Mgr Leuliet Homélie des 100 ans

Texte repris par des amis

Excusez-moi, je n'ai pas l'intention de parler ex cathedra.


Homélie Anniversaire de Mgr Géry Leuliet  
Homélie
Homélie
Je voudrais dire simplement que cette invitation, même si elle n'est pas ordinaire, n'a jamais été pour moi un objectif, parce que je me dis que le prix d'une vie ne se mesure pas au nombre des années, mais que ce qui fait la valeur d'une vie, c'est le poids d'amour dont on peut charger chaque jour et chaque année. Et ça, ça ne se mesure pas et ça se vit en secret.


Alors si j'ai dit oui à cette célébration, c'est sur l'insistance et l'amitié de mes nombreux frères qui m'ont invité à parler à nouveau avec les possibilités qui sont celles d'un centenaire. Ce que j'ai vu dans cette démarche, c'est une subtilité pour me dire que je suis toujours uni effectivement à la mission de l'Église même si je ne suis plus ce que j'étais avant. Il me semble que c'était affectivement que nous partagions certaines missions pour reprendre un mot, une expression qui était si chère Jean-Paul II : la collaboration effective et affective.

 

Je vais maintenant, selon ma propre idée, tout simplement, apporter un regard sur le siècle que j'ai vécu dans la société et dans l'Église, et ce sera un témoignage personnel qui ne sera pas l'homélie quotidienne que j'ai l'habitude de proposer et qui sera tout simplement un témoignage de cette vie que j'ai partagée dans la société et dans l'Église. Je préfère apporter simplement un regard circulaire sur ce siècle que je diviserais en quatre périodes.

 

Une première période,

c'est celle des deux guerres. Deux guerres avec leur cortège de misères et de ruines. Deux épreuves. Deux manières de vivre dans la peur et dans la crainte. Des années sinistres, au fond, et le besoin de trouver la sérénité pour ne pas tomber dans la tentation du militantisme revanchard. Et c'était ça le monde dans la première période du siècle, pour moi.


Dans le même temps, je constatais une église qui gardait la nostalgie d'un certain triomphalisme qu'elle manifestait aux yeux de tous et qui se retrouvait repliée sur elle même et en défensive, et même devenue efficace pour affronter les lois sociales de l'époque de façon tout à fait ordinaire aujourd'hui, dans la rue, mais en disant que cette manifestation était une pieuse confession. Voilà la première chose que j'ai vécue.

 

2ème période: 1940

Et il m'a fallu vivre, comme beaucoup d'autres, la défaite de 1940 avec son cortège de honte, de déception, de contrariété, de ruines et de misères. Il a fallu ce réveil provoqué par la défaite pour entrer dans la recherche d'une vie autre, d'une vie nouvelle. Et il s'est manifesté que, tout simplement, on s'engageait dans la réconciliation et aussi dans la paix qu'on commençait à vivre, et aussi dans la recherche d'une collaboration industrielle et économique. Et cette période, on l'appelle celle des 30 glorieuses, qui évoquait un renouveau pour la France.

 

Troisième période: le renouvellement Société et Eglise

Dans le même temps, je constate que l'Église, elle aussi, recherche de tout côté. Elle a besoin de se renouveler, et cela va aboutir au concile Vatican II. Alors, voyez-vous, c'est là que je dis simplement, que c'est une sainte volonté. La vie du monde, la vie des hommes est profondément liée à la présence du Christ ressuscité qui est toujours à l'œuvre maintenant. Et que donc, cette vie que nous sommes appelés à vivre, c'est le mystère pascal, qui est mystère de vie et mystère de mort, mais qui est au cœur de la vie de l'Église. Et c'est ce que j'ai encore redécouvert profondément au Concile, parce que à ce moment-là, toute la célébration conciliaire est née de la liturgie, c'est à dire de la célébration du mystère pascal. Et on a entrepris à ce moment-là — la deuxième partie, la deuxième année du Concile — de traduire dans les faits ce mystère pascal que l'Église a pour mission de réunir. […] C'est ainsi que je me trouve invité à nouveau, et renouvelé intérieurement par la puissance du mystère pascal qui est puissance de vie et puissance de communion. Alors, je me dis que c'est ce qui arrive quand on prie. J'ai cette conviction intime, à ce moment-là, que l'on est poussé à rechercher à travers les événements les signes de la présence des serviteurs d'une Église appelés les semences humaines, et que le Concile nous invite à célébrer.
Ensuite, il (le Concile) a rappelé tout simplement encore ce que vit le monde et l'Eglise, et invite à relire les actes des apôtres qui se continuent dans ces temps comme dans tous les temps. Il invite à nous amener à retirer ce long passé tumultueux, et à travers les temps, ouvre avec sagesse et avec amour le chemin avec le dessein de tout récapituler dans la personne du Christ. […] Alors, voyez-vous, quand on voit que Dieu se félicite de ce qu'il a accompli, ça veut dire qu'on est amené à la paix et à la louange.

 

4ème période

Vous savez, quand vient la quatrième partie du siècle, quand l'agenda se trouve libéré de projets et de rendez-vous, à ce moment-là, on entre dans la pensée. Il s'agit purement et simplement de vivre l'aujourd'hui de Dieu. Et cet aujourd'hui est programmé par la prière liturgique quotidienne qui chaque matin vient nous dire : « C'est aujourd'hui que Dieu a visité son peuple » et qui nous invite à dire et à redire vers la fin d'après midi avec Marie « Son Amour s'étend d'âge en âge ».


Alors, chers frères, ce que je célèbre avec vous simplement, c'est l'expérience personnelle d'une vie qui se termine. Je vous invite dans cette eucharistie à rassembler tous ces dons que nous possédons pour louer le Seigneur dans l'action de grâce, et aussi de prier et d'accueillir la manière dont il nous ouvre les yeux sur sa présence, et aussi à quel point il nous comble de joie par sa Parole. Sa Parole est amour.
Amen.
 

 

Retrouvez - la conférence de Mgr Noyer

                  - La fête du centenaire