Osez la fraternité

Journée départementale du Secours Catholique

osez la fraternite osez la fraternite   Lors de sa journée départementale 2011, le Secours catholique a mis en valeur la fraternité. Bien qu'elle soit inscrite dans la devise de la République, la fraternité est une valeur humaine qui doit se vivre au plus profond de chacun, sans avoir recours à une loi quelconque. Les nombreux témoignages qui se sont succédé au cours de la journée ont montré qu'au delà des aides d'urgence, l'accompagnement des familles est efficace et durable quand des liens fraternels se tissent entre les partenaires. Ils se confient, ils se comprennent, ils se font confiance… Les personnes qui poussent la porte du Secours catholique ne cherchent pas nécessairement une âme charitable. Elles souhaitent avant tout retrouver la dignité.

 
Christiane est une fille de l'assistance publique. Elle s'est mariée deux fois. Deux fois elle est tombée sur un alcoolique. Deux fois, elle a été battue. Elle ne pensait pas qu'en demandant une aide au Secours catholique pour régler une facture d'eau, elle se serait engagée elle-même dans la solidarité. Chaque année, elle fait du porte-à-porte avec les enveloppes de don. Elle va plusieurs fois par semaine à Calais ou à Tatinghem pour accompagner les migrants. La situation financière de Christiane n'est sans doute pas enviable, mais elle sait qu'elle a maintenant sa place dans la société.
 
Martine a également partagé sa vie avec un homme violent. Sa fille est elle-même violente, notamment avec sa mère et ses cinq enfants qui lui ont été retirés. Martine a essayé de s'en sortir en aidant l'entreprise de son second mari. Mais un camion en panne a mis par terre tous les projets. Ils ont tenté de reprendre un café. Une initiative qui les a enfoncés un peu plus. Ils vivent dans le commerce, tous volets fermés à cause de la liquidation. Les effets du manque de lumière ne se sont pas fait attendre : Martine lutte contre la dépression. « Heureusement que je vais au Secours catholique. Il y a des gens qui m'écoutent et j'ai la joie de pouvoir donner des conseils : en cuisine, pour les courses… »
 
L'abbé Dominique est arrivé au Secours catholique un peu par hasard. Comme les horaires de l'accueil correspondaient avec ses disponibilités, il s'est engagé à aider les migrants. Il ne supportait plus de constater qu'ils étaient plus souvent accueillis par les CRS que par la population. Il brave les interdits en transportant dans sa voiture les réfugiés dont les camps ont été éloignés de la ville. À force de fraterniser, il s'est rendu compte de détails qui lui échappaient : les migrants préfèrent être servis en eau plutôt qu'en café pour se laver les mains et le visage avant la prière.
 
Quand il s'agit d'accueillir, la fraternité n'est pas une notion à négliger. Menacée par les tentations communautaristes et individualistes, notre société engendre la solitude, l’anonymat et l’exclusion des plus vulnérables. Une société qui n’intègre pas les frères à la dérive les exclut. ?Les témoignages de la journée départementale du Secours catholique ont montré tout le positif que l'on peut attendre de la fraternité.
 
Jean Capelain