent être une clé pour comprendre de quoi Jean et Jésus veulent nous causer. Le langage de Jésus, son appel à changer de vie, son appel à le suivre jusqu’au bout, jusqu’à la croix… qui peut le prendre à la lettre ? Au temps de Jésus et plus encore quelques dizaines d’années après, certains relativisaient tellement l’existence et les paroles de Jésus qu’on en venait même à dire que Jésus avait fait semblant d’être homme, qu’il suffisait de connaître ses idées, que cela était plus important que tout le reste pour être élu de Dieu.

 

Or voici un langage bien concret, hyper-réaliste, que l’on retrouve aussi dans le langage d’aujourd’hui : « c’est à prendre ou à laisser ! » Le réalisme de l'évangile de Jean nous renvoie au concret de la vie chrétienne. Si vivre à la suite du Christ c’est simplement suivre notre pente naturelle, aimer son prochain quand il est gentil avec nous… çela ne change pas grand chose.

 

 Mais s’il est question d’aimer même ses ennemis, de reconnaitre en tout homme, même en l'étranger ou handicapé un frère, un Fils du Père, s’il faut savoir recevoir le pardon et accorder son pardon, où allons-nous? Si la gestion des richesses, c’est vouloir une réelle redistribution entre tous : alors comment faire quand se multiplient les coins de paradis fiscaux? On comprend le désir de certains de faire dans le symbolisme: c'est moins exigeant.

 

Dès la fin du premier siècle, certains avaient affirmé que le salut, c’était d’abord avec les idées qu’on l’obtenait… que le corps n'était rien. Or Jésus et l’Eglise viennent nous dire que le salut, cela passe aussi par des gestes concrets, par une gestion plus juste des bien de la terre au service des hommes et pour la gloire de Dieu, alors, ces paroles viennent déranger, nous déranger. L’Evangile, c’est à prendre ou à laisser! l’Evangile, ce n’est pas que du symbolique éthéré, mais selon l’expression de Paul, c'est comme un glaive qui vient pénétrer jusqu’à la jointure de nos existences.

 

Puissions-nous demander au Seigneur la grâce de le prendre tout entier et sans réserve, de communier à lui totalement et pas seulement du bout des lèvres.

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A l'occasion de cette fête du Corps et du Sang du Christ, le pape Benoit XVI a souligné « L'Eucharistie est école de charité et de solidarité. Qui se nourrit du Pain du Christ ne peut rester indifférent devant celui qui, aujourd'hui encore, est privé du pain quotidien.

 
L'Eglise non seulement prie : “donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour” mais, à l'exemple de son Seigneur, s'engage par tous les moyens à ‘multiplier les cinq pains et les deux poissons' à travers d'innombrables initiatives de promotion humaine et de partage, afin que chacun reçoive ce dont il a besoin pour vivre.
 
Le Créateur et Seigneur de toute chose s'est fait “grain de blé” pour être semé dans notre terre, dans les sillons de notre histoire ; il s'est fait pain pour être rompu, partagé, mangé ; il s'est fait notre nourriture pour nous donner la vie, sa vie divine. occasion pour accroître cette attention concrète envers nos frères, spécialement les pauvres