Lendemain de Pentecôte

Edito Eglise d'Arras n°11: Assemblée diocésaine

Rouault Assy Esprit  
Rouault Assy
Rouault Assy
La fête de Pentecôte rappelle le don de l’Esprit qui permet aux hommes de toutes nations, de toutes langues d’entendre la Bonne Nouvelle concernant Jésus, sauveur. Entendre que l’amour de Dieu nous réconcilie avec lui était devenu une évidence pour les disciples, attentifs à écouter leur ami et rabbi, de Nazareth à Jérusalem. Ils n’avaient pas tout compris en particulier sur le fait de devenir serviteurs de tous. Luc, comme Marc, laisse entendre ce perpétuel disfonctionnement entre Jésus et ses amis. Et au soir de Pâques, il a fallu que lui-même fasse encore un bout de chemin avec eux pour comprendre que cette histoire d’amour entre Dieu et l’humanité n’était pas finie. Il a fallu encore l’irruption de l’Esprit au jour de Pentecôte (et les autres jours aussi) pour qu’ils diffusent dans l’empire ce qu’ils avaient entendu et compris.

 

De siècle en siècle, l’Eglise reçoit mission d’annoncer l’amour de Dieu pour tous. Il y a eu des faiblesses et des erreurs commises par les hommes d’Eglise. Il y a eu aussi beaucoup d’énergies dépensées pour que l’homme vive et reconnaisse celui qui est à l’origine de tout. Parmi les films présentés à Cannes celui qui a suscité le plus d’émotion et de flots de réflexions, fut « Des Hommes et des Dieux » qui présente les années de vie et de présence des moines de Tibhirine du monde maghrébin. Ils ont été témoins de l’Esprit de réconciliation offert. Ils ont été victime de leur désir de témoigner encore et toujours, refusant d’abandonner ceux auprès de qui ils avaient élu domicile.

 

Aujourd’hui notre diocèse se prépare à recevoir le projet d’orientation de la catéchèse. Comme cela sera proclamé, c’est tout autre chose qu’un enseignement à transmettre à de plus jeunes. Ce ne sera pas d’abord donner la connaissance des vérités essentielles mais bien plutôt de témoigner, de rendre compte de l’Esprit qui habite en nous. Le baptême, la confirmation et l’eucharistie sont les sacrements d’initiation qui invite à servir Dieu et les frères, à vivre l’Eglise en favorisant l’union à Dieu et l’unité entre les humains (Lumen Gentium §1).

 

C’est sur le terrain, sur la route des hommes que Jésus a fait la rencontre avec ceux que l’on considérait comme exclus, malades, possédés de démons divers. C’est sur cette même route des hommes que les baptisés-confirmés doivent à leur tour aller à la rencontre des personnes exclues (dépossédées de tout bien et même de nationalité), aller à la rencontre des possédés de divers démons. Benoit XVI, le jour de Pentecôte parlait des irresponsables marchés financiers.

 

Sur ce terrain-là aussi il faut aller à la rencontre des hommes. Cela passera par des engagements concrets, pas seulement dans l’Eglise mais aussi par des engagements concrets dans la société. De manière fort différente, le curé d’Ars dans son église ou le père Chevrier dans son Prado, ont témoigné de l’amour de Dieu pour tout homme. Il n’y a pas de recette miracle, mais d’abord et avant tout le désir de connaitre Jésus l’envoyé du Père et de le faire connaitre auprès de tous ceux qui habitent l’univers, à commencer par ceux dont nous nous rendons proches. Le vrai danger qui guette les chrétiens, est celui de déserter le chemin des hommes, le chemin de Jésus, de parler comme les disciples d’Emmaüs au début de leur itinéraire : c’est fini, nous avions espéré, mais maintenant… ! A chacun et en Eglise de répondre « Me voici, Seigneur ! »

Abbé Emile Hennart