FAQ-3 Actes 6 et 7

Le groupe des Sept, Etienne arrêté et lapidé

 

Cette page répond à quelques-unes des questions posées en maison d'Evangile pour la lecture des Actes des Apôtres, ch. 6 à 8,1. Il est utile d'avoir d'abord lu les chapitres 6 et 7 ainsi que la fiche d'accompagnement n°3

 

 Quelle est la mission des Sept?

Les Sept sont choisis en fonction de critères: "ils sont estimés de tous et remplis d'Esprit Saint et de sagesse" et ils portent tous un nom grec (pour le service des veuves de la communauté héllénisste. Ils ne se choisissent pas eux-mêmes; ils sont envoyés par la communautés et leurs responsables, après " avoir prié et reçu l'imposition des mains".


On remarque le partage des rôles : service de la Parole et service des tables. Or, Étienne qui est envoyé en mission pour la gestion des biens fait un admirable discours, au service de la Parole. Qu'est ce que cela veut dire ?

 

La mission des sept, est mission au service de la charité, c’est pour cela qu’ils ont été ordonnés-envoyés. Or Etienne comme Philippe sont montrés au service de la Parole, preuve s’il en est de l’insistance voulue par Luc sur la première responsabilité de tout croyant : “témoigner, annoncer la Parole”. (cf. Pierre qui affirme “Nous sommes témoins de ces évènements, nous et l’Esprit-Saint" Actes 5,17). Aujourd’hui on dit Parole annoncée, Parole célébrée, Parole proclamée (ou encore, dans le désordre “vivre, croire, célébrer”. Il faut vivre les trois aspects de la mission, mais ne pas oublier l’annonce, c’est ce que rappelle le projet diocésain de catéchèse pour le Pas-de-Calais. Le danger est souvent, selon les groupes, de privilégier l’un au détriment des deux autres.
 

Pourquoi Sept ?

Nous avons déjà entendu parler du groupe des 12, avec son symbolisme propre. Voci un autre groupe, le groupe des Sept. Dans entrer dans la complexité de la symblique des chiffres, retenons cependant que le chiffre exprimerai la notion de totalité en monde païen. En monde juif il représente la totalité des jours de la semaine. Sept multiplié par Sept signifie beaucoup beaucoup: combien de fois faut-il pardonner ?

Ce chiffre sept revient deux fois le second récit de multiplication des pains en Marc 8. Ce récit appelé multiplication des pains est considéré par des exégètes comme "l’eucharistie aux païens", à la différence du premier récit, “aux Juifs”… entre les deux multiplications des pains ch. 6 et ch.8,  il y a le récit de la syro-phénicienne qui “oblige au passage vers les païens”. Or la mission des sept est de se mettre au service des veuves d'origine païenne...
 
On remarquera aussi que les noms du groupe des Sept, sont à consonance grecque et non juive… c’est logique si l’on veut se rendre proche des gens d’origine étrangère (héllenistes) dans la première communauté. Sur leur mission, voir ci-dessus: chargés du service des tables, on les voit davantage au service de la Parole… C’est un dada de Luc au long de son oeuvre, à savoir : la proclamation de la Parole ; et de fait, Luc ne dit rien sur leur manière d'honorer le service des tables!

 

 On ne comprend pas le discours d'Etienne! 

 

Etienne face aux détracteurs: au nom des Ecritures Etienne face aux détracteurs: au nom des Ecritures  La lapidation d'Etienne nous est bien connue par les images et oeuvres d'art qui montrent cet instant, point finald'une longue discussion où les docteurs de la Loi n'ont pas le dernier mot devant Etienne rempli d'Esprit-Saint.

A parti du ch. 6, 8 jusqu'à la fin du ch. 7, Luc nous propose une démonstration, un argumentaire tel que pourrait le faire un avocat, pour démontrer que l'accusion portée contre Etienne (et contre Jésus) à propos du Temple est fausse.

Luc (Etienne) va plus loin en refusant de faire du Temple un fétiche, en rappelant ce que furent les expressions de foi des ancêtres, comme Abraham, Moïse et même David. Il aurait aussi pu ajouter que la religion de Jésus est une religion inscrite au fond du coeur, selon l'expression de Jérémie et de bien d'autres prophètes (Joël 2). Pour comprendre le discours d'Etienne l'incompris, suivez le lien.

 

Qu'est-ce qu'Etienne a réellement vu dans sa vision au moment de mourir?

 

 Tout d’abord, je préciserai que c'est Luc, tout autant qu'Etienne qui expriment une vision : dans cette vision, il ne raconte pas ce qu'il a vu, mais sous forme d'image il exprime ce qu'est sa foi: Jésus qui a été mis à mort par ses détracteurs, Dieu en a fait son bras droit. Jésus est à la droite du Père. Une vision ce n'est pas un photographie. C'est une invitation à exprimer autre chose en rapport avec Dieu. (Lire aussi en FAQ 4)

 

Parler à l’aide d’abstractions, et parler en images ce sont deux types de civilisation ! Chaque civilisation à son génie propre pour parler. Les civilisations modernes parlent davantage par abstraction, trés peu au moyen d’images. [Cependant le patois emploie un langage bien plus imagé que nos discours philosophiques ou théologiques]. Les civilisations anciennes utilisent un langage imagé. Ainsi dire “à la droite de Dieu” est une image qui en dit bien plus qu’un discours : Il faut des lignes et des lignes pour dire que “Jésus est de la même maison que Dieu, qu’il a reçu tout pouvoir de Dieu, qu’il est le bras droit de Dieu, qu’il a la puissance et le pouvoir dévolus à Dieu.


Pierre et la nappe est une autre vision. La description du contenu suffit à faire comprendre que Dieu n’accepte pas nos subtiles distinctions entre le pur et l’impur, entre gens fréquentables et gens non fréquentables. A nous de savoir transposer le langage en images vers notre langage de mots abstraits : le racisme, l’antisémitisme, les discriminations (sous toutes leurs formes)


Autre vision, Jésus qui s’entretient avec Moïse et Elie : c’est une manière pour les chrétiens d’affirme, face aux Juifs hostiles, que Jésus pour eux, est à égalité avec le fondateur de la Loi (Moïse) et l’ancêtre des prophètes (Elie). Mais si nous recevons l’idée de vision avec la froideur du regard tel qu’on en parle aujourd’hui, il y a peu de chances de comprendre comment les anciens (sémites et autres) parlaient. Voici donc un premier élément.

 

Visions de Dieu. Dans la Bible un certain nombre de personnages ont “eu une vision” de Dieu. Certains saints des premiers temps évoquent eux aussi une vision.Retenons dans les Ecritures: Ezéchiel, Isaïe, Zacharie, Marie ont eu une vision… Saint Paul : les trois récits de conversion de Paul font allusion à quelque chose, quelqu’un… vu ? Entendu ? Bien des récits de vocation parlent aussi de vision (ainsi Moïse). Exode 3 est d’abord l’affirmation que Dieu s’ntéresse de près à la condition des hommes, de son peuple, si humilié et pauvre soit-il.


Que signifie ce langage en images, dans cette culture-là (et le langage dans notre culture numérique binaire : blanc ou noir, vrai au faux, réel irréel ?)… Pour les croyants de la Bible c’est, avant tout, le désir de rendre compte d’une expérience qu’on ne peut pas décrire, mais on essaie quand même, avec des mots humains, avec des images de dire quelque chose de sa relation avec le divin, avec Dieu. Parler de vision, entendre une voix, c’est une manière d’exprimer ce que la conscience intérieure, l’esprit au cœur de chaque être humain peut pressentir, et les mots ne sont que des moyens pour exprimer la vie intérieur. A vouloir trop extérioriser, à vouloir transformer les mots comme description de la réalité photographiée, nous ne pouvons plus entrer dans l’expression personnelle et “indicible” de l’expérience d’une relation avec Dieu. Un croyant essaie de rendre compte de son expérience spirituelle av ec Dieu. Ce n’est pas un compte-rendu d’activité.

 

Pourquoi lire les actes ? le contact direct avec Jésus nous manque…

 

Y a-t-il un parallèle entre Jésus et Les Actes ?
 

Oui. On peut même affirmer que c'est un procédé utilisé par Luc, où Jésus est considéré comme modèle et les disciples, que ce soit Pierre, Paul ou Etienne “à l’image” du modèle. Plus tard, dans la littérature chrétienne, bien des vies de saints fonctionneront selon le même principe, une manière de faire comprendre la conformité du disciple avec le Maître. Dans l’épisode d’Etienne, on remarquera que l’accusation est semblable à celle contre Jésus, à propos du Temple. 

 

La réponse à l’accusation, qui n’est pas donnée par Jésus, est longuement exprimée par Etienne dans un chapitre qui ressemble fort à un procès où l’accusé, Etienne, argumente contre l’idolâtrie que développent les autorités juives à l’égard du Temple. (Voir page Etienne l’incompris ). Etienne fait remarquer qu'il n'était pas question de temple pour Abraham, Isaac, Jacob ni même pour David, et pourtant Dieu était proche d'eux. Pour Salomon, l'affirmation est immédiatement complétée par "mais Dieu n'habite pas une maison fait de main d'homme"? Or, "fait de main d'homme" est une expression consacrée dans la Bible, qui désigneet disqualifie les idôles (statues) depuis la révolte contre Yahvé et Moïse au désert.

 

L’idolâtrie envers le Temple est sans doute une conséquence des travaux magnifiques entrepris par Hérode le Grand au début du siècle, pour la restauration-agrandissement du Temple. Cela a entrainé une déviance de la foi juive, par excès de zèle de la classe sacerdotale. C’est aussi la conséquence d’une absence de pouvoir royal et du contre-pouvoir qu’étaient les prophètes. Les prêtres, depuis l’Exil, étaient devenus les interprètes de la Loi et multipliaient les règlementations de type cultuel et sacerdotal, ce contre quoi le Christ réagira (voir l’Evangile selon Luc, ch. 5-7 puis ch.23). Même Jésus avait mis en garde contre cette déviation : “voyez ces belles pierres, il n’en restera pas pierre sur pierre, tout sera détruit” : scandale !

 

On retrouvera d'autres parallèles concernant les miracles, et même pour Tabitha, revenue à la vie avec Pierre, et Eutyque avec Paul. De même la rencontre de Pierre avec Corneille peut faire penser à la rencontre de Jésus avec le centurion au début de l'Evangile de Luc.

 

Qui sont “nos pères” d’après Etienne ?

 

Ce sont les ancêtres dans la foi, Abraham, Isaac et Jacob. Ce mot est aussi une manière de parler du peuple sorti d'Egypte avec Moïse.