Le père l’aperçut et fut pris de pitié..

4ème dimanche de carême


Josué 5, 10-12 ; 2 Corinthien 5, 17-21 ; Luc ch.15
 

Le père prodigue est sans doute le récit d’évangile le mieux connu : “un père avait deux fils…” Comme bien souvent Luc décrit le visage de Dieu notre père à l’aide d’images, de paraboles… Ainsi, dans ce chapitre 15, Luc présente-t-il trois paraboles sous le même thème : “le perdu-retrouvé”. C’est sa manière de nous faire découvrir le visage de Dieu. Il n’est pas le Père courroucé que nous chantions autrefois avec le Minuit chrétien, que nenni !

 

Marbre exposé à Césarée Le bon pasteur  
Marbre exposé à Césarée
Marbre exposé à Césarée
Ces paraboles sont une réponse aux justes et droits pharisiens à l’égard de Jésus qui fréquente les gens qui ne méritent aucune considération, bien au contraire. Voici donc une brebis perdue dans le désert… le berger la recherche, la retrouve, et revient tout joyeux en la portant sur ses épaules. Jésus ne parle ni de blâme ni de punition, ni de mérite en échange de quoi la brebis deviendrait objet d’attention de la part du berger. Voici ensuite l’histoire d’une petite pièce de monnaie, une drachme, correspondant à une journée de travail. La femme de la maison la recherche partout jusqu’à ce qu’elle l’ait retrouvé… Là encore, c’est la joie des retrouvailles. Là encore la pièce n’a en rien contribué à ce qu’on la recherche, mais elle a du prix aux yeux de la ménagère. Vient alors la troisième parabole où le fils a un tel prix aux yeux du Père que ce dernier accueille son fils sans poser de question. Le père l’a rhabillé à neuf et fait entrer dans sa maison sans attendre aucune explication de sa part ! Folie d’un père pour son fils, folie de Dieu pour chacun de nous !

 

Quand donc les pasteurs de l’Eglise post-conciliaire accueilleront-ils les personnes dans leur Eglise sans leur demander des comptes au préalable, extrait de baptême, de confirmation, de communion, justification des absences à la messe du dimanche, etc. Bref, beaucoup de pasteurs ont retrouvé la panoplie des pharisiens qui contestaient à Jésus le droit de fréquenter les blessés de la vie et de la religion. Panoplie inventée en certaines périodes d'Eglise qu'on aurait crues du passé. A l'inverse, j’ai été fort étonné de voir l’accueil que firent les animateurs d’évangile accueillant bien des personnes en souffrance d’Eglise. Ces personnes ont entendu la voix du pasteur, comme le dira plus tard saint Jean, et elles se sont tournées vers l’Evangile, Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu envers chacun.

 

Et le fils ainé ? Lorsque Luc rédige son Evangile, il est une question lancinante pour les chrétiens souvent d’origine païenne : comment se fait-il que le fils ainé, l’héritier des promesses depuis Abraham ne rentre-t-il pas dans la maison avec les fils d’étranger ? Pas de réponse, mais un constat, que Luc a évoqué au chapitre précédent : les premiers invités ne sont pas venus. L’apôtre Paul dira des choses semblables (Actes 13) “C’est à vous (juifs) qu’était d’abord destinée la Parole. Puisque vous la repoussez et vous jugez indignes de la vie éternelle, nous nous tournons vers les païens”. Conclusion de Luc “eux, ils écouteront” !! (Actes 28-28). Les derniers arrivés dans nos églises, ce sont les catéchumènes et ceux qui redécouvrent leur baptême après avoir longtemps erré dans la vie… comme le dit Jésus : ceux-là nous précéderont dans le Royaume du Père. La porte reste ouverte. Il ne tient qu’à nous de vivre la communion avec eux.