Va et fais de même

15ème dimanche ordinaire

Deutéronome 30, 1014 ; Colossiens 1, 15-20 ; Luc, 10, 25-37.

 

Evangile bien connu que cette demande d’un docteur de la Loi : que dois-je faire pour avoir la Vie éternelle ? L’évangéliste précise que cette question était un piège tendu à Jésus. Lequel d’entre nous n’-t-il jamais eu envie de poser à Jésus une question dont on connaît la réponse ? La réponse de Jésus commence par un échange où Jésus fait dire la réponse par le questionneur lui-même. Il n’est pas difficile d’imaginer l’embarras de cet home qui se voit obligé de répondre à la question qu’il a lui-même posée.


La suite de la réponse que donne alors Jésus mérite d’être décortiquée, en commençant par observer le choix des personnages désignés par Jésus : un prêtre et un lévite reviennent du Temple où ils viennent d’accomplir leur service… mais ils dédaignent se tourner vers le blessé sur la route : ils ont déjà accompli leur travail au temple pourrait-on dire !

Un samaritain, c’est-à-dire un personnage déconsidéré par la classe religieuse juive, lui, s’arrête soigne et emmène le blessé à l’auberge. Désigner un étranger comme accomplissant toute la Loi devait être difficile à accepter de la part du personnel religieux du Temple, et pourtant ! Peut-être ne connaissait-il ni ne respectait-il pas les 613 commandements édictés par les scribes et pharisiens, prêtres et grand-prêtre, mais il savait ce quji plaisait au cœur de Dieu.


Cela devrait nous faire penser à la parabole du jugement dernier en Matthieu 25, dont on retiendrait : “j’avais faim, j’étais nu, malade, en prison et vous m’avez visité… Quand donc t’avons-nous vu demandent les élus ?” A ceux qui s’interrogent sur le Jugement et les conditions d’accès au Royaume, il n’est d’autre réponse que de considérer l’autre comme un frère et de savoir lui venir en aide…

 

Le geste posé par le pape François quand il se rend à Lampedusa vient interroger nos bonnes consciences et il n’est pas besoin de connaître les 10 commandements de Dieu et les 7 commandements de l’Eglise (plus un certain nombre de compléments) : il suffit de voir un autre humain et savoir lui venir en aide. Il n’est pas besoin d’être expert en économie pour découvrir qu’il y a quelque chose d’immoral dans les chiffres évoqués dans la presse : des centaines de millions, des milliards même quand le frère souffre de la faim et de la maladie.


Bien sûr on ne peut imposer à personne de faire le bien, mais on n’est pas non plus obligé de le mettre à l’honneur et de lui faire des courbettes. A quoi sert-il de défiler dans les rues de Paris en faisant la morale si, dans le même temps on retourne chez soi oubliant le frère, immigré ou non, Rom ou SDF qui quémande un peu de notre générosité.


La finale de ‘évangile nous montre une fois encore que le questionneur fait lui—même la bonne réponse à Jésus, ce qui entraîne l’invitation : “Va et fais de même”. On aimerait tant que cette parole suffise, mais ainsi va la société qu’il faut développer le système des lois pour que le pauvre soit protégé de l’appétit (ou de l’ignorance) des grands de ce monde. “Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur” affirme Jésus dans l’Evangile… à chacun de nous, comme pour le samaritain, de savoir où placer son cœur. EH