Le premier des signes de Jésus à Cana

2ème dimanche ordinaire


 Isaïe 62, 1-5 ; 1 Corinthiens 12, 4-11 ; Jean 2, 1-11
 

Mariage à Cana. Il suffit d’entendre ce titre pour évoquer bien des images sur la scène, telle que nous la recomposons. Nous retenons d’abord que Jésus participait à cette fête de famille… on y ajoute la présence de disciples, de sa mère… On en tire la conclusion que Jésus honore et bénit le mariage. De là à déclarer que Jésus a institué ce jour-là le sacrement de mariage, certains n’ont pas hésité à franchir le pas, ignorants de l’anachronisme qu’ils viennent de faire.

 

Quand on demande où est la mariée dans cette scène champêtre au village de Cana (200 hb), on est bien en peine de répondre… Jean ne la décrit pas, ne signale pas sa présence. Cet indice devrait nous inviter à rechercher la dimension spirituelle que Jean a voulu donner à son récit. En effet, l’évangéliste use et abuse de la dimension symbolique des textes qu’il rédige après de longues années de méditations sur la vie de Jésus. Cette fête à Cana inaugure ce que nous appelons « la vie publique de Jésus ». Au-delà de l’histoire d’un jour, Jean invite à comprendre la vie de chaque jour comme les épousailles entre Jésus et l’humanité -au moins ceux qui le reçoivent-. Il faudra attendre l’Apocalypse pour que nous parlions des noces de l’Agneau (Apocalypse 19 et 22).

 

En racontant l’inauguration de l’activité de Jésus, Jean nous invite à reconnaitre le début de l’Alliance nouvelle. Les autres évangiles ne s’y sont pas trompés quand ils évoquent la parole de Jésus : « Pouvez-vous faire jeûner les compagnons de l'époux pendant que l'époux est avec eux ?[35] Mais viendront des jours... et quand l'époux leur aura été enlevé, alors ils jeûneront en ces jours-là. » (Luc, 5,34). Les premiers chrétiens ont su relire les prophètes et découvrir qu’Isaïe parlait déjà de Dieu comme l’époux de son peuple.

 

Pour accepter cette lecture il faut accepter que plusieurs sens puissent s’entrelacer dans un texte d’évangile. Les pères de l’Eglise parlaient de sens littéral, puis de sens symbolique (allégorique).  Ils n’oubliaient jamais d’y introduire deux autres sens : en quoi cette interprétation nous provoque à vivre autrement notre vie dans sa relation à Dieu. Les Pères aussi aimaient découvrir dans les textes le sens eschatologue du texte. Avec Cana, il est facile de penser aux derniers temps, où l’humanité sera réconciliée avec son Dieu, ce que l’Apocalypse Soyons dans l'allégresse et dans la joie, rendons gloire à Dieu, car voici les noces de l'Agneau, et son épouse s'est faite belle : on lui a donné de se vêtir de lin d'une blancheur éclatante" - le lin, c'est en effet les bonnes actions des saints. Puis il me dit : "Ecris : Heureux les gens invités au festin de noce de l'Agneau. (Apocalypse 19, 8-9). EH