Redressez-vous, relevez la tête

Premier dimanche de l'Avent

Jérémie 33, 14-16 ; 1 Thessaloniciens 3,12 à 4,2 ; Luc 21, 25-36


Au cours de l’année liturgique 2009-2010, nous aurons l’occasion de lire de nombreux extraits de l’évangile selon Luc. Pour ce premier dimanche de l’Avent, qui oriente notre méditation vers Noël, nous ne sommes pas invités à préparer la commémoration d’un évènement passé, mais à nous tourner vers l’avenir, vers celui qui vient et qui nous entraîne vers son Père. Le texte de Luc choisi pour ce dimanche se trouve vers la fin de l’Evangile, ch 21. Notre esprit est s’abord sollicité par les images apocalyptiques, telles qu’on savait les décrire au dernier siècle avant Jésus et au premier siècle de notre ère.

 

Si nous nous arrêtons à ces visions de catastrophe, nous risquons de passer à côté de l’essentiel, contenu dans cet extrait : « Redressez-vous, relevez la tête car votre rédemption approche ! » Ainsi donc, ce que nous qualifions de catastrophe, d’apocalypse et de désespérance est, en fait, le prélude au salut, la réconciliation avec Dieu.

 

Compte tenu de l’année écoulée, du point de vue économique, nous pourrions remplacer les annonces de signes dans le ciel, la lune et les étoiles, par les catastrophes que furent les licenciements en nombre, les faillites d’entreprises et de banques, l’augmentation des précarités, des famines et l’écart accru entre riches et pauvres (pays et individus), la multiplication des suicides pour cause de stress ou absence d’avenir. Les statistiques nous fournissent des moyennes, autour de 0% cette année, que ce soit pour la croissance générale, que ce soit pour les revenus…. Mais les moyennes cachent bien des disparités.

 

Ainsi, point besoin de chercher, comme Luc, les catastrophes et les signes dans les astres : les données économiques suffisent à nous faire peur, elles fournissent des signes que çà ne tourne pas rond, et qu’il y a sûrement quelque chose à faire. Pendant longtemps on a fait croire à la planète qu’une main invisible guidait les économies modernes, désormais, beaucoup ont la certitude que ce n’est pas le hasard mais la recherche intempestive du profit de quelques-uns au détriment du bien commun qui sont source de ces catastrophes. Un autre monde est possible disent quelques-uns et parmi eux de nombreux chrétiens. Non pas dans l’au-delà, mais dans le présent.

 

Benoit XVI, il y a quelques mois, provoquait à se ressaisir et à ressaisir l’avenir du monde : “rechercher le développement humain intégral sur le plan naturel, en réponse à un appel du Dieu créateur... Cette vocation implique que la charité y occupe une place centrale”. On croirait entendre saint Paul aux Thessaloniciens ! Benoit XVI continuait en rappelant que le sous-développement a une cause encore plus profonde que le déficit de réflexion: c’est « le manque de fraternité entre les hommes et entre les peuples. (encyclique "La charité dans la Vérité"). En précisant que la seule solidarité ne suffit pas s’il n’y a en même temps un vouloir politique et économique qui œuvre pour plus de justice : “que nous nous mobilisions concrètement avec le “coeur”, pour faire évoluer les processus économiques et sociaux actuels vers des formes pleinement humaines”

 

Le pape concluait ainsi : « Que votre amour soit sans hypocrisie. Fuyez le mal avec horreur, attachez-vous au bien. Soyez unis les uns les autres par l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres »

 

Ainsi donc, en ce premier dimanche de l’avent, nous sommes appelés à redresser la tête, à croire que la justice germera, à espérer la venue du Royaume, fait de justice et de paix… mais cela n’adviendra pas sans nous. Déjà la hache est à la racine de l’arbre. Tout arbre qui ne produit pas de on fruit va être coupé et jeté au feu ! (Luc 3,9). Si nous croyons que la Parole de Dieu s’est incarnée et nous provoque à devenir frères, alors mettons en œuvre tout ce qui est possible poour que tout homme puisse redresser la tête. E.H.