Le don du Fils bien-aimé

Deuxième dimanche de carême

Genèse 22, 1-18 ; Romains 8, 31-34 ; Marc 9, 2-10
 

Dans notre marche vers Pâques, les lectures de ce deuxième dimanche de carême invitent à méditer la figure du Fils bien-aimé, don du Père pour toute l’humanité : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le”, est-il confié à la fin du récit de transfiguration. Que s’est-il réellement passé là-haut, sur la montagne ? Comme dans tous les récits de la Bible, ce lieu signifie le lieu de la rencontre avec Dieu. Il en était ainsi dans les récits de Moïse, puis d’Elie. Sans doute les disciples étaient-ils partis avec Jésus pour un temps de prière et de méditation, à l’écart des foules.

 

Ce temps devient un temps où ils vont reconnaître que Jésus est plus que l’envoyé qu’ils attendaient, comme bien des croyants de leur temps. Ils découvrent un peu de sa relation avec Dieu, elle est signifiée par les vêtements resplendissants ; elle est signifiée par la nuée, qui rappelle le temps de Moïse. Cette relation est aussi signifiée par la présence de Moïse et Elie, les dépositaires de la Parole de Dieu. “On est bien ici” dira Pierre à Jésus, avant que tous trois ne reçoivent Voix de la nuée. Dans leur extase, ils comprennent fugitivement que Jésus est le don de Dieu pour que tout homme ait la vie. “Je suis le chemin, la vérité, la Vie, avait-il dit, mais l’avaient-ils compris ? Les allusions aux souffrances et à la mort du Christ, à sa résurrection pouvaient-elles être comprises ? Sans doute pas. C’est parce qu’ils sont allés au bout du chemin de Jésus, avec Lui, qu’ils ont pu comprendre que le don de Dieu est sans retour, donné pour toujours.

 

Le missel offre comme première lecture le récit d’Abraham prêt à sacrifier son fils. Le christianisme, dès les premiers temps a vu en Isaac la figure du Christ… mais il est plus rare qu’elle reconnaisse en Abraham la figure de Dieu qui donne sans retour. Le caractère scandaleux du sacrifice d’Isaac a fait oublier le sens du don manifesté dans l’attitude d’Abraham, don de son fils à l’image de Dieu qui donne Jésus, son propre Fils. Le sacrifice d’Abraham est présenté par l’Ecriture comme immense source de bénédictions : Je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer… Parce que tu m’as obéi, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. A sa manière saint Paul ne di rien de différent quand il reconnait qu’en Jésus livré pour nous, tout nous est donné, que chacun est justifié, car désormais c’est Jésus qui intercède pour nous.


Dans notre marche vers les célébrations de Pâques, mettons-nous quelques instants à l’écart pour méditer la figure du Christ Fils de Dieu qui nous est donné. En Lui, tout nous est donné. Encore faut-il prendre le temps de mesurer le don de Dieu pour que vive l’humanité. Temps de carême, temps pour nous retourner vers le Père, temps pour reconnaître son amour malgré la sécheresse de notre cœur, les doutes de notre esprit, et notre lenteur à marcher à sa suite. E.H.