FAQ 2 - Foire aux questions

Lire l’évangile de Marc… quand je lis, je me pose des questions !

 

La multiplication des maisons d’Evangile comme des petits pains réjouit le cœur. La proposition se diffuse de bouche à oreille dans le diocèse et ailleurs. Les échos des découvertes et des questions des uns et des autres parviennent, nombreuses, au diocèse… Cela explique partiellement le retard à donner suite à la FAQ.
 
Ne pas oublier que les fiches de lecture 1 à 6, à lire après la lecture et les questions proposées, sont un outil pour mieux comprendre comment Marc parle de Jésus.
 
 Section 1
 

Pourquoi Jésus va-t-il au désert?

 
Jean-Baptiste d’abord, puis Jésus sont signalés « au désert ». Marc nous invite à aller voir chez les prophètes : Isaïe d’abord qui annonçait une voix qui crie dans le désert. Il faut aussi évoquer que Moïse, le peuple en Exode, Elie passent un temps au désert. Il y font l’expérience de la rencontre de Dieu mais aussi reçoivent une mission : à Moïse : « j’ai vu la misère de mon peuple, va, je t’envoie. Les heureux à l’Horeb conclut l’Alliance entre Yahvé et eux, et ils devienne le peuple de Dieu au milieu des nations. Elie traverse le désert à la rencontre de Yahvé. Après l’avoir reconnu il reçoit mission et retourne sur ses pas…
 
Desert de juda Desert de juda  
 
 

Jean-Baptiste d’où vient-il ? Qui l’a instruit ?

 

Marc n’en dit rien. Pour lui, ce n’est pas essentiel ! D’autres évangiles et la Tradition laissent entendre que Jean serait allé un temps chez les esséniens. De cette expérience il aurait gardé le désir de pureté, de rencontre de Dieu, désir manifesté par le signe de l’eau (ablution et bains rituels). Mais il ne serait pas resté à l’écart de la civilisation, à Qumran, sa vocation était de parler aux gens de son temps. Il le fait un peu comme un ermite que l’on vient rencontrer… On parle de lui on vient à lui.. Sa première éducation, il l’a reçu comme tout juifs, comme Jésus, à l’intérieur de la synagogue, lieu où l’on apprenait à lire à partir du texte hébreu de l’Ecriture. Chaque sabbat était lu et commenté un passage d’Ecriture.
 
Le désert n’est pas l’aridité et ni l’étendue de sable que nous imaginons. Au sud et à l’ouest du pays s’étendent des zones calcaires, arides striées par des oueds au fond desquels serpente un filet d’eau… Beaucoup de pèlerins font cette expérience le premier jour, à Avdat.
Comme les prophètes, au moment de commencer sa mission, Jésus prend un temps de recul, dans un espace isolé, à la rencontre de Dieu. Aujourd’hui encore, avant de prendre une décision importante, les futurs diacres ou prêtres, mais aussi des futurs baptisés prennent quelques jours « à l’écart » avant de recevoir leur engagement.
Lire Isaïe 40 ; ou Exode 3, ou 1 Rois 19, 8-18. Précisons que c’est une manière de signifier que Jésus est bien dans la ligne des prophètes précédents.
 

Les Apôtres étaient-ils mariés ?

 
Comme l’écrit l’évangéliste Marc, 1,29, Pierre avait une belle-mère. Tout laisse à penser qu’il était marié et donc que Jésus a appelé quelqu’un qui était marié. Pour les autres rien n’est dit.
Au temps de Jésus on ne connait que la communauté essénienne comme groupe religieux, qui refuse le mariage pour ses membres. Ce n’était pas le cas pour Jésus. En lisant le ch 15, on apprend que des femmes suivaient et servaient Jésus depuis la Galilée. Le verbe suivre est celui employé pour les disciples en plusieurs occasions. Le fait que le rabbi Jésus ait, parmi ses disciples, des femmes mérite d’être relevé… d’ailleurs cela n’était pas bien vu par les scribes et pharisiens .
 
Faut-il rappeler que la règle du célibat ecclésiastique n’a été imposée en Occident qu’au X ou XIème siècle. Le concile de Nicée, en 325, a rejeté une motion qui voulait imposer le célibat à tout le clergé. En Orient, aujourd’hui encore, le mariage n’est pas incompatible avec le ministère ordonné.
 

Que vient faire l’époux, qui est-ce ?

 
Revenons au contexte de cette fin de récit, Marc 2,19 : il est reproché à Jésus de manger avec des publicains et des pécheurs… à la différence de Jean-Baptiste qui, lui, avait l’allure d’un véritable ascète…  … Il nous faut penser à Marc autant qu’à Jésus et à leur connaissance de l’Ancien Testament, Or, à partir d’Isaïe, Dieu est présenté comme l’époux, et Israël l’épouse. Ainsi, les lecteurs de Marc, comme les interlocuteurs de Jésus devaient comprendre une allusion Jésus l’époux du peuple de Dieu. C’est une manière de dire : tant que Jésus est là, Dieu est présent avec vous… réjouissez-vous au lieu de vous plaindre. Le prophète >Osée parle aussi d’épousailles (plus ou moins malheureuses) entre Dieu et son peuple. Comme nous ne sommes pas trop familiers de ‘l’écriture, nous ne pensons pas immédiatement à ces références, qui pour les juifs étaient ancrées dans leur foi.
Lire : Isaïe 54,5. Osée 1-3
 

Est-ce normal de tout quitter tout de suite pour quelqu’un qu’on ne connait pas ?

 

La question est judicieuse. D’une manière générale, chez Marc c’est toujours “tout, tout de suite”. Pensez à l’appel de Lévi ! Un mot revient fréquemment : « aussitôt ». C’est un choix d’écriture, comme s’il était urgent d’avancer, d’aller jusqu’au bout de l’Evangile avec Jésus, et vite. La comparaison avec la manière dont Jean raconte l’appel des premiers disciples mérite d’être faite (Jean 1, 29-51)
 
Jean insiste davantage sur la chaine d’appels, dans la durée, dans les relations et les appels des gens entre eux, avant de suivre Jésus. Qui a raison, Marc ou Jean ? Personne et les deux, car tous deux expriment une partie du sens de l’appel…  Marc, met en valeur l’aspect décisif et total de suivre Jésus. Jean préfère valoriser le temps de la connaissance, des relations (Où habites-tu ?... )
 
Lors d’un baptême d’adulte, ou lors d’une ordination, le prêtre ou l’évêque demande « veux-tu… ? » Et la personne répond oui en faisant un pas en avant. Si on ne raconte que ce moment, on trouvera que c’est plutôt expéditif…. Mais nous, nous savons qu’il y a eu un temps de murissement avant de faire le pas. Il en est de même pour les mariés, devant le maire ou le prêtre. A la question, ils répondent oui…. Et nos caméras n’enregistrent que ce moment-là… pourtant il y a longtemps qu’ils ont fait un bout de chemin, mais ce n’est pas enregistré dans la pellicule, seulement l’instant décisif.
 
Il faut souvent se demander ‘Pourquoi Marc, ou Matthieu, ou Jean ont-ils raconté de cette manière, rassemblé les pièces détachées de cette manière. Pensons aux catéchèses faites aux premiers chrétiens, semaine après semaine. Les spécialistes pensent qu’il y a eu des écrits intermédiaires, comme des résumés, des antisèches, pour aider les responsables de communautés dans la transmission.
 
Les 4 évangiles ne racontent pas exactement la même chose, mais chacun à sa manière, selon son tempérament et les personnes pour qui ils écrivaient ne sont pas les mêmes. Cependant ils ne se contredisent pas sur l’essentiel. C’est une garantie et non un obstacle. Autre garantie : si ce qu’ils avaient écrit ne « sonnaient pas juste », leurs écrits auraient été rejetés par les autres personnes qui avaient connu Jésus, et par leurs lecteurs. Or ce n’est pas le cas, bien au contraire.
Lire Jean 1, 29-51
 
Bord du Lac de Capharnaüm Bord du Lac de Capharnaüm   
 

Chasser les démons


L’évangile fait tellement allusion aux démons qu’il vaut la peine de prendre le temps de s’en dire plus. Pour bien des civilisations anciennes comme modernes, le mal que l’on ne peut s’expliquer doit bien avoir une source, une origine, et en dernier recours, faute d’autre explication ce mal est attribué au démon, à l’ennemi de Dieu et de la vie… au moins, on sait d’où ça vient !


En Marc, chasser les démons est le premier geste de Jésus pour signifier la venue du Règne de Dieu. Marc privilégie cette expression par rapport à « soigner» et « guérir ». Pourquoi?
Cette image de possession par un esprit impur ou un démon exprime une aliénation de la liberté qui entrave l'autonomie, la dignité, la capacité d'être soi-même et d'entrer en relations. En chassant les démons, le Christ rend l'homme à lui-même; il le remet debout, le restaure dans sa responsabilité, le réintègre dans son réseau social. Bref, il suscite chacun dans sa vérité. Ce « salut» touche aussi la faculté d'être en relation vraie avec Dieu dans l'authenticité de la conscience.


L'expression chasser les démons ne peut donc être réduite aux simples exorcismes: elle signifie une manière d'exister et de vivre en relation qui se propage par contagion et libère du mensonge, de la confusion, d'une culpabilité mal située... Bref, c'est une manière d'être qui rend libre et engendre chacun à sa propre conscience.
Aujourd'hui, le Christ ressuscité continue de chasser les démons par la puissance de l'Esprit. Il est présent dans les rencontres lorsque celles-ci font la vérité, favorisent la croissance et la dignité de l'autre. Il agit ainsi dans toute initiative et décision qui instaurent plus de justice, de paix, de partage. .. Il suscite les actions menées contre l'ordre économique mondial injuste et les systèmes politiques et culturels qui maintiennent les hommes et les femmes dans la servitude.

 

 

La maison

 

 

Le narrateur utilise deux mots pour désigner la maison (oikia et oikos), mais il ne semble pas faire de différence entre eux. La première maison qu'il cite dans son récit est celle de Simon et d'André dans un contexte où celle-ci s'oppose à la synagogue (1,29). Le narrateur fera encore allusion à cette maison par trois fois (2,1 ; 3,20 ; 9,33), mais il ne la nommera plus la maison de Simon et d'André.
Dès le chapitre suivant en effet, il donne à la maison un sens plus large: les foules s'y réunissent pour écouter Jésus parler la Parole (2,1-2; 3,20), expression qui caractérise la prédication de l'Évangile dans les premières communautés chrétiennes. La maison du récit devient ainsi la figure des maisons dans lesquelles se réunissaient les communautés de l'Église primitive (Ac 2,46; 20,7-12 ; lCo 16,19 ; Rm 16,5). Le possédé en pays de Gérasa (5,19), est invité à retourner dans sa maison pour y proclamer les bienfaits de Dieu à son égard. C'est aussi dans les maisons que les Douze sont envoyés deux par deux (6,10).
Quand les chrétiens entendaient la maison dans le récit, ils pensaient aussi à celle dans laquelle ils étaient rassemblés. Le narrateur en est bien conscient.
Aujourd'hui, cette coutume de se réunir à la maison pour écouter la Parole ne serait-elle pas source de renouveau?

 

Vieilles outres ?

« Personne ne met de vin nouveau dans de vieilles... outres neuves », chapitre 2, 21-22. Quel rapport avec le paragraphe précédent 18-20 ? Quel enseignement en tirer ?
Tout se tient entre 18 et 22. Des maisons d’Evangile ont remarqué que la polémique est déjà bien engagée entre Jésus et ses opposants. Jésus dérange ; son message trouble des pharisiens au point que sous peu (3,6) ils vont le rejeter Jésus. Au risque d’insulter les vieilles barbes religieuses, Jésus leur dit : vous êtes de vieilles outres, vous n’êtes pas capable d’entendre le message nouveau concernant l’amour de Dieu pour tous, à commencer par les exclus !
On peut se demander s’il n’y a pas aujourd’hui encore de vieilles outres qui ont du mal à entendre la nouveauté de Jésus et de l’Eglise conciliaire.
Maladies, esprits mauvais et démons.
Sur la question des démons, il est utile de se rappeler que pour des époques d’avant la modernité, pour l’antiquité, tout ne pouvait être que l’œuvre de Dieu, d’un de ses envoyés, ou d’un esprit mauvais. Cela peut ressemble à l’animisme de certaines tribus d’Afrique. Il faut une cause à tout… si on n’en trouve pas, on l’attribue à une divinité ou à un démon. D’où le rapport fréquent entre maladies et démons. Dans le monde romain, il y avait le dieu de la guerre, de la paix, de l’amour, les muses pour les arts, etc. Dans son développement, la foi juive a développé la certitude de foi que ‘tout vient de Dieu’, et qu’il ne pouvait être question qu’il y ait plusieurs dieux, ni même qu’il puisse y avoir à égalité un dieu du bien et un dieu du mal… (tous les chrétiens en sont-ils bien convaincus ?). Dans le livre d’Isaïe Ch. 44,24 à 45,7, l’affirmation est manifeste dans le raisonnement du paragraphe : « C’est moi le Seigneur qui fais tout ; … c’est moi qui suis le seigneur, il n’y en a pas d’autres… Je fais le bonheur et crée le malheur ». Cependant dans la vie courante on dira que le mal qu’on ne s’explique pas, çà vient du démon…
 

Pourquoi la souffrance ?

 
La question revient de nombreuses fois. Je renverrai volontiers aux livres de Jean-Luc Blaquart et à ses conférences. (Compte rendu d’une conférence) La réflexion de J-L Blaquart évoque d’une part les essais de réponse des hommes, de génération en génération, puis à propos du Christ il insiste pour dire que le Christ n’apporte pas de réponse à la question du mal, mais que, dans sa réflexion actuelle, et suite aux essais des philosophes et croyants juifs et chrétiens après la shoah, la question n’est plus « d’où vient le mal ? », mais « devant le mal, qu’est-ce que je fais ? ». Nous retrouvons là l’attitude du Christ qui, devant le mal dont souffre l’homme, le délivre. L’évangile de Jean ch9 : au sujet de l’aveugle : qui a péché (commis le mal)? Et la réponse : ni lui, ni ses parents, mais c’est l’occasion de manifester l’amour de Dieu à son égard. Le mal aujourd’hui est dans la difficulté de choisir le bien, dans les limites que notre enracinement dans la nature impose, mais aussi dans les structures de péché que les hommes ses sont créés (Jean-Paul II). L’expression “structure injuste” est reprise par Benoit XVI dans son exhortation sur le sacrement de la charité Sacramentum Caritatis §89 : « De cette conscience naît la volonté de transformer aussi les structures injustes pour restaurer le respect de la dignité de l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu ». On peut disserter longtemps sur les origines du mal. Le Christ et l’Eglise nous invite plutôt à mettre en œuvre tout ce qui est en notre pouvoir, personnel et collectif, pour éradiquer le mal, et il y a du boulot !
 

Pourquoi le silence imposé par Jésus ?

 

Ce silence imposé surprend. C’est surtout Marc qui insiste sur le secret, interdiction de révéler qui est Jésus avant qu’il ne ressuscite d’entre les morts (lire Marc, 9, 1-10). Je résume ma pensée de la manière suivante : tant que tout va bien, que Jésus guérit des gens, donne à manger, annonce le pardon de Dieu, tout va bien, et on a envie de dire “heureux l’envoyé de Dieu…”. Mais lorsqu’arrive le temps de la catastrophe, où Jésus est arrêté et condamné, mis en croix… direz-vous encore “c’est lui l’envoyé de Dieu ?” Ce jour-là, il n’y aura personne pour le dire, sauf… (lire le texte fin du ch.15). Voilà pourquoi il y a cette consigne de silence.
Pour nous c’est la même chose. Quand tout va bien c’est facile de prier et rendre grâce, mais quand tout va mal, nous sommes les premiers à dire : “mais qu’est-ce que fait le bon Dieu, il nous a abandonné ?” Le livre de la Bible qui porte davantage ces questions est le livre de Job : restera-t-il fidèle jusqu’au bout, même dans l’adversité ? Dans la fiche n°6, non sans humour, on remarquera l’invitation à parler ouvertement… et seul le silence répond !
En lisant "l'entrée à Jérusalem", au ch 11, Jésus ne fait pas taire ceux qui 'acclament comme envoyé de Dieu, Fils de David; c'est que le moment de la révélation est venu. Il entre à Jérusalem,  jusque dans le Temple pour un dernier un face à face avec les autorités. Il sera condamné; c'est alors qu'un païen, centurion  romain de son état,  s'exclama: "Vraiment cet homme était fils de Dieu". 
 

Ecrire en images: les images et les idées.  

 
Nous sommes tellement habitués à penser en concepts intellectuels, "avec des idées", que nous n’imaginons pas possible d’autres modes de penser. Pourtant nous connaissons la force d’une image ou d'une histoire imaginée, quand elle s’ancre dan nos têtes; nous acceptons aussi des discours où l’on fait parler des animaux…nous savons décoder les messages et les affirmations contenues dans ces expressions : on parle alors de "langages". Nous lisons les récits d’évangile comme un récit de journaliste en langue moderne, comme une page de journal perso écrirait au jour le jour. Or nous sommes dans un monde qui parle avec des images: le semeur, la graine qui pousse, le vigneron... C'est à nous de trouver à quoi renvoie cette image de faire effort pour comprendre! C'était plus naturel pour les contemporains de Jésus 
 
Section 2
  

Jésus n’est pas gentil !

Plusieurs fois des lecteurs trouvent que Jésus n’est pas gentil : il refuse de parler à ceux du dehors ; il refuse de pardonner le péché contre l’esprit, il se met en colère, il est énigmatique quand il parle de mesure…
 
Pour comprendre, il faut meettre en oeuvre une lecture d'ensemble, pas seulement une oou deux phrases. Bien souvent il suffit de relire au-delà des trois lignes qui nous chagrinent ; cela aide. Par exemple, quand Jésus ne parle pas à ceux du dehors : mais qui se refuse à écouter Jésus, veut rester dehors, et même veut faire sortir Jésus de la maison où il enseigne à ses disciples ? Sa famille et sa parenté ! Ce n’est pas Jésus qui refuse.
 
Le blasphème contre l’esprit.. Qui vient de dire que Jésus a le diable dans le ventre, et que sa vie, c’est le diable en personne : comment peut-on parler de pardon à quelqu’un qui continuerait à dire que Jésus c’est l’esprit du mal personnifié… Pécher contre l’esprit est tout autre chose que commettre les pires méchancetés, c’est refuser que Jésus parle avec l’Esprit de Dieu. Dans ce cas, il n’y a rien à faire. Le blasphème contre l'esprit, c'est ce que font les gens de Jérusalem et les scribes, ainsi que la perenté: ils viennent dire de Jésus qu'il a persu la raison, pire encore, ilsdisent que c'est l'esprit de Belzéboul qui habite en lui pour guérir et faire le bien... Contre cet aveuglement aussi volontaire, rien n'est possible.
 
Beauoup se compliquent la vie sur la compréhension du paragraphe sur la mesure. Compliqué dit-on "vous serez avec la mesure dont vous aurez mesuré !" N’auriez vous pas déjà oublié le début du chapitre 4, où Jésus nous parle de son Père comme d’un semeur qui sème sans mesurer les mesures de semence, il en jette même là où nous, nous aurions dit que ce n’est pas la peine, qu’il ne poussera rien ! Or Jésus affirme que la Parole est semée largement, sans mesure, tandis que dans l’annonce de l’Evangile par la suite, certains mesurent chichement leur effort, se taisent et s’enferment chez eux. Mais celui qui sort pour semer la Parole, qu’il sache que cela portera du fruit ! Quant à ceux qui auront mesuré avec parcimonie leurs efforts, Dieu saura utiliser cette même mesure restrictive avant de les accueillir auprès de Lui.
 
Sur les petits chiens et les miettes sous la table, on y revient dans une autre page.
 

 Retour sur la semence et la mesure, chapitre 4.

Notre éducation nous a habitués à lire d’abord la seconde partie de la parabole, et à nous demander quel genre de terrain nous étions… Et nos éducateurs ont oublié d’attirer l’attention sur la première partie qui invite à regarder Dieu qui sème, et qui sème en abondance, dans la démesure dirions-nous puisqu’il fait tomber du grain même dans les endroits les moins fertiles ! Au chapitre précédent, Marc a présenté des catégories qui refusent d’entendre Jésus, qui sont comme des terrains desséchés, la parenté, les scribes, les frères et soeurs : Dieu n’aurait-il pas semé en eux la Parole ? Non répond Jésus : tous reçoivent mais certains veulent rester dehors. Alors selon la mesure dont nous avons usé nous serons appréciés !
 

Pourquoi tant de citations et références à l’Ancien Testament ?

 
Jérusalme, mur ouest dit mur des lamentations Les rouleaux de la Tora  
Jérusalme, mur ouest dit mur des lamentations
Jérusalme, mur ouest dit mur des lamentations
 
Marc et ses lecteurs d’origine juive connaissaient bien les textes de l’Ancien Testament, la Loi et les prophètes. Nous connaissons moins bien la Bible, nous ne sommes pas familiers des Ecritures, nous ne pensons pas naturellement aux liens voulus par les évangélistes entre leurs textes et textes les textes de l’Ancien Testament. En cherchant un peu, en lisant les notes de nos Bibles, nous découvrons ces références : à Moïse, Elie ou Isaïe, aux psaumes. Des prophètes sont allés au désert à la rencontre de Dieu ; le serviteur n’avait pas figure humaine, des cris de détresse et d’espérance jaillissent dans les psaumes, etc.,
 
Pour comprendre cette manière d’écrire en référence aux Ecritures, il faut se souvenir d’abord que Jésus a été condamné pour ne pas « correspondre à ce quoi est dit dans l’Ecriture ». “il a blasphémé” sera-t-il dit lors de son procès. Dès lors ses disciples, après la mort-résurrection, chercheront des citations de leurs Ecritures pour montrer que Jésus correspond à ce qui est déjà écrit dans la Bible. Ils puiseront en particulier dans les prophètes et les psaumes. Ces citations d’Ecriture dans l’Evangile sont les traces des violents débats entre groupes juifs devenus chrétiens et groupe de juifs qui opposent les traditions et la lettre contre ce Jésus, réformateur de la religion qu’ils trouvaient non conforme.
Il faudrait ici reprendre quelques-unes des citations. Constatons que, dès la deuxième ligne de son Evangile, Marc fait le lien entre Jean Baptiste, Jésus et l’annonce faite par le prophète Isaïe, une manière de dire: ce que j'écris c'est dans la continuité des prophètes qui ont précédé Jésus. 
 

 

Soigner - Guérir 
  

Le verbe « guérir» n'apparaît qu'une fois dans cet évangile à propos de la femme atteinte d'un flux de sang (5,34). Ailleurs, quand il est question de « guérir », un autre verbe est utilisé qui signifie dans son sens premier« soigner» thérapeuo. De là, vient le mot thérapie et ses dérivés.


L'activité de Jésus qui soigne et guérit peut surprendre le lecteur d'aujourd'hui. Pourquoi le Christ ressuscité ne le fait-il plus de la même manière? Sur ce point, les réserves du narrateur paraissent importantes: on apportait à Jésus tous les malades, dit-il, et il soigna de nombreux malades (1,32-34). Jésus n'a donc pas soigné tout le monde et n'a pas guéri toute maladie physique. Tout se passe comme si le narrateur voulait éviter que le lecteur ne projette sur Jésus ses propres attentes démesurées de guérison. Il oriente plutôt l'attention sur la sollicitude du Christ envers ceux et celles qui viennent vers lui, souffrant de maux divers. Il révèle ainsi un Dieu qui est « le soignant de l'homme souffrant ». Certes, ceci n'exclut pas que Jésus ait guéri des malades, mais ce ne serait pas conforme au récit de voir en lui surtout un guérisseur au pouvoir exceptionnel.


En effet, il convient de le remarquer: le narrateur opère un certain choix dans les guérisons qu'il rapporte: celles-ci touchent des personnes atteintes dans leurs sens ou dans leurs membres: des aveugles, des sourds, des bègues, des lépreux, des paralytiques, un homme à la main malade... Par là, il exprime le renouvellement de toute la personne dans ses relations: la capacité de voir, d'entendre, de toucher, de marcher, d'aller dans la vie, dynamique, entreprenant, reconnu et ayant sa place dans la société.


De plus, certaines de ces guérisons renvoient aux annonces et aux gestes prophétiques concernant le temps eschatologique. Voici par exemple comment Isaïe parle de ce temps:
Alors les yeux des aveugles verront et les oreilles des sourds s'ouvriront,
Alors, le boiteux bondira comme un cerf
et la bouche du muet criera de joie
(Is 35,5-6).
Mais déjà, le prophète ne visait pas uniquement la guérison physique, il chargeait ces images d'une portée éthique qui engageait la personne tout entière:
Alors, le roi règnera selon la justice...
Les yeux de ceux qui voient ne seront plus fermés,
Les oreilles de ceux qui entendent seront attentives.
Les gens pressés réfléchiront pour comprendre

 

Salé au feu

 

Salé au feu: seul Marc emploie cette image…

L’image du feu qui purifie est déjà employée par les prophètes, pour parler de purification, comme on purifiait du minerai d’or ou d’argent par des passages successifs au feu.

 

On peut aussi penser à l’image d’Isaïe, lors de sa vocation, dont la bouche est purifiée par le feu (braise) avant qu’il ne commence à parler la Parole du Seigneur, Isaïe 6, 1-9. Ce n’est pas l’image « vous êtes le sel de la terre », mais tout autre chose. Dans certaines bibles (TOB), les notes évoquent une technique palestinienne de purification de certains minerais, que l’on passe plusieurs fois au feu. Du sel était utilisé comme catalyseur pour fixer certaines molécules d’impureté ; le sel devenait peu un peu impropre à ré-utilisation. Zacharie écrit, 13,9, à propos du tiers de la population qui est gardé pour devenir le peuple : « Je ferai entrer ce tiers dans le feu ; je les épurerai comme on épure l'argent, je les éprouverai comme on éprouve l'or ». (Note : l’image est à distinguer du sel de cuisine qui donne goût aux aliments, cf. Matthieu 5,13).


Peut-être faut-il aussi faire référence aux prescriptions sur les offrandes, dans le Lévitique (2,13) : « Aucune des oblations que vous offrirez à Yahve ne sera préparée avec un ferment, car vous ne ferez jamais fumer ni levain ni miel à titre de mets consumé pour Yahve. Vous en offrirez à Yahve comme offrande de prémices, mais à l'autel ils ne monteront point en parfum d'apaisement. [13] Tu saleras toute oblation que tu offriras et tu ne manqueras pas de mettre sur ton oblation le sel de l'alliance de ton Dieu ; à toute offrande tu joindras une offrande de sel à ton Dieu… ».  Ce serait alors une invitation à se présenter ainsi devant Dieu.
Cette petite parabole sur le sel et le feu est une invitation à comprendre (accepter) la nécessité d’être purifié en vue du Royaume.

 

Le sacrilège dévastateur: voir la page Marc 13 et Apocalypse