Au seuil de l’année liturgique

Edito Eglise d'Arras N°19 2009

 

Dimanche dernier, nous avons parcouru une dernière fois l’Evangile de Marc proposé par la liturgie au cours de l’année B. La dernière parole du discours de Jésus, non retranscrites dans l’extrait proposé dans le missel, était : « veillez ». Ce dernier appel à veiller fait suite à l’énoncé des menaces qui rôdent. Il correspond aussi aux dernières mises en garde de Jésus en Matthieu 25 et 26. “Veillez, restez éveillés !” Si nous nous souvenons des premières paroles de Jésus selon Marc : “Le Royaume de Dieu s’est approché de vous !” nous comprenons qu’il faut veiller à ce que cette annonce soit entendue et reçue. Lorsque nous commencerons le cycle de lecture de l’année C, avec Luc, cette même expression revient : « Veillez donc et priez en tout temps, afin d'avoir la force d'échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l'homme."

 

L’imitation de Jésus-Christ, que chaque chrétien est appelé à mettre en œuvre, suppose que l’on relise tout l’Evangile pour y discerner les œuvres et paroles de Jésus afin de les mettre en pratique. Ainsi les maisons d’Evangile ont-elles pu constater chez Marc et, bientôt chez Luc, que la Bonne Nouvelle qu’apporte Jésus, commence par une présence de proximité et un accueil préférentiel pour ceux que la nation élue semblait mettre au ban de la société des gens biens : les malades, les lépreux, les paralysés, les pécheurs et les publicains, les femmes, etc. Cette proximité avec les derniers et les exclus de la société est à mettre en œuvre aujourd’hui encore si nous souhaitons avoir part au Royaume avec les bénis du Père. (Mtt 25)

 

Bientôt commenceront les préparatifs pour célébrer dignement le mystère de l’incarnation : “le Verbe s’est fait chair” Il n’a pas dédaigné prendre corps et naître d’une femme”, précise Saint Paul : afin d’accomplir le dessein du Père, afin de proposer à chacun l’Alliance nouvelle et pour que grandisse son Corps en tout homme qui accueille le salut, la réconciliation avec le Père et entre tous. Il y a toujours beaucoup à faire, et plus encore en ces temps difficiles où chacun tente de s’évader du quotidien, que ce soit par l’individualisme, que ce soit par une liturgie verticale, que ce soit en fermant les yeux sur les souffrances des hommes pour qui Christ a donné sa vie, tous ces hommes dont Dieu se rend proche. Proximité de tout homme et miséricorde, telles sont les attitudes d’un cœur touché par l’Esprit du Christ et non distance et condamnation.

 

Développer aujourd’hui des attitudes et des discours désincarnés ne correspond pas au dessein de Dieu qui s’est fait l’un de nous. Puisse le temps de l’Avent qui s’ouvre dans quelques jours, nous convertir à accueillir le Christ incarné et devenu tellement l’un de nous que beaucoup ne l’ont pas reconnu : “dis-nous, où étais-tu ? Nous ne t’avons pas vu !” (Matthieu 25, 38-39 ; 44-45). Heureux ceux que le Christ aura trouvés en tenue de service, en train de veiller.
Abbé Emile Hennart

 

Le calendrier 2009-2010