Réjouissez-vous avec moi

24ème dimanche ordinaire

Exode 32, 7-14 ; 1 Timothée 1, 12-17 ;Luc 15, 1-32


Il est heureux que la liturgie nous propose la lecture des trois paraboles qui constituent le chapitre 15 de Luc. Nous connaissons bien la troisième : autrefois appelée le fils prodigue, elle est aujourd’hui appelée le Père prodigue. Ce changement de titre est invitation à méditer la figure du père, Dieu notre Père, à l’égard de ses enfants, le cadet comme l’ainé. Ces trois paraboles sont aussi intitulées paraboles du perdu et retrouvé. Relisons d’abord l’introduction qu’en donne Luc : les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter ; les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui :“cet homme fait bon accueil aux pécheurs et il mange avec eux !”

 

Ce n’est pas la première fois que Luc rapporte ces propos désobligeants à l’égard de Jésus au sujet de ses fréquentations (cf. Ch. 7). Bien que je n’aime pas les rapprochements trop faciles entre hier et aujourd’hui, je ne puis m’empêcher de penser aux courants chrétiens d’aujourd’hui qui reprochent à Jean XXIII d’avoir ouvert largement portes et fenêtres. Je pense plus récemment encore à ceux qui reprochent à nombre de pasteurs de fréquenter des gens qui ne le méritent pas… (sous-entendus, qui ne répondent pas aux normes que s’imposent les assemblées de purs, d’être trop proche de personnes n’appartenant pas aux « cercles vertueux des gens d’Eglise », reprochant trop de sollicitude envers des gens qui ne paient pas en retour (à leur yeux) la proximité qu’on leur offre. Mais, puisque le reproche s’adresse à Jésus, voyons comment il répond.

 

Trois paraboles, trois “images” sur le perdu-retrouvé. L’essentiel se passe du côté du “propriétaire”. Le désir que rien ne se perde est clairement exprimé, qu’aucun enfant de Dieu (être humain) dispersé au gré des vents ne disparaisse dans la déshérence. Il s’ensuit une joie indicible pour les amis du maître, que ce soit à propos de la pièce de monnaie retrouvée, que ce soit à propos de la brebis. Et quelle joie immédiatement transformée en festin pour le retour du fils volage. Voilà bien la nouvelle génération qui n’a pas su éduquer sa progéniture et qui fait la fête ! Et nous, qu’aurions-nous fait ? Jésus exprime ici comment il imagine Dieu envers nous. Heureusement que Dieu-Père n’est pas comme nous, sinon, nous serions encore à la porte.

 

Mais il est quelqu’un qui reste à la porte, c’est l’aîné. Il partageait tout avec le père… mais là il s’arrête. Partager la joie du Père et du Fils retrouvé : non c’en est trop, restons en dehors de ces réjouissantes festivités. On pourrait ici développer avec les psychologues sur ces comportements et les expliquer. Avec les pères de l’Eglise et les exégètes, pensons au fils aîné, qui à travers la Bible représente Israël… au temps de Jésus puis des premières communautés quand ils s’adressaient aux étrangers, cela passait mal. Il y eut chez les premiers chrétiens des rejets des aînés (les juifs) envers les second fils, (les païens). Luc doit penser aux païens qui entrent dans l’Eglise (cf. la prédication à Antioche, (Actes ch ; 11, 22), puis les discussions à Jérusalem, au ch. 15.

 

On pourrait allonger la réflexion, contentons-nous des eux affirmations de Jésus chez Zachée (Luc 19) : “Aujourd’hui le salut est entré dans cette maison”, et “le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu”. Alors aujourd’hui, réjouissons-nous que la Parole de Jésus soit entendu au-delà de nos murs, de nos frontières, de nos préjugés, et osons nous réjouir avec Dieu pour ceux qui ouvrent la porte de la maison, après beaucoup d’absence. EH