Vous êtes ambassadeurs du Christ

4ème dimanche de carême

Josué, 5, 10-12 ; 2 Corinthiens, 5, 17-21 ; Luc 15, 1-32

 

Quand sommes-nous pardonnés par Dieu ? Avant même que nous ne le lui ayons demandé ! Telle peut être la réponse donnée par la belle parabole du père et de ses deux fils, lue ce dimanche. Que faut-il faire pour avoir le Vie de Dieu ? C’est un don de Dieu, c’est gratuit, fait comprendre Matthieu (19, 16 et 25-26). C’est faute d’avoir reconnu de quel grand amour Dieu nous a aimés le premier que nous avons créé toute une religion de gestes et de rites. Certes, il faut des guides pour encadrer notre chemin, comme le rappelait Saint Paul à propos de la loi, mais le chemin du retour pris par le fils cadet, le chemin du pardon pris par le père pour aller à la rencontre de ce qui était perdu, ces chemins-là ne sont pas des prescriptions que l’on observerait, ce sont les fruits d’une méditation du fond du cœur. L’Evangile de Luc décrit le long chemin intérieur qu’il a fallu au fils pour se retourner vers son Père… et il n’osait même pas espérer un pardon. Du côté du Père dans cette parabole, nous voyons bien que le cœur ne s’est jamais séparé de son fils.

 

Nous pouvons ainsi mieux comprendre et méditer la parole de la seconde lecture où Paul écrit : “Tout vient de Dieu. C’est lui qui nous a réconciliés avec lui, par le Christ et il nous invite à travailler à cette réconciliation. Désormais nous sommes ambassadeurs du Christ”. L’image d’ambassadeur mérite d’être mieux étudiée. Un ambassadeur est celui qui favorise les liens entre deux entités en vue d’une meilleure entente, en vue de développer autant que possible des sentiments positifs de réciprocité. Ainsi en est-il de la mission confiée par Dieu à son Eglise, à chacun de nous : favoriser l’union des hommes avec Dieu et des hommes entre eux (Vatican II, Lumen Gentium § 1).

 

Ainsi le temps du carême est le temps favorable pour resserrer les liens entre Dieu et nous, et entre les hommes et les femmes de notre temps. Temps favorable pour mettre en œuvre toutes nos aptitudes d’ambassadeurs du Christ dans et pour le monde. Nous ne sommes pas chargés d’exclure untel et untel du Royaume, comme si nous avions mission de grand inquisiteur. Non ! Et si l’Eglise l’a fait dans le passé, ce n’était pas sa mission. Nous aurions dû aller à la rencontre de la brebis égarée, lui donner le désir de rejoindre les hommes de bonne volonté déjà rassemblés. Il n’est pas trop tard pour nous réconcilier avec Dieu et avec l’humanité souffrante, il n’est pas trop tard pour devenir ambassadeurs d’un Père qui aime et comprend. Ne soyons pas les ambassadeurs d’un Dieu courroucé !


Et méditant l’attitude du Père envers le Fils cadet, et du Fils, j’aime me souvenir de la manière dont un groupe de jeunes a compris l’histoire de Caïn et Abel : à la fin, disaient-ils, Dieu donne une deuxième chance à Caïn. Aurions-nous oublié que déjà, au tout début de l’Ancien Testament, Dieu avait redonné ses chances à l’homme pécheur, tout comme le père a redonné sa chance au fils cadet, parti et revenu… Heureux serons-nous de pouvoir vivre cette expérience.EH.