La Parole porte du fruit

16ème dimanche ordinaire

Sagesse 12, 13-19 ; Romains, 8, 26-27 ; Matthieu 13, 24-43

 

Dans la continuité de la semaine dernière, la liturgie nous propose la suite du discours en paraboles. Voici donc une succession de paroles avec la même introduction : “Le Royaume des cieux est comparable à…” Les comparaisons de Jésus sont tirées de la vie quotidienne et campagnarde. C’est comme une longue méditation sur la “réception de la Parole semée”. Une seule parabole ne suffit pas à “décrire a réception de la Parole”, mais leur accumulation aide à se faire une idée de ce qu’il advient de cette Parole semée. Dès les semailles, il y a du déchet, de la perte ! L’Evangile de la semaine dernière parlait des lieux qui ont reçu, mais certains n’étaient pas propices à ce que la graine pousse et arrive à maturité !

 

A ce stade de la comparaison, on peut très bien imaginer les disciples interrogeant Jésus sur la non-réception de son temps de l’enseignement sur la miséricorde de Dieu et son corollaire : “c’est l’amour que je veux et non les sacrifices (au temple de Jérusalem !)”. Le “peuple de la terre” (les petites gens du pays) ont su accueillir avec joie la Parole de Jésus, mais elle fut rejetée de suite par les gens haut placés, les chefs des prêtres et leurs scribes, installés là-haut sur la colline de Sion.

 

La suite de ces semailles, -c’était déjà vrai au temps de Jésus et plus encore lors de la première prédication- : comment se fait-il que, une fois le bon grain semé, il y ait aussi de mauvaises graines qui poussent ? Indépendamment des Evangiles, quel éducateur, quel parent ne s’est pas posé la question à propos de sa progéniture ? La réponse de Jésus, celle qui évite de condamner de suite les mauvaises graines, c’est de dire qu’il y a plusieurs semeurs. (Derrière le mot ivraie, il nous faut retrouver son sens étymologique : semer la zizanie !). Au temps de Jésus comme aujourd’hui, dans la société comme dans le peuple chrétien, il y a des semeurs de zizanie, de violence, de méchanceté, des fauteurs de guerre, des “pousse-à-la-faute”.

 

“C’est un ennemi qui a semé cela”, dit Jésus, et il faut attendre la fin des temps pour que soit extirpé le mal semé. Ce n’est pas une consolation pour ceux qui sèment et se tuent à la tâche. C’est une invitation à reconnaître la situation réelle, à continuer à semer les graines de bon Dieu plutôt que les graines de discorde. Mais cela dépend du cœur de chacun, tout dépend du choix que l’on fait de son semencier. Et ensuite, il n’est pas facile de séparer le bon du mauvais “avant la fin des temps”. Il nous faut donc continuer, malgré les adversités, malgré les adversaires.

 

La suite des paraboles laissent entendre ce que produit le grain qui a levé : comme le levain dans la pâte qui pousse, comme un arbre dans le jardin qui devient refuge pour les oiseaux. Vient alors l’explication de la première parabole du semeur. Pour Jésus, il ne s’agit pas de juger, de condamner, mais d’expliquer afin que les disciples ne soient pas démunis ni déçus devant les résultats partiels, qui, selon eux, ne sont pas à la hauteur de leur espérance. C’est à la fin des temps que se fera le jugement, pas avant. Celui qui a des oreilles qu’il entende !