A cause de Jésus

17ème dimanche ordinaire.

1 Rois 3, 5-12 ; Romains 8, 28-30 ; Matthieu 13, 45-52

 

Pour la troisième semaine consécutive, la liturgie nous donne à entendre une suite d’enseignements de Jésus en paraboles, tels que Matthieu a voulu nous les transmettre. Parler en utilisant des images et des comparaisons est une forme bien particulière d’enseigner : ce ne sont ni des démonstrations, ni des définitions concernant le Royaume de Dieu. Chacune des images donne à penser… et c’est au receveur de chercher à comprendre et d’en tirer des conclusions “pour vivre”. Les paraboles viennent éclairer différentes facettes de ce que peut être le royaume de Dieu. Les premières concernaient davantage la Parole dans le monde. Cette semaine c’est l’attitude de celui qui entend qui est ici développée avant que ne vienne une parabole de conclusion, à la fin du monde.

 

Les paraboles des semaines précédentes semblaient plus facile à comprendre (le semeur, le bon grain et l’ivraie, le levain dans la pâte, la plus petite des semences. Les deux paraboles, l’une sur le trésor caché, l’autre sur la perle de grand prix sont plus délicates à manier, disons qu’elles concernent davantage l’attitude de l’homme devant son choix, quand il est rencontré par la Parole de Dieu. Cette rencontre a pu être la lecture d’un livre, la rencontre d’un témoin, l’écoute d’une émission radio ou TV ; la découverte de l’évangile, etc. Que ce passe-t-il à l’occasion de ce dialogue. A en croire la parabole, il y a estimation, évaluation de la chose découverte puis le choix de faire sien, ou non, ce bien qui lui est extérieur. On aura compris que le choix dont il est question concerne l’orientation de sa vie : qu’ai-je fait, que vais-je faire de tous les possibles qui s’offrent à moi. Quel que soit son degré d’implication, chacun est appelé à organiser sa vie selon ce qu’il a compris du Royaume. Le discours sur la montagne proposait un chemin de vie.

 

Attention, il ne s’agit pas de quitter le monde pour choisir l’intimité avec Jésus dans une vie spirituelle hors du monde. “Le champ c’est le monde” disait le Christ dimanche dernier. Devenir disciple de Jésus, c’est être dans le monde à l’image de ce que fut le Christ, c’est choisir un itinéraire de vie “à cause de Jésus”. C’est tout autre chose que de vivre en séparés. Devenir semeur de la Parole fait partie d’un vivre avec le Christ, à la suite du Christ. Par exemple, si des parents avaient perçu la qualité de vie à la suite du Christ, ils n’attendraient pas que leur enfant soit adulte, pour qu’il choisisse le chemin lui-même et sans eux, ils lui donneraient la nourriture nécessaire selon son âge pour découvrir la richesse offerte par la Bonne Nouvelle.

 

Par exemple, si l’on avait conscience de la richesse de vivre avec le Christ on prendrait le temps d’approfondir sa relation à lui, ainsi que la connaissance sur lui et ses amis. Par exemple encore, on ne laisserait pas les grands de ce monde décider tout seuls de ce qui est important pour la vie de l’humanité ! Car vivre le Royaume n’est pas qu’une dimension intellectuelle il compore une dimension existentielle : des jeunes acceptent de partir deux ou trois ans en coopération ; d’autres estiment utile de soutenir les immigrés sur notre sol ; d’autres de favoriser un temps de vacances pour des familles en précarité, d’autres de se former, au cours d’une session d’été, sur le rapport entre le politique et la foi, d’autres encore de ne pas laisser l’argent comme seul critère de choix dans la vie de l’entreprise…

 

Si vraiment Jésus est une perle, qu’attendons pour miser notre vie sur lui ? La lecture du dernier livre de Mgr Joseph Doré “A cause de Jésus” illustre cette méditation. Il y explique comment ce “à cause de Jésus” a été un repère, un choix dans son itinéraire, dans sa manière d’enseigner, dans sa manière de subir la contestation aussi : à cause de Jésus. Il ne s’agit pas de se gratter le nombril pour savoir si j’ai bien fait, si j’ai mal fait ! Il s’agit plutôt d’orienter sa vie, de lui donner sens et direction qui fasse place au respect et à l’amour du frère. Tant mieux si nous pouvons voir les fruits de notre agir, de notre décision, mais là n’est pas l’essentiel. La dernière parabole du filet de pêche ne se comprend qu’à partir de la fin, quand aura lieu la pêche : à la fin du monde… tout comme la semaine dernière, le tri ne nous appartient pas, il est entre les mains de Dieu et de ses serviteurs. C’est une caractéristique de Matthieu de reporter le Jugement à la fin des temps et le critère : j’avais faim, j’étais malade, nu, en prison (ch. 25).

 

Combien nous sommes zélés pour condamner et exclure, alors que nous avons à participer aux semailles et à la croissance ou à la pêche en vue du Royaume et non, présentement, au tri. Notre participation à la pêche, c’est de pouvoir dire et faire sentir, autour de nous, comme pour le temps des semailles : le Royaume de Dieu est tout près de vous, ne le voyez-vous pas ? E.H