Travaux pratiques.

14ème dimanche ordinaire

Isaïe 66, 10-14 ; Galates 6, 14-18 ; Luc 10, 1-12+17-20


Dimanche dernier nous avions commencé la section d’évangile où Luc montre le chemin sur lequel le Christ “fait l’éducation” de ceux qu’il a appelés et qui ont répondu à l’appel pour le suivre. L’évangile de ce dimanche continue cette éducation. Il comporte un envoi des disciples, deux par deux, une sorte de travaux pratiques éducatifs, avant leur envoi définitif après la résurrection. Travaux pratiques et consignes, en particulier celle d’éviter les palabres: ne passez pas de maison en maison… cela devait être difficile pour les orientaux qu’étaient les disciples !


Pour le Christ, il y a urgence à annoncer le plus possible la venue du Royaume, un royaume de miséricorde. Urgence hier comme aujourd’hui. Que de temps perdu en porte à porte, en discussions sympathiques certes, mais qui retardent l’annonce au grand nombre. Quand Paul commencera sa prédication itinérante, avec Barnabé et Marc d’abord, puis avec Silas et Timothée, on le voit choisir d'aller là où se trouve la tête, le responsable d’un lieu ou d’une communauté (à Chypre chez le proconsul par exemple). Qui n’a entendu une réflexion comme : "Mr le curé est passé chez la voisine, il n’est pas venu chez nous !" Il y a sans doute beaucoup de  choses à faire. L’urgence d’annoncer au plus grand nombre peut vexer l’un ou l’autre parce qu'on ne l'aura pas visité. l'urgence, c'était déjà le sens de la réflexion de Jésus au ch. 4 : “aux autres villes aussi, il me faut annoncer la Bonne Nouvelle” (Lc 4,43). Que tous puissent entendre : « Sachez-le, le Règne de Dieu est arrivé ». Jésus, tout comme les apôtres, sait que cela ne se passera pas bien partout.

 

Le liturge qui a organisé la succession des lectures, n’a pas jugé utile de conserver les quelques lignes où Jésus signale que des païens accueilleront mieux les paroles des disciples et de lui-même que les fils d’Israël. Pourtant Dieu a voulu s’adresser à eux en premier (au jour du Royaume, Sodome ville impie s'il en est, sera traitée avec moins de rigueur !). Plusieurs fois l’évangéliste Luc revient sur ce constat. Il le fait à propos du centurion, ch. 7, il le fait eJonas et de la reine de Saba, il le fera dans les Actes à propos de Corneille, puis de Paul quand il claque la porte de la synagogue à Lystres, puisdans le discours aux juifs de Rome : les païens eux, ils écouteront !). Comment se fait-il que les “aînés dans la foi” aient tant de difficultés à s’ouvrir aux nouveautés de l’Evangile (et, par la suite, de l’Eglise catholique !).

 

Pour l’instant, ces travaux pratiques se passent très bien et les disciples se réjouissent bruyamment, semble-t-il, de la qualité de leur intervention missionnaire. D’où une sérieuse mise en garde et un appel à l’humilité. S’il est normal de se réjouir parce que nous sommes efficaces dans la proclamation de l’Evangile, n’oublions pas que le premier motif de se réjouir devrait être que notre nom est inscrit dans le cœur de Dieu. Ce devrait être notre premier motif d’action de grâce.

St Paul le dit à sa manière dans la lettre aux Galates : mon seul orgueil, c’est la croix de Notre Seigneur. C’est la seule chose qui compte. Alors que personne ne vienne me tourmenter sur telle ou telle règle qu’on voudrait m’imposer ! EH