Ainsi l'on comprenait la lecture

3ème dimanche ordinaire

Néhémie 8, 1-10 ; 1 Corinthiens 12, 12-3 ; Luc, 1, 1-4 et 4, 14-21
 

La liturgie de ce 3ème dimanche nous donne d’entendre ce qui est considéré comme la première homélie de Jésus dans la synagogue de Nazareth. On ne sera pas étonné que lui soit donné le Livre pour la lecture du jour, puisqu’il s’était absenté quelques semaines (ou mois) et que c’était la coutume. La seconde partie de ce récit nous est réservée pour dimanche prochain. L’évangéliste Luc place en tête de son évangile un récit qui donne le ton à l’ensemble de la mission de Jésus.

 

La citation d’Isaïe est rapportée aussi par les autres Evangiles, en d’autres circonstances : les aveugles voient, les boiteux marchent…. Comme tout bon commentateur des Ecritures, le prédicateur du jour n’oublie pas que la lecture n’est pas un simple rappel du passé, mais qu’elle doit contenir un enseignement pour l’aujourd’hui. Ce que fait Jésus, mais en s’attribuant à lui-même ces paroles. Faut-il parler d’orgueil démesuré ? Ne faudrait-il pas mieux affirmer que la mission de chacun là où il est consiste à donner un peu de guérison, de bonheur là où il est, à l’égard des personnes qu’il rencontre.


Tout baptisé n’est-il pas à contribuer à remettre debout la personne blessée, humiliée, à ramener la brebis égarée, à redresser les chemins difficiles ? On ne peut donc reprocher à Jésus de vouloir et de faire le bien autour de lui ; Lequel d’entre nous ne pourrait-il être heureux de prononcer la dernière phrase : Cette parole, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. Jésus a-t-il prié longuement, a-t-il multiplié les gestes de dévotion comme savaient les faire les scribes et pharisiens hier, leurs disciples aujourd’hui ?

Non, cela n’est pas rapporté. Il a simplement manifesté que ses actes étaient en rapport avec les Ecritures, surtout en ce qui concerne l’attention au prochain. Matthieu l’avait expliqué à sa manière : “Ce n'est pas en me disant : Seigneur, Seigneur, qu'on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c'est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux” Mt 7, 21.
 

C’est ce que dira l’apôtre Paul dans sa lettre au Corinthiens, ch. 13, quand il reproche aux Corinthiens de vouloir faire des miracles et des choses extraordinaires pour se montrer supérieurs, oubliant que ce qui est premier, c’est la charité. Le ch. 12 que nous avons lu en seconde lecture correspond à cette attitude de service les uns envers les autres comme membres d’un même corps bien que chacun soit différent.


Pour conclure, reprenons ces quelques lignes de la première lecture : Les lévites traduisaient les écritures, en donnaient le sens en sorte que l’on pouvait comprendre ! Ainsi devait-il en être de toute lecture, de tout geste sacré : être fait pour qu’il puisse être compris par le peuple assemblé. Il aura fallu bien du temps aux monseigneurs des temps anciens pour oser donner la Parole au Peuple de Dieu de façon compréhensible et pour souhaiter que les gestes de la liturgie soient compréhensibles par les béotiens, c’est-à-dire par les profanes qui ne sont pas initiés aux arcanes du sacré.

 

Inconsciemment les gens d’Eglise reproduisent des manières de faire qui déroutent les petites gens. Dommage, mais peut-on espérer un renouvellement des coeurs? Pourquoi croyez-vous que Jésus était apprécié des petites gens qui se sont approchées de lui ?
EH.