Jésus Verbe de Dieu

Comprendre l'expression de Jean : le Verbe de Dieu

Maison diocésaine de Raismes La Création  
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Dans le christianisme naissant, l'interprétation de Jésus comme "Logos" (Parole) de Dieu a été déterminante. L'une des plus hautes expressions est sans doute le Prologue du quatrième Évangile, inspiré du début de la Genèse (selon la version grecque): «Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre  (Genèse 1,1-5) et dont le rythme adopte trois grands mouvements: le Logos préexistant; 1-5, sa présence parmi les humains 6-15, son action de Fils unique 16-18.

 

Le Verbe, Dieu et le monde (.v. 1-5)
Cette première partie donne l'identité du Logos-Parole. La traduction latine Verbum a imposé le mot français «Verbe» au lieu de «Parole» (nous considérons ici qu'ils sont équivalents).
Dans la Genèse, Dieu crée par sa Parole. Celle-ci distingue, sépare et fait exister. Extérieure au monde, elle préside à sa naissance. Comme toute parole, elle émane de celui qui la prononce et la tradition juive, admirant son pouvoir, l'a parfois appelée « Sagesse», n'hésitant pas à la personnifier (Proverbes 8 ou Siracide 24).


Lui aussi personnifié, le Verbe n'existe pas pour lui-même. Tendu vers celui dont il vient, il se reçoit de Dieu en même temps qu'il se donne à lui. Intime avec le Dieu invisible, il est, de façon indissociable, maître d'œuvre de la création visible - «le ciel et la terre» de la Genèse laissant d'ailleurs place ici au «tout» et au «rien», seuls capables de dire un réel que l'œil humain ne peut voir, ni l'intelligence envisager.


Selon la Genèse, ce qui jaillit de la première parole divine, c'est la lumière (Genèse 1,3), lumière qui permet la mise en place de tous les éléments. Selon le Prologue, le Verbe unique établissant le lien entre Dieu et le monde, la lumière lui est connaturelle et se déploie en vie. Plus tard, le quatrième Évangile prendra soin de raconter comment Jésus est «la lumière du monde» (Jean 8,12) puis «la résurrection et Sa vie» (Jean 11,25).
Selon la Genèse, la lumière se détache sur l'horizon de la ténèbre originaire. Selon le Prologue, la lumière et la vie effectuent leur percée au milieu des ténèbres sans parvenir à les dissiper ou plutôt, sans être «comprises» par elles (plus loin on dira que le Verbe n'a pas été «reconnu»), l'objectif étant moins de «vaincre» que de «convaincre».


Le Verbe et les humains ( v.6-15)
C'est pourquoi le texte introduit le personnage de Jean [le baptiste], témoin de la lumière perçant les ténèbres (v. 6) et du Verbe fait chair (v. 15).
Le témoin ne se contente pas de voir, il parle. Sa parole ici vise «la» Parole, le Verbe unique qui «illumine tout homme» (v. 9). Encadrée par le témoignage de Jean [le baptiste], la deuxième partie du Prologue développe l'incompréhension ténébreuse (Le monde ne l'a pas reconnu», «les siens ne l'ont pas accueilli», v. 10-11) avant de mettre en valeur réception et foi (v. 12-13).
Dans le moment même où ils accueillent le Verbe, des humains renaissent et sont appelés « enfants de Dieu». Les lecteurs de l'Évangile trouvent là leur identité et le Prologue, dès lors, utilise le «nous» communautaire. Croisement inouï de trajectoires: eux «ne sont pas nés f...] d'un vouloir de chair», mais le Verbe, lui, «s'est fait chair» (v. 14). Désormais l'histoire du Verbe et celle de la communauté-nous s'entremêlent. Le Verbe n'est plus nommé que «Fils unique» révélant que Dieu est «Père» (v. 14 et 18).


Raconter Dieu (v. 16-18)
Enfin, au tournant de l'histoire du monde, le «Fils unique» prend le nom de Jésus (v. 16), nom qui fut face à celui de Moise, reliant et distinguant la Loi et le Christ, tous deux qualifiés de «grâce» divine.
Achevant sa description de l'itinéraire du Verbe qui est passé de la splendeur cosmique à la fragilité humaine alors que Dieu se dévoile comme Père, le Prologue conclut par ce qui justifie l'écriture du quatrième Évangile: «Dieu, personne ne l'a jamais vu; le Fils unique qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le faire connaître [ou raconter]» (v. 18).Jésus est le récit de Dieu. Un récit à lire et à relire...

Texte Jean 1,1-5:
(1) Au commencement était le Verbe et le verbe était tourné vers Dieu et le Verbe était Dieu.
(2) il était au commencement tourné vers Dieu.
(3) Tout fut par lui, et rien de ce qui fut ne fut sans lui.
(4) En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes,
(5) et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas comprise.
     Texte rédigé par Gérard Billon directeur du Service biblique Evangile et Vie
Le Service biblique Evangile et Vie, éditeur des Cahiers Évangile et de leurs Suppléments, donne dans chaque numéro du Monde de la Bible une lecture liée au thème de leur dossier principal.