Pour qui le feu du ciel ?

13ème dimanche ordinaire

1 Rois, 19, 16-21 ; Galates 5, 13-18 ; Luc 9, 51-62

 

L’évangile de ce jour rapporte une suite de petites phrases du type sentences de Sagesse. La pensée de Jésus n’est vraiment pas comme la pensée des humains. Cela commence avec l’histoire des habitants de Samarie qui ne veulent pas que Jésus passe par chez eux, d’où la réaction des disciples demandant à Jésus de faire tomber sur eux le feu du ciel… Combien de fois les chrétiens, au cours des siècles n’ont-ils pas eu ce même souhait à l’égard des infidèles ? L’histoire des croisades fourmilles de paroles de pape ou d’abbé (Bernard de Clairvaux et d’autres) qui n’avaient que des paroles incendiaires à l’égard des Juifs rencontrés sur le passage des armées croisées, invectives à l’égard des musulmans devenus maîtres du pays d’Israël. Fort heureusement des fidèles du Christ eurent le courage de dénoncer ces paroles dites chrétiennes.

 

On pourrait aussi parcourir les pages catholiques des invectives contre les albigeois. Là aussi on parla de croisade et de volonté destructrice dans le sang et le feu. Plus proche de nous, la révocation de l’édit de Nantes témoigne d’un rejet sans complaisance de ceux qui ne pensent pas comme les bons chrétiens du Royaume de France… Plus proche de nous, n’y a-t-il pas aussi le sentiment sécuritaire qui se développe en accusant les musulmans d’être à l’origine de tous les maux de la terre… et ceux qui ne partagent pas les choix de vie des catholiques ?


Il est utile de considérer que l’attitude du Christ qui n’a pas les exigences des apôtres… Mais il sera très exigeant dans les lignes qui suivent à l’égard de ceux qui veulent devenir ses disciples et marcher à sa suite.

 

Trois situations, trois sentences où le Christ se montre exigeant envers ses disciples : cela commence avec la mise en garde de celui qui promet de suivre Jésus partout où il ira. Réponse : Les renards ont des terriers et les oiseaux des nids ; le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête… Ainsi en sera-t-il de ceux qui le suivront ! Deuxième sentence à l’égard de celui qui veut bien mais pose comme condition de pouvoir d’abord enterrer son père. Laisse les morts enterrer les morts. Cette sentence est choquante aux oreilles de beaucoup… pourtant si l’urgence est à la nouvelle évangélisation, pourquoi accepterions-nous de reporter au lendemain cette urgence ? Enfin, troisième sentence envers celui qui souhaite faire d’abord les adieux à sa famille. Là encore la réponse est sans équivoque : celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume.

 

Ainsi donc les exigences sont à l’égard de ceux qui le suivent et non à l’égard de ces païens de samaritains. C’et le monde à l’envers. Il est fort probable que beaucoup de bons disciples deviennent exigeant envers les hymnes d’aujourd’hui, n’ayant pas compris qu’ils sont très éloignés du Christ. Pourquoi les pasteurs et les disciples zélés devaient-il vouer au feu de l’enfer ceux qui ne fréquentent pas les églises, ou dont les pas sont fort éloignés de l’idéal des chrétiens. Le Christ fréquentait les pécheurs, à qui il ne faisait pas de reproches et se méfiaient de ceux qui avaient trop de zèle pour le Temple et ses rites sacrificiels.

Les petites phrases ciselées de Luc sont donc des provocations de la part du Christ et il nous faut les entendre dans toute leur rudesse.

 

La fin de la lettre aux Galates survient après que Paul ait “passé un savon” aux chrétiens de Galatie. Eux aussi s’étaient à nouveau entichés des multiples exigences de la loi ancienne dont le Christ les avait libérés. Mais aussitôt Paul parti vers d’autres terres à évangéliser, ils avaient oublié que le Christ était doux et humble de cœur, et ils enseignaient autour d’eux un fardeau lourd à porter, qui nje correspondait pas l’enseignement du Christ.
 

Ainsi donc à partir de l’évangile, comme à partir de la lettre aux Galates, nous sommes invités à vérifier si notre attitude envers les lointains de l’Eglise sont conformes aux attentes de Jésus ou du pape François, ou si, à notre tour, nous établissons des barrières douanières afin d’établir de la distance entre eux et nous… Pour qui sont les exigences ? EH