Heureux les invités au repas du Seigneur !

28ème dimanche ordinaire

 
 
Isaïe 25, 6-9 ; Philippiens 4, 12-20 ; Matthieu 22, 1-14
 
Etonnant Evangile où les invités ont tous de bonnes raisons pour refuser l’invitation au repas de noces ! Au point de maltraiter et tuer les serviteurs invitants ! Et lors de l’appel à tous, dans les rues et sur les places publiques, beaucoup ont répondu. Parmi eux cependant, il en sera refusé un qui ne répond pas aux critères, un qui n’a pas revêtu le vêtement de noces. Comme dans les récits précédents (le fils exécuté, celui qui dit oui.. , Matthieu nous présente un Jésus qui provoque les scribes et pharisiens. De fait Matthieu reprend le constat de l’Eglise primitive : les ainés dans la foi, le peuple de la Bible, n’ont pas reconnu en Jésus l’envoyé du Père… ils ont autre chose à faire que de répondre à son appel. Une autre catégorie de gens ont répondu à l’appel, à commencer par les publicains et les pécheurs, dont Marc précise qu’ils étaient fort nombreux à manger à la table de Jésus, ce qui horripilait les responsables du judaïsme.
 
Quand nous lisons Matthieu il faut avoir en mémoire l’annonce de l’Evangile en deux temps. Les premiers invités sont le peuple juif, héritier de Moïse et des prophètes. Les pharisiens au temps de Jésus revendiquaient cet héritage ; les premiers chrétiens d’origine juive le revendiqueront aussi, au point de mettre une certaine distance entre eux et les chrétiens venus du paganisme, ces seconds venus. Un jour Paul, irrité des revendications des pharisiens fera un choix définitif : "puisque vous rejetez… nous irons aux païens, eux ils entendront !" La rédaction de Matthieu témoigne de ces temps de confrontation, entre Jésus et les responsables du peuple d’une part, entre les premiers chrétiens issus du paganisme et les descendants du judaïsme d'autre part.
 
Heureux les invités au repas du Seigneur ! Tous en effet sont invités, mais celui qui refuse la joie (le vêtement) de la fête, ne peut décemment participer aux agapes du Seigneur. Il ne suffit pas de répondre "présent", encore faut-il désirer participer à l’œuvre de Dieu (relire les ouvriers de la vigne etc.)
 
Le contexte d’écriture du récit de Matthieu permet d’en saisir la signification. Cela interroge aujourd’hui l’Eglise et chacune de nos communautés. Elles sont appelées à porter l’invitation du Seigneur et elles constatent que des nouveaux venus entendent mieux l’appel que les dépositaires de longue date. Jésus dérange parce qu’il va chercher ceux qui ne sont pas dans le bercail… Ne disons pas "j’y suis, je suis arrivé dans la maison", mais allons par les rues et les courées inviter à entrer dans la maison.