Il n'y a que cet étranger...?

28ème dimanche ordinaire Et les neuf autres, où sont-ils?

2 Rois, 5, 14-17 ; 2 Timothée 2, 8-13 ; Luc 17, 11-19


L’évangile de ce dimanche est bien connu sous le titre de “les dix lépreux”. Comme pour chaque guérison, l’essentiel du récit ne porte pas sur la guérison elle-même, mais sur l’environnement “social”, sur les réflexions que le Christ développe à l’intention de ceux qui l’entourent. Cette réflexion se continuera dans les prochains dimanches, à l’égard de celles et ceux qui s’estiment supérieurs aux autres : le juge qui refuse la plainte de la veuve, le pharisien et du publicain en prière, et enfin Zachée, qui se découvre appelé par Jésus alors qu’il n’a rien mérité !

 

Dix lépreux sont guéris sur le chemin où ils ont croisé –à distance- Jésus et ses disciples. Sur les dix, un seul revient vers Jésus en glorifiant Dieu et rendant grâce à Jésus. Vient alors la réflexion de Jésus en deux temps, après que l’évangéliste ait signalé que c’était un samaritain : “Est-ce que les dix n’ont pas été guéris ? Et les neuf autres, où sont-ils ? On ne les a pas vu revenir pour rendre gloire à Dieu… il n’y a que cet étranger !”

 

Il est difficile de supposer que Jésus fasse des miracles pour recevoir en retour des éloges, ce n’est pas son style. Par contre, il ne rate jamais une occasion de signaler que même et surtout les étrangers sont aimés de Dieu. C’était affirmé dans son discours inaugural, à Nazareth (ch.4) ce fut redit à propos du centurion dont l’esclave sera guéri. Ce sera encore affirmé à propos du “bon samaritain”, qui s’occupe du blessé sur la route alors que prêtre et lévite ont changé de trottoir. C’est encore redit ici : Jésus met en valeur l’aptitude des étrangers à accueillir le don de Dieu.

 

Cette leçon que Jésus adresse à ses proches est aussi une leçon à l’égard de tous ceux qui veulent devenir ses disciples. Ce dimanche à Arras l’assemblée diocésaine se déroule sous la bannière : “Faites des disciples”. Etre et devenir disciple suppose que chacun des fidèles soit apte à reconnaître que des hommes et des femmes, des enfants et des jeunes dont nous ne sommes pas proches, ne sont pas à considérer comme des ignares ou des incapables d’entendre la voix du Seigneur.

 

Changer notre regard à l’égard des hommes de notre temps est un appel permanent : “qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton voisin et à ignorer la poutre qui est dans ton œil ?”. Autrefois on appelait “suffisants” ces individus qui marquaient avec dédain leur distance d’avec ces gens dont ils entendaient jauger la différence d’avec eux.

 

Aujourd’hui nous sommes appelés à devenir frères en humanité et frères dans la foi pour ces “petites gens” et les autres. L’évangile de Marc, tout comme celui de Jean insistent sur le lien intime entre devenir disciple et se faire serviteur. Devenir frère aînés dans la foi est une nouvelle insistance en catéchèse ; c’est redit dans le projet d’orientation de la catéchèse. Disciple de Jésus, serviteur, frère, ce sont peut-être des mots que d’aucuns cherchent à faire disparaître du langage médiatique, mots qu’ils ne veulent plus entendre. Jésus a su montrer du doigt cet étranger qui accueille Dieu dans sa vie. A nous d’en faire autant dans le quotidien de notre existence. E.H.