Qu'est-il plus facile pardon ou guérison

7ème dimanche ordinaire

Isaïe 43, 18-25 ; 2 Corinthiens 1, 18-22 ; Marc 2, 1-12


L’évangile de ce jour est assez connu : un paralysé porté par 4 hommes est amené devant Jésus. Or la première parole de Jésus est pour dire : “Tes péchés sont pardonnés”. Tumulte dans le cœur des quelques gardiens de la Loi présents : Ce Jésus blasphème !


En regardant de près la construction de l’Evangile selon Marc, nous n’en sommes qu’au début du second chapitre et déjà la condamnation est tombée, cette même condamnation qui sera prononcé devant le grand-prêtre Caïphe lors de l’arrestation de Jésus. Bien sût il faut regarder le merveilleux que contient cet évangile, guérison du cœur et guérison du corps, confiance des porteurs inconnus et plus encore du malade qui a su mobiliser des amis pour faire le déplacement. Mais il ne faut pas oublier que ce même récit comporte déjà l’accusation fatale contre ce Jésus qui dérange. La sentence sera donnée au début du chapitre suivant : les pharisiens sortirent et se mirent d’accord avec les partisans d’Hérode contre Jésus, pour voir comment le faire périr.


L’annonce de la Bonne nouvelle par Jésus, tout au long du premier et deuxième chapitre de Marc, c’est la rencontre avec des gens de toute condition sociale, mais davantage de condition pauvre et, plus ou moins, exclue. Cela dérange les bonnes gens pour qui le Christ fréquente trop les gens de peu, les gens de rien. Les critiques acérées contre Jésus entraineront cette réponse édifiante : ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades.


Tout au long de son histoire, l’Eglise qui hérite du message de Jésus aurait dû se tourner de préférence vers les personnes que la vie n’a pas gâtées. A toutes les époques, il y eut des chrétiens qui ont ouvert leurs yeux et leur cœur. On peut penser à saint Martin, à François de Paul, à Frédéric Ozanam. On peut aussi penser à Léon XIII qui a provoquer l’Eglise à s’intéresser davantage à la question sociale au moment du modernisme naissant qui fabriquait les esclaves des temps moderne… On peut aussi penser au bon pape Jean XXIII qui a souhaité que l’Eglise ouvre portes et fenêtres (et pourquoi pas le toit comme au temps de Jésus?) pour que se développe le dialogue de l’Eglise avec celles et ceux qui en sont éloignés. Que n’a-t-on dit contre ce pape et son concile ! Les critiques à son égard ressemblent fort à celles lancées à l’égard du Christ Jésus. Ces critiques contre ceux qui désirent l’ouverture et oeuvrent pour le social, ce sont les mêmes critiques adressées à Jésus : il fréquente les pécheurs et les publicains… il ferait mieux de dire ses prières et de faire l’adoration du saint-Sacrement ou de vénérer les saintes huiles, plutôt que de fréquenter la racaille ! Mais si le Christ revenait aujourd’hui, en pensez-vous pas qu’il se retrouverait dans le 9.3 ou dans les banlieues plutôt qu’en des lieux plus huppés ?


A ceux qui auraient tendance à “faire dans le spirituel”, Jésus remet les choses à égalité : "qu’est-il plus facile de dire : tes péchés sont pardonnés ou lève-toi…?" Pensons aussi au ch. 25 de Matthieu, où Jésus s’est identifié au pauvre, au malade : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits… c’est à moi que vous l’avez fait. Souvenons-nous en, en particulier cette année où l’Église de France provoque l’attention sur le service du frère : repérer les fragilités et les merveilles qui vous entourent… la diaconie est inséparable de l’annonce et de la célébration liturgique. EH