Que vais-je faire de mes biens ?

18ème dimanche ordinaire

Qohélet 1,2 ; 2, 21-23 ; Colossiens 1-5, 9-11 ; Luc 12, 12-21

 

Dans l’Evangile, le rapport à l’argent est plus d’une fois traité : au 12, mais aussi ch. 16 et en d’autres occasions. Dans l’évangile de ce jour, comme bien souvent, c’est à l’aide d’une parabole qu’il provoque les auditeurs à donner réponse à la question de sens, ou plutôt d’utilité de l’argent : “Que faire ?”. Nous ne trouverons pas trace de condamnation de l’argent, de la richesse comme tel dans l’Evangile, mais des questionnements sur le lien que chacun entretient avec l’argent.


Edifier des hangars plus grands ? Faire construire une belle villa et y faire des repas somptueux comme Lazare ? Le laisser dormir ou le placer à la banque ? Distribuer des enveloppes aux amis ? Se faire des amis avec l’argent trompeur ? Avoir des poches trop pleines modifie le profil et risque de gêner au passage du Royaume, tout comme le chameau de la caravane, trop bien bâté qui ne franchit pas la porte. Tout n’est pas dit en quelques paraboles, et l’on devrait ajouter une méditation sur l’attitude de Dieu qui choisit le pauvre pour ami selon la Vierge Marie, Dieu qui est proche du pauvre, alors que la distance est bien plus grande avec celui qui possède les richesses du monde.


Que faire ?
Les évangiles, d’une manière habituelle, privilégient l’éthique du partage. Il serait de trouver chez eux une solution définitive aux questions économiques. Il se fait qu’on n’a jamais autant parlé d’éthique en économie comme en entreprise que ces derniers temps. A-t-on le droit, au nom de la liberté individuelle de faire selon son propre intérêt ? L’Evangile de ce dimanche invite à s’interroger sur les choix de vie et le terme de toute vie. “Il restera de toi ce que tu as donné chantait Mannick”. Jésus comme bien d’autres refuse de tout placer sous le régime du permis et du défendu, je peux ou je ne peux pas ! A ce régime-là il n’y a plus d’humanité mais simplement des robots exécutants. Ce n’est pas à cela que pensent les rédacteurs du livre de la Genèse quand ils affirment que Dieu à donné à l’homme d’organiser la terre pour que la Vie soit ! Il n’a pas donné le mode d’emploi. Et il est précisé : Dieu vit que cela était bon, très bon !


Au temps des premiers chrétiens certaines communautés avaient imaginé des cellules où l’on mettrait tout en commun (esséniens, chrétiens, groupements philosophiques). Cela est vite apparu utopique. Jésus avait parlé de l’argent trompeur, en contrepoint Ananie et Saphire dans les Actes ch.5 vont tromper leur communauté. Il ne leur est pas reproché d’avoir gardé une partie pour eux, mais d’avoir trompé l’assemblée… Méfiez-vous de l’argent trompeur ! A Lazare, riche banqueteux, il n’est pas reproché de faire des banquets, mais de ne pas voir l’homme ulcéré à sa porte… Là encore, c’est une invitation à mettre à jour les choix de vie, l’éthique selon laquelle chacun règle sa vie. L’Evangile de Luc commence par donner les choix de vie de Dieu avec le cantique de Marie (ch.1), mais on n’est pas obligé de vouloir suivre ! E.H