Qui a péché ? Ni lui, ni ses parents !

4ème dimanche de carême

1 Samuel 16, 1-13 ; Ephésiens 5, 8-14 ; Jean 9, 1-41
 

Comme la semaine dernière, ce très long évangile selon Jean est retenu par l’Eglise comme chemin de catéchumènes, méditation sur “qui est Jésus ?”. Après la Samaritaine, l’aveugle de naissance reçoit révélation de qui est Jésus. En même temps, l’éducation des mentalités se fait un peu. Vu la longueur du récit, sans doute préférerons-nous prendre les raccourcis proposés par la liturgie, ce qui évite d’entendre “Votre péché” demeure !”. Alors qu’au début de l’histoire, les scribes et pharisiens, ceux qui ont bonne conscience sont persuadés que l’aveugle est pécheur et fils de pécheur, à l’arrivée, ce sont eux qui se retrouvent pleins de péchés !

 

Jésus vient apporter la lumière et la guérison à tout homme qui reconnait son humilité et qui accepte de croire en lui. Ce récit vient à point pendant le temps du carême où nous sommes appelés à nous tourner à nouveau vers le Dieu de Jésus-Christ. Le Christ accomplit les œuvres du Père, il œuvre pour que l’action de Dieu puisse se manifester en tout homme.

 

Il est intéressant de voir Jean l’évangéliste faire un micro-trottoir auprès des gens qui tournent autour de cette piscine, qui était réserve pour l’eau de purification du Temple, et lieu de pèlerinage au dieu païen Esculape. Jésus ne dédaigne pas de descendre dans ce lieu d’hérésie pour y faire venir la lumière, et cela même un jour de sabbat ! De nombreuses expressions jaillissent, expression du soit-disant bon sens populaire. Jésus invite à convertir nos idées toutes faites sur Dieu, le péché, le respect des coutumes. Bientôt ces gens seront traités d’hypocrites et de sépulcres blanchis, horreur suprême pour les défenseurs de la Loi. Mais Jésus n’est pas venu pour ceux qui se sentent blancs comme neige. Il est venu pour les malades et les pécheurs.

 

En ce temps de carême, de quelle ornière Jésus désire-t-il nous sortir ? De quel aveuglement désire-t-il nous guérir ? Dieu, Fils de Dieu venu chez nous à la rencontre de ceux qui ne le méritent pas, n’aurions-nous pas, en Eglise à vivre la même attitude (appelée kénose par les professionnels), à savoir, sortir de nos églises comme Jésus est sorti de son Ciel, pour aller à la rencontre de qui n’attend plus rien, à commencer de la religion et de l’Eglise qui, depuis longtemps, l’a exclu de son parvis des purs.


Abbé Emile Hennart