Noël chaque jour

Edito Eglise d'Arras n° 21

 

Voici dans quelques jours déjà la fête de Noël. Il suffit de relire les évangiles de l’enfance pour voir l’accueil qui fut réservé “en ce temps-là”. Matthieu fait comprendre que Hérode, les grands-prêtres et les scribes du peuple et tout Jérusalem ne se sont guère déplacés pour accueillir la bonne nouvelle. Il n’est pas difficile de voir se déjà profiler le jugement qui sera fait au temps de Pâques par les grands-prêtres et les chefs du peuple et un descendant d’Hérode, quand Jésus leur sera amené enchaîné et qu’ils le déclareront hors-la-Loi.


L’évangéliste Luc lui aussi laisse entendre qu’il n’y eut pas un très bon accueil pour le couple Marie et Joseph à Bethléem. Seuls quelques bergers des environs, hommes de peu de réputation ont fait le déplacement. C’était hier ; mais faut-il pour autant se réjouir de la facilité avec laquelle nous préparons Noël. Nous sommes embarqués dans le vacarme et les lumières de nos villes au point qu’il nous faut faire effort pour savoir qui est Jésus pour nous, et où il est aujourd’hui. Nous avons mis tant d’empressement à ce que soient réussis ces jours de fête que nous serions bien mal inspirés de ne pas souhaiter mettre nos pas à la suite de Jésus, l’Emmanuel, c’est-à-dire Dieu au milieu de nous.

 

Dès les premiers chapitres de son Evangile, Marc nous présente quelles furent les fréquentations de Jésus, de qui il se rendait proche. Matthieu aussi consacre tout un chapitre (ch.8) à exprimer les relations de Jésus avec nombre de gens en souffrance. Etre configuré au Christ, selon une expression théologique, ou mettre nos pas à sa suite, selon une image biblique, n’est-ce pas aller à la rencontre de ceux dont le Christ s’est voulu familier ? Que le pape au Bénin s’indigne de l’irrespect des sociétés modernes à l’égard de ceux qui n’ont rien devrait éveiller nos esprits et nos cœurs afin que grandisse le monde d’amour, de justice et de paix qu’a instauré le Christ en notre monde : “que ta volonté soit faite, que ton règne vienne…”

 

Par nos mains ouvertes devant la crèche nous porterons à l’enfant Jésus les cadeaux de notre vie, ce que nous aurons fait pour tracer le chemin de son amour au milieu de nos chemins, qu’ils soient tordus ou de traverse. Les chrétiens que nous sommes ne sont-ils pas appelés à vivre trois attitudes en une : annoncer Jésus, rendre grâce à Dieu le Père, vivre à sa suite ? “Voici le temps où Dieu fait grâce à notre terre. Voici le temps de rendre grâce à notre Père. Prenons le temps de vivre en grâce avec nos frères.”


La litanie des gens en difficulté est longue et nous voudrions l’occulter pour quelques jours. Pourtant c’est vers eux que Jésus nous renvoie. Des rencontres diverses et des appels sont présentés dans les pages de ce numéro. Ils évoquent la famille, la catéchèse, la vie sociale, caritative ou associative, la rencontre des personnes malades, les luttes pour le service des derniers de nos société. Nos boîtes aux lettres nous sollicitent pour ce temps de Noël : vouloir Noël aujourd’hui est une bonne chose, souhaitons que tout soit fait pour que ce soit Noël chaque jour…

 

Parmi les vœux échangés ces temps-ci, ceux du Conseil diocésain de la vie religieuse peuvent très bien s’adresser à chacun et chacune : “Ne soyons pas des spectateurs de la crèche. Engageons-nous pour faire naître Dieu en nous et autour de nous.”
Abbé Emile Hennart