Messie crucifié et puissance de Dieu

3ème dimanche de carême

Exode 20, 1-17 ; 1 Corinthiens 1 22-25 ; Jean 2, 13-25

 

Le texte le plus important à méditer aujourd’hui est aussi le plus court des trois textes. En quelques mots saint Paul recentre la foi des chrétiens : la proclamation du Christ mort et ressuscité. Cette foi n’est ni une sagesse, ni la recherche de signes, c’est la conviction que cet homme Jésus, crucifié par les hommes est bien le Messie, l’envoyé de Dieu pour le salut du monde.

 

Parmi les mises au point voulues par les évêques lors du concile Vatican II, (constitution sur la Liturgie), il y avait la remise au centre de l’univers liturgique du mystère pascal : le cœur de la liturgie, c’est la proclamation du Christ mort et ressuscité. Déjà Pie XII mais aussi, avant lui, Pie X et Pie XI avaient souhaité que le culte redevienne un témoignage de foi au mystère pascal, trop enfoui dans des rites et pratiques qui ne disaient plus rien du cœur de la foi pour les assistants aux offices.

 

On retiendra encore la première proclamation de saint Pierre au jour de la Pentecôte : « Ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité. Nous en sommes témoins ». C’est le même langage que saint Paul, sans aucune fioriture… peut-être vaut-il la peine de remettre de l’ordre dans l’accumulation de nos croyances : tout n’est pas du même niveau, et bien des hommes de bonne volonté sont rebutés par la multiplication des affirmations oubliant de les hiérarchiser. Puissions-nous profiter de ce temps de carême pour remettre de l’ordre, ne serait-ce qu’en relisant la profession de foi dite symbole des apôtres. C'est le plus important qui y est rassemblé.

 

L’évangile de ce dimanche est bien connu sous le titre de “Jésus chasse les vendeurs du Temple”. Il est important de situer le contexte de ce geste prophétique. En effet le roi Hérode avait entrepris la restauration du second Temple en faisant réaliser de somptueux travaux. Plus que restauration il faudrait dire nouvel édifice. Pendant plus de 40 ans des milliers d’ouvriers ont travaillé à cette construction et cela n’était pas terminé au temps de Jésus. C’était la fierté pour tout Israël d’avoir un tel édifice pour son Dieu et il ne pouvait que s’en réjouir. Cependant cette magnifique construction était devenue objet de spéculations financières autant que religieuses, et le personnel du Temple (les prêtres et lévites, mais aussi les petits amis chargés de vendre les offrandes et d’échanger les monnaies) en avaient fait une source non négligeable de revenus… incitant même les pèlerins à donner un peu plus : c’est pour une bonne œuvre disait-on ! Jésus ne pouvait laisser passer ce détournement de la foi des petites gens par les professionnels du Temple, d’où son cri : “vous avez fait de la maison de mon père une maison de brigands”.


L’évangéliste Jean place cet épisode au tout début de la vie publique de Jésus, à la différence de Matthieu, Marc et Luc. Ce faisant il introduit de manière symbolique la signification de la vie de Jésus : purifier notre compréhension de la relation à Dieu : elle n’est pas affaire financière mais offrande du cœur. Cela sera rappelé par le Christ lui-même quand il fait observer à ses disciples les deux petites pièces de monnaie mises dans le tronc par une pauvre veuve : “Vraiment, je vous le dis, cette veuve qui est pauvre a mis plus qu'eux tous. Car tous ceux-là ont mis de leur superflu dans les offrandes, mais elle, de son dénuement, a mis tout ce qu'elle avait pour vivre.” Luc 21. Les disciples, quant à eux, étaient plus attirés par les dons des gens importants... N’arrive-t-il pas aux disciples d’aujourd’hui d’être davantage distraits par de belles et grandes cérémonies, oublieux de ce qui se passe au cœur et dans la vie de petites gens ? EH