Qu'etes-vous allé voir au baptistère?

3ème dimanche de l'avent

Isaïe 35, 1-10 ; Jacques 5, 7-10 ; Matthieu 11, 2-11.

 

Etonnant, ce passage d'Evangile où est évoquée la figure de Jean-Baptiste. Matthieu rapporte l’étonnement de Jean-Baptiste sur la personne de Jésus : étonnement ou doute, car Jésus ne correspond pas à l’image qu’il se faisait, au cours de sa prédication au bord du Jourdain (lire en Luc Pourquoi les doutes de Jean-Baptiste ?). La parole de Jésus, selon Matthieu, comme chez les autres évangélistes, renvoie à une des figures de l’envoyé de Dieu présentées dans l’Ancien Testament : “les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent les morts ressuscitent et la Bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.”…

 

Il n'est pas inutile de méditer sur cette accumulation de “transformations" de l’existence de ces personnes. Les signes de la présence d’Esprit au cœur de Jésus ce sont les actes eux-mêmes par lesquels Jésus rend à la personne toute sa dignité humaine, à commencer par la santé, la non-dépendance. N’est-ce pas une invitation à reconnaitre la présence d’Esprit partout où des gens veillent à rendre vie et santé là où l’homme est blessé ? Que ce soit pour Jésus, que ce soit pour ses disciples aujourd’hui, c’est à ces signes qu’on reconnaitra la présence d’Esprit. Combien de temps passe-ton à avoior des preuves en délivrant des certificats de baptême, plutôt  qu’à œuvrer pour que vienne ce temps de Bonne Nouvelle pour les pauvres.

 

Pour s’en convaincre, il suffit de revenir à la suite du discours de Jésus. Jésus questionne ses auditeurs sur ce qu’ils ont fait, en quoi la rencontre de Jean a modifié leur existence concrète. C’est une forme de reproche : qu’êtes-vous allés voir…? Quelles conséquences cela a-t-il eu dans votre comportement et manière d’exister à l’égard de votre prochain ? On connait certaines insistances éthiques de la proclamation du baptiste : Que celui qui a deux vêtements…; A celui qui te demande de faire une heure de marche avec lui…

 

L’un des dangers qui guettent les chrétiens est d’en rester aux bonnes intentions, aux bonnes idées, comme si l’on pouvait séparer les idées religieuses et la foi de la réalité existentielle, celle dans laquelle le Christ, Fils de Dieu, s’est incarné. Ce fut l’origine de certaines hérésies des 3ème-4ème siècles, quand on voulait confiner la foi chrétienne dans le monde des idées, comme si elle n’avait rien à voir avec le réel palpable (gnoses et docétismes). Jean Chrysostome avait mis en garde les chrétiens de son temps sur leur dissociation entre le croire et l’agir.

 

Le questionnement de Jésus est donc à prendre au sérieux, aujourd’hui encore. Qu’êtes-vous allé voir au désert ? … Alors qu’attendez-vous pour vous convertir ? La réponse de Jésus sur ce qui plait à Dieu viendra à la fin de l’évangile de Matthieu : “ce que vous avez fait au plus petit… c’est à moi que vous l’avez fait”. On pourrait paraphraser la parole de Jésus et demander aujourd’hui à tous ceux dont les noms sont inscrits dans les registres de catholicité de l’Eglise : qu’êtes-vous allé faire aux fonts baptismaux ? EH