FAQ-7-8 -Actes 20-28

Paul retourne à Jérusalem; arrestation; transfert juesqu'à Rome

Cette page répond à quelques-unes des questions posées en maison d'Evangile pour la lecture des Actes des Apôtres, ch. 13 à 15, 35. Il est utile d'avoir d'abord lu ces chapitres ainsi que la fiche d'accompagnement n°5

 

Résumé des sections 7 et 8
 

A partir du ch. 21 commence une nouvelle étape pour la vie de Paul. Il retourne à Jérusalem où il devine ce qui l’attend. Il est arrêté, transféré auprès du gouverneur romain, fait appel au tribunal de l’empereur et de ce fait est transféré vers Rome. Cette étape est l’occasion de plusieurs “discours” à différentes catégories de gens. Sans doute Luc a-t-il quelque peu “arrangé” ces discours : au peuple juifs, au sanhédrin (grand tribunal de la nation juive), au roi Hérode Antipas et Bérénice devant les élites du pays. Au cours de la traversée le navire fait naufrage. Le lecteur peut penser aux grands récits de voyage de l’antiquité grecque (Odyssée) tout comme à la tempête sur le Lac, où la barque des disciples est ballotée au point de couler. Paul est accueilli par les chrétiens d’Italie et de Rome, mais il s’empresse de rencontrer comme à chaque fois, les Juifs pour s’expliquer avec eux, comme il l’a toujours fait. La conclusion du livre des Actes ne porte pas sur Paul mais sur le fait que la parole est annoncée aux païens, c’était le projet de Luc en ouvrant son livre (Actes 8,8) : mission accomplie.

 

Pourquoi Paul se fait-il rasé la tête? Connait-on le vœu formulé?


Le vœu de se raser la tête fait partie des rites juifs. Il était courant en Israël de se lier par un vœu, en Israël comme dans l’Antiquité païenne. Jésus demande de ne pas continuer cette pratique (Matthieu 5, 33 et 23, 16-22. C’est un acte religieux spontané, pour demander une faveur ou pour rendre grâce. Le vœu engageait gravement. Le vœu du naziréat temporaire (ou définitif) comportait, parmi les règles, celle de ne pas se couper les cheveux, signe de force virile. Au terme, il fallait offrir des sacrifices au Temple, se raser la tête et brûler les cheveux sur l’autel. C’est ce dont il est question au ch.18, sans autre précision. Le chapitre 21 exprime la fin d'un vœu de ce type, où Paul accompagne 4 personnes au Temple. Paul a toujours été de religion juive et a respecté la Loi juive. En même temps, il faisait partie du courant juif qui reconnaissait en Jésus le Messie annoncé par les prophètes. Peu à peu ce courant sera exclu du judaïsme et rejeté. Les Actes des apôtres sont témoins de ces “petits rejets” partout où Paul passe, et en particulier son arrestation dans le Temple alors qu’il accomplit la loi sur les vœux. La rupture définitive est prononcée dans les années 80 lors de l’Assemblée des Juifs pharisiens à Jabné. Pour les Juifs rescapés de la chute de Jérusalem (après le siège et la destruction par Titus de 66 à 70) on ne peut plus s’affirmer Juif si l’on croit en Jésus. Dans les années 50-60, la rupture n’est pas encore définitive et Paul espère toujours les convaincre, même à Rome...

 

Ch. 21,8, il est question de Philippe “l’Evangéliste”, l’un des Sept. Que lui vaut ce titre ?


 Philippe l’Evangéliste, à Césarée. Comme vous, je suis obligé de retenir ce que Luc a bien voulu en dire, et il ne donne pas de précisions. Cependant on peut s’en expliquer au moins partiellement. Pour cela, il Césarée - Vestige de la jetée embarcadère du temps de Paul Césarée - Evocation de St Paul  
Césarée - Vestige de la jetée embarcadère du temps de Paul
Césarée - Vestige de la jetée embarcadère du temps de Paul
faut tout d’abord se souvenir du projet de Luc : du début à la fin, il montre comment peu à peu la Parole a été répandue de Jérusalem jusqu’aux extrémités de la terre (représentés par Rome). Ensuite au ch. 6, le choix des Sept survient afin que les apôtres ne délaissent pas le service de la Parole. On désigne donc des gens pour le service des tables… Or que font les gens ainsi désignés : Etienne le premier tout comme Philippe, le second nommé : ils annoncent l’Evangile. On aurait attendu que Luc dise comment ils ont veillé au service du frère ! Etienne fait une brillante démonstration de type avocat de la défense pour contester l’acte d’accusation porté contre lui (et contre Jésus) ce faisant, il porte la Parole de l’Evangile.


Philippe ensuite : on le voit porter l’Evangile en Samarie, puis auprès du trésorier de la reine d’Ethiopie et le baptiser et finalement arriver à Césarée. Ce qui caractérise Etienne comme Philippe, selon ce que Luc veut bien nous en dire c’est la parole d’annonce de l’un et l’autre… il était donc bien normal de caractériser Philippe comme évangéliste. En précisant l’un des Sept, il ne peut y avoir aucun doute sur la personne.


Je me permets d’attirer votre attention sur la ligne suivante : “Il avait quatre filles vierges qui prophétisaient”. Chez les premiers chrétiens on parlait de prophète pour désigner des personnes qui avaient charge d’expliciter les Ecritures, de faire comprendre la Parole de Dieu transmise dans la Bible, à la différence des "enseignants" ou "docteurs"  qui, eux, étaient chargés de transmettre l’enseignement de et sur Jésus (Actes 13,1). Or Paul ne les fait pas taire… peut-être était-il moins misogyne qu’on ne veut nous le faire croire. Peut-être aussi que certains prédicateurs des XXè et XXIème siècles sont plus allergiques à la place des femmes dans l’Eglise que ne l’était saint Paul ?

 

Comment se fait-il que les 4 filles de Philippe soient prophètes ?


Les 4 filles de Philippe prophétisent : et pourquoi pas ?

Par prophète au premier siècle, il faut entendre prophète au sens de personne qui explique les textes des Ecritures. Un autre mot, enseignant ou docteur, sera employé pour désigner les personnes qui reprennent l’enseignement donné par Jésus. La religion juive était réservée quant à la place des femmes dans la religion : c’était une affaire d’hommes. Il est probable que chez les premiers chrétiens, surtout en contact avec la civilisation greco-romaine, on ne s’interrogeait pas sur cette question. Les femmes sont plus présentes qu’on ne le pense, auprès de Jésus, dans les évangiles. (Lire aussi "qui sont “les femmes influentes”  ou les femmes et Jésus dans les évangiles)

 

Quelle était l'espérance d'Israël ? (28,20)
 

 

Le contexte précis de cette expression peut aider à comprendre. Paul explique les origines de l’arrestation et comment cela s’est passé au tribunal du Sanhédrin 23,6. Il a été arrêté et sommé par l’assemblée juive de s’expliquer. Habile en procédure de rhéteur, Paul utilise un stratagème qui va diviser ses accusateurs : je suis ici emprisonné pour avoir défendu la résurrection. La question était débattue chez les juifs, et le courant sadducéen la niait. La pagaille envahit le sanhédrin si bien que gouverneur est obligé de mettre Paul à l’abri, tant les accusateurs s’excitent. Ensuite Paul redit sa foi en la résurrection devant Tertullus à Césarée (24,15). !

 

Pourquoi le terme de secte est-il employé ?
 

 

Il faut se placer du côté des opposants juifs qui contestent toute parole au nom de Jésus (c’est déjà vrai lors de la première arrestation, ch.4), au fil des ans, ce groupe de disciples de Jésus devient inacceptable pour les juifs : ces gens divisent la nation juive, c’est une secte ! (Ac 24, 5)
Le mot secte est une traduction qui exprime le sentiment péjoratif que certains, juifs et romains avaient envers les chrétiens, ceux-ci étant considérés comme une déviance du judaïsme, un courant qu’il ne faut pas suivre. Les juifs attendait le messie à la fin des temps, alors que les chrétiens affirment qu’il est arrivé en la personne de Jésus. Certaines traductions préfèrent traduire par le mot grec “la Voie” (cf. Ac 9,2), le christianisme étant alors considéré comme un chemin spirituel particulier… Le mot secte n’a pas exactement le même sens qu’il a de nos jours. Il ne faut pas oublier que le Judaïsme était beaucoup moins rigoureux, rigide que nous sur ce qui est “le bon chemin” et “hors des clous”. En effet, il tolérait, bien plus que nous, des divergences, des courants divers, alors que nous, ou bien c’est blanc ou bien c’est noir, sans discussion. Parmi les courants : sadducéens, scribes et pharisiens, esséniens, baptistes, zélotes, etc. peu à peu, le christianisme, jusqu’alors considéré comme un courant messianique, sera exclu des courants juifs tolérés. Cela se fera vers +90 à l’assemblée de Jamnia présidée par des pharisiens.

 

On ne connait pas la réaction des soldats


La première explication, c’est que cela n’intéresse que très peu Luc de raconter les réactions des gens que rencontrent les premiers chrétiens (les prêtres de Jérusalem, les païens de la ville de Lystres, etc.). Luc “se contente” de décrire la progression de l’annonce de la Parole, de Jérusalem à Rome ‘Ac. 1,8), se souciant peu des sentiments et psychologies des gens, (la psycho comme la sociologie ne faisait pas partie des centres d’intérêts des rédacteurs d’histoire à cette époque).
Ensuite, nous avons tendance aujourd’hui à survaloriser la dimension subjective de tout évènement. Enfin, nous avons tendance aujourd’hui à survaloriser –tout en la rejetant- l’existence de guérison de type inexpliquées aux temps anciens par des guérisseurs (en Israël et en monde païen). Ne pas oublier que la médecine n'est pas moderne, et que nombre de personnes usaient des dons particuliers, certains parlent de miracles, parce qu'à première vue c'est inexplicable; c’est notre mentalité moderne qui a fait du miracle quelque chose de très extraordinaire, alors que c’était assez fréquent autrefois. Voir trois notes FAQ, : Récits de guérisons chez Juifs et païens;   Soigner - Guérir ; Jésus n’arrête pas de faire des miracles ! Cela nous dérange !.

 

Un énorme voyage, pas facile, semé d'embuches, irréaliste !


 Une première lecture du dernier voyage de Paul, de Césarée à Rome et de la tempête entraine cette impression, tant le récit est bien ficelé. Il nous faut une seconde, voire une troisième lecture pour découvrir le talent d’écrivain de Luc pour nous peindre la figure de l’apôtre, "prisonnier, naviguant vers Césarée - Emplacement du palais où Paul fut conduit Césarée palais du gouverneur  
Césarée - Emplacement du palais où Paul fut conduit
Césarée - Emplacement du palais où Paul fut conduit
son destin". Pour Luc il ne s’agit pas d’un destin, mais de rendre compte d’une présence divine qui accompagne l'homme d’action qu'est Paul. Faut-il parler de texte romancé? Ce serait exagéré!  La précision des détails (termes techniques, manoeuvres d'échapppement) montre le travail d'un connaisseur. Peu à peu on voit Paul prendre de l’ascendant, devenir le maître à bord du bateau… c’est irréaliste qu’il prenne la place du capitaine, sauf si Luc a une idée dans la tête : par-delà la réalité qu’il décrit, il dépeint la responsabilité de Paul et de l’Eglise dans la tempête, appelés à apporter le salut à tous et soutenus pas la providence divine. N'oublions pas qu'en tout cela Luc y voit l'oeuvre de l'Esprit, car Paul est appelé à témoigner jusqu'à Rome.

 

Beaucoup de détails de navigation très précis. Pourquoi ? A quoi cela sert-il.


Modèle de bateau pour navigation fluviale, 1er siè Modèle de bateau pour navigation fluviale, 1er siè  On pourrait dire d’abord que Luc montre qu’il est un écrivain compétent, expert en descriptions de voyages sur terre, mais aussi en marine. Cela fait penser aux écrivains grecs, pourquoi pas l’Odyssée et autres récits de voyageurs ? On peut aussi penser à la barque des disciples sur la mer de Galilée, affrontée à la tempête. Finalement Paul sur le bateau au milieu de la tempête n'est-ce pas à relieer avec l'image de la barque qu'est l'Eglise au milieu des tempêtes?

 

   On peut donc en dire plus : ancre marine en bois,1er siècle ancre marine en bois,1er siècle  images de voyage, de naufrage et de délivrance, c’est à lire au sens littéral d’abord, c'est aussi à interpréter dans leur dimension symbolique. Paul devient la figure chrétienne au milieu des païens et au milieu de la tempête ; c’est par lui que le salut de Dieu est accordé à tous. Un détail devait attirer notre attention : “Il faut que l'équipage soit présent dans le bateau pour que tous soient sauvés”. Cela revient à dire : "c’est tout le monde ou personne. On ne se sauve pas tout seul en abandonnant les autres !" Telle est la position du chrétien qu’est Paul, au milieu de la tourmente Cette position devrait encore être valable pour aujourd’hui.

 

Navires dans la  tempête. Marbre 3eme s. Navires dans la tempête. Marbre 3eme s.  Sur le bateau, Paul rompt le pain et fait comme le Christ le soir du jeudi saint. Cela se passe  devant les païens, en pleine tempête ! Il y a donc un deuxième sens à ce récit. Comparer avec la multiplication des pains, Luc 9. Cela devrait nous rappeler d'autres parallélismes dans l'Ecriture des Actes, à l'image de ce que fut le Christ... ainsi doit être le disciple.

 

Nous sommes étonnés de la fin si brève du dernier chapitre !


4 lignes pour résumer les 2 années passées à Rome, alors que les discours et pérégrinations de Paul occupent des pages ! Qu'est devenu Paul?
Certains trouvent que Luc aurait été “rapide” sur la fin. Sans doute nos attentes ne correspondent-elles pas à ce que Luc souhaitait porter à notre connaissance. Nous souhaitons connaître la vie, la biographie des différents acteurs de cette histoire. Pour Luc, Jésus est lumière des nations (parole prononcée par Syméon lors de la présentation de Jésus au Temple, Lc ch.2). Il importe à Luc que soit proclamée partout la Bonne Nouvelle que "le Royaume de Dieu s’est approché de nous".

 

En regardant l’œuvre littéraire de Luc, depuis le début de l’Evangile jusqu’à la fin des Actes, nous constatons que le projet est arrivé à sa réalisation, puisque la Parole, annoncée dans une bourgade de Bethléem à des bergers, est arrivée aux extrémités de la terre : le salut est réellement annoncé aux païens, et eux ils entendent, Acts 28. Les Actes ne sont donc pas la biographie de Pierre, ou de Paul, ou d’Etienne etc… ces personnes apparaissent à un moment du parcours de la Parole, de Jérusalem à Rome. Notre curiosité sur Paul n’est pas satisfaite, cela nous gêne. Luc avait une autre ambition.
 

Concernant la fin de Paul, on ne sait pas. Précisons que lors de la discussion de Paul avec les Juifs de Rome, ch. 28, on apprend que rien n’a été transmis jusqu’à Rome, concernant l’acte d’accusation contre Paul procédure ouverte à Jérusalem. Donc, en toute logique, au bout de 18 mois-2 ans, le tribunal, faute d’accusation contre Paul, l’a relâché. Certains supposent que Paul est retourné voir les communautés en Grèce, mais lorsqu’il a appris la persécution contre les chrétiens de Rome sous Néron, (chrétiens qui avaient accueilli Paul durant au moins deux ans), il serait retourné à Rome les soutenir, c’est là qu’il aurait été arrêté et exécuté.

 

Paul ne devait pas avoir le moral à la fin de sa mission ?

 

bronze, contemporain de Paul. Musée de Arles Esclave prisonnier, premier siecle  
bronze, contemporain de Paul. Musée de Arles
bronze, contemporain de Paul. Musée de Arles
L’échec avec les juifs, sa situation de prisonnier ne doit pas l’encourager. Mais il a déjà exprimé dans ses lettres : tout cela je le supprote à cause de Jésus. Luc n’aborde pas les dimensions subjectives ni la psychologie de ses personnages. Ce sont des notions modernes complètement ignorées des écrivains antiques.

 

Cependant au détour d’une phrase on peut supposer que Pau ait pu ne plus avoir le moral. C’est exprimé au moment où les chrétiens de Rome le rejoignent : Ac 28,15 “Les frères de cette ville, informés de notre arrivée, vinrent à notre rencontre jusqu'au Forum d'Appius et aux Trois-Tavernes. En les voyant, Paul rendit grâces à Dieu et reprit courage” ; sous entendu avant, il n’avzait plus trop de courage… mais avec l’arrivé de la communauté, Paul se sent à nouveau soutenu. Au long de ses missions, Paul n’a jamais été vraiment seul. Des frères l’accompagnaient. Mais là posant le pied sur la botte italique, il a pu rpendre la mesure de ce qui lui arrivait. Mais le fait de se retourver accompagné par une communauté lui redonne du peps pour continuer malgré les obstacles.

 

 

Paul qui est-il ?

 

Quelqu'un résumait ainsi: "On le découvre juif, en formation à Jérusalem auprès de Gamaliel, défenseur intransigeant du judaïsme, mais aussi citoyen romain qui se fait respecter comme tel. Il est pharisien il parle en araméen, connait le grec ; il a ensuite défendu la personne de Jésus et la foi chrétienne passionnément... On a l'impression qu'il a quelque chose à voir avec chaque " clan ". Quelle que soit la personne à qui il s'adresse : il parle de Dieu, du Dieu de chacun ....

Paul est têtu : il ne cesse de dire et redire .il affirme que Jésus est celui que les juifs attendaient et qu'ils refusent de reconnaitre. On a l'impression qu'il embobine les gens en racontant son parcours : il était Juif pratiquant comme eux , il a fait périr ceux qui suivait " la secte " mais il y a eu le chemin de Damas. Beaucoup de détails dans les récits nous rendent le texte confus mais cela permet peut-être de situer historiquement "

 

Paul, qui est-il donc? Il est tout cela! C’est un homme né à Tarse, ville qui a reçu la citoyenneté romaine pour avoir ouvert les portes à l’armée romaine. Le titre de citoyen romain (comme habitant de Rome) est donné à tous ceux qui y naissent. Paul est donc un Tarsien citoyen romain. Sa famille est juive et donc lui-même est juif. Il reçoit une formation “universitaire” en perfectionnant ses connaissances de la Bible à Jérusalem. Parmi ses maîtres, Gamaliel (tout comme on envoie des jeunes faire leurs études à la catho de Paris, ou à la grégorienne à Rome…).

 

Sa langue : il connait l’hébreu (langue de bas d l’Ecriture juive. Il connait le grec (langue connue dans le pourtour méditerranéen. L’araméen était (et est restée) la langue commune des peuples issus sémites (Palestine, Syrie, Phénicie, une partie de la Turquie etc.… Aujourd’hui, les chrétiens d’Irak parlent encore l’araméen, leur langue maternelle). Jésus parlait l’araméen. Une langue appelée Koinè (on pourrait dire aujourd’hui “le franglais”) était une langue de brassage des différentes populations du basson méditerranéen, qui permettait aux gens de se comprendre au-delà de leur propre langue. Paul, toute sa vie est resté juif, pharisien de stricte obédience, fidèle en tout à la loi juive. La seule distinction entre Juifs et chrétiens portait sur le fait de dire le Messie est venu, et c’est Jésus, alors que les juifs disent toujours : le Messie doit venir et nous l’attendons. C'est seulement les années 80 qu’il y a rupture définitive entre le judaïsme (essentiellement dirigé par des pharisiens) et les chrétiens (composé de juifs et de païens reconnaissant en jésus le Messie). Cela est décidé à l'académie (assemblée)n de Jabné, à l'ouest de Jérusalem.

 

Dans une lettre, Paul précise la signification de cette multi-appartenance, qui n’est pas contradictoire : 1 Co 9, 19-23 : "Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait l'esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre. Je me suis fait Juif avec les Juifs, afin de gagner les Juifs; sujet de la Loi avec les sujets de la Loi -- moi, qui ne suis pas sujet de la Loi -- afin de gagner les sujets de la Loi.Je me suis fait un sans-Loi avec les sans-Loi (païens) -- moi qui ne suis pas sans une loi de Dieu, étant sous la loi du Christ -- afin de gagner les sans-Loi. Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l'Evangile, afin d'en avoir ma part".


Quand certains disent que c’était facile pour lui, je n'en suis pas si sûr. On a beau avoir la foi, hier comme aujourd’hui, cela n’empêche pas d’avoir des difficultés, des doutes, de les subir. S’imaginer que Paul étant en communication directe avec l’Esprit-Saint…. C’est oublier qu'il étair humain out comme nous. C'est aussi oublier que le texte est écrit par Luc, 20 ou 30 ans après les évènements, qu'il y a eu un  exercice de relecture, ou il est alors plus facile de dire "L’esprit saint =était avec lui". Mais sur le moment…. Paul a dû chercher son chemin, ses réponses. Paul aussi a eu des “baisses de régime” par exemple, quand Luc écrit l’instant de la rencontre des chrétiens de Rome venus à la rencontre de Paul : Ac 28, 15 “En les voyant, Paul rendit grâces à Dieu et reprit courage” j’interpréte cela comme signe qu’auparavant,il avait quelque peu perdu courage !

 

 Paul, les Juifs et les païens

 

Tout au long de ses missions, Paul rencontre l'oppositiondes Juifs qui refusent son enseignement sur Jésus. Ils le poursuivent même de ville en ville. Cela avait commencé déjà à Damas. A Antioche, il fait le choix de se tourner vers les païens. Pourtant jusqu'au bout, Paul commencera par aller à la rencontre de ceux qui le rejettent.
Toujours les mêmes reproches lui sont adressés: Jésus n'est pas le Messie et le salut n'est pas destiné aux païens. La position des chrétiens, pas seulement de Paul, est d'affirmer que tous, Juifs et païens, ont accès au salut en Jésus-Christ. Jusqu'au bout, Paul aura cherché la rencontre des Juifs. Même arrivé à Rome, sa première démarche est de prendre rendez-vous avec eux. Toujours il aura désiré qu'ils découvrent en Jésus le Messie de Dieu. Que ne donnerai-je, y compris ma propre vie, poour qu'ils se convertissent. Hélas, le constat que fait Luc à la fin des Actes ressemble a celui déjà fait par les prophètes: ils ont des yeux et ne voeint pas, des oreilles et n'entendent pas. Ce n'est pas une excuse, seulement un constat en forme de regret. On se souvient: "C'était à vous d'abord qu'il fallait annoncer la parole de Dieu. Puisque vous la repoussez et ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien ! nous nous tournons vers les païens" Ac 13,46. On retrouve semblable expression en conclusion du livre des Actes: "C'est que l'esprit de ce peuple s'est épaissi... Sachez-le donc : c'est aux païens qu'a été envoyé ce salut de Dieu. Eux du moins, ils écouteront."