FAQ02 Section 2. Jean 3-4

Questions à propos de Nicodème, des rapports Jean et Jésus; de la Samaritaine et retour à Cana

 Nicodème, la Samaritaine, guérison  Cana

pélé Israel 2013 Puits de Sychar pélé Israel 2013  
Puits à Sichem
Puits à Sichem

Cette page est la succession des questions et réponses pour les maisons d'Evangile au fil de leur lecture. Il est utile de relire aussi les fiches d'accompagement de lecture, 1 à 15, en rapport avec le chapitre lu. Ici, les chapitres Jean 3 et 4, fiche 2

 

 

La colère de Dieu, qu’est-ce à dire ?

Il faut lire la dernière ligne de la rencontre entre Jésus et Nicodème pour voir cette expression "la colère de Dieu demeure sur lui", mais il ne faut pas oublier tout ce qui précède: "Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger et condamner, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé". Toute la discussion a porté sur l'accueil d'une nouvelle naissance, sur la réception du témoignage. Pour Jésus (ou St Jean) il y a le constat du refus: cf. 3, 1 à 21. 

 

Celui qui refuse demeure dans les ténèbres. L’expression colère de Dieu est employée par Jean et suppose quelques précisions. D'abord il ne faut pas oublier le paragraphe ci-dessus. Ensuite, nous sommes tellement marqués par les images des artistes exprimant la colère de Dieu par des châtiments corporels intenses (cf. les tympans des cathédrales), au point que nous oublions l’impossible proximité entre lumière et ténèbres (st Jean 1). Soyons logiques: si Dieu est sainteté, il ne peut y avoir autour de lui présence de quiconque refuse la sainteté. Il y a donc éloignement de ceux qui refusent.

 

Dans notre langage, on ne dit pas Dieu de colère, mais Dieu d’amour. Ce qui est premier dans tout le Nouveau Testament, c’est que "Dieu est miséricorde, lent à la colère et plein d’amour". Dans le sermon sur la montagne, l’emportement et la colère sont rejetés : “Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal ; mais s'il dit à son frère : Crétin ! il en répondra au Sanhédrin ; et s'il lui dit : Renégat !, il en répondra dans la géhenne de feu.” ( Matthieu ch. 5) Pourtant le refus de Dieu ne peut pas être sans conséquences, d'où l'expression, tirée de l'Ancien Testament: la colère de Dieu demeure sur lui..."
 

Souffle ou Esprit, est-ce pareil?

 

Sur l’Esprit-Saint, tout comme sur l’Eglise, saint Jean n’a pas lu nos traités modernes de théologie. Or parfois nous faisons comme si, pour lui ces définitions réalisées du 8ème au20ème siècle étaient claires et évidentes !!! Le début du paragraphe posait la question : Jésus a-t-il pu parler ainsi ?

Le mot grec pneuma est souvent traduit par souffle ou esprit. La première ligne de la Genèse écrit "Au commencement le souffle de Dieu planait sur les eaux. D'autres traductions écrivent: l'esprit de Dieu planait... Le mot hébreu est difficile à traduire: souffle ou esprit... avec un petit e ou un grand E? Il peut donc y avoir souvent souvent divergences d'interprétation...

La discussion entre Jésus et NIcodème, telle que le rapporte Jean invite Nicodème à voir plus loin que les bout de son nez, plus loin que les vérités déjà ancrées dans son esprit. Jésus invite Nicodème à découvrir qu’il faut naître de Dieu et non d’une volonté purement humaine (charnelle). Mais Nicodème reste fixé, rigide alors que Jésus invite à la souplesse.

 L'expression "le vent souffle où il veut et toi tu entends sa voix, mais tu ne sais d'où il vient et tu ne sais où il va..." est invitation à comprendre la foi comme autre chose que "réglement... règlement".

 

Qui est l'ami de l'époux? Qui est l'époux?

Noces à Cana: ils n'ont plus de vin Noces à Cana: ils n'ont plus de vin  
Vitrail Maison diocésaine d'Arras
Vitrail Maison diocésaine d'Arras

En Jean 3, 22-30 nous avons une méditation sur la personne de Jean-Baptiste et de son rapport à Jésus. Les premiers chrétiens ont eu à débattre entre eux, sur la différence et la proximité de Jean et de Jésus. 

 

L'expression ami de l'époux est trés instructive : dans la tradition juive, c'est celui qui règle tous les problèmes d'intendance concernant le mariage de l'époux. On le voit à l'oeuvre à Cana. On peut reprendre ce titre pour Jean-Baptiste, lui qui prépare la rencontre de Jésus avec son peuple :

L'évangéliste transpose à sa manière l'image de l'intendant qui prépare tout ce qu'il faut pour le mariage (alliance) entre Dieu et son peuple réalisé par Jésus. (A relire quelques explications sur la noce à Cana)

 

 

 Pourquoi le serpent de l'Ancien Testament est utilisé comme figure de Jésus?

 

Jean 3, 14 Puisque le serpent était maléfique dans la Bible, comment a-t-il été, selon l'évangéliste Jean, la préfiguration du Christ élevé sur la croix ?

Il est toujours délicat d'utiliser la notion de figure, de représentations quand on cherche à interpréter la Bible... Ce n'est pas le serpent qui est préfiguration du Christ, mais le geste de se retourner vers... Il est impossible de penser que le serpent ait pu être préfiguration du Christ. Jean pense à un épisode précis de l'Exode, au livre des Nombres 21, 4-6, où les hébreux s'étaient détournés de Yahvé"; il ne pense pas au ch.3 de la Genèse, appelé chute d'Adam et Eve, où le serpent représente le Tentateur..

 

Moïse invite à manifester par un geste que l'on se convertit, que l'on se retourne vers Yahvé; de même le chroyant est celui qui se retourne vers le Christ exlaté sur la croix... signe de la conversion. Ce n'est pas un geste magique, mais expression visible de ce qui change en notre coeur, dans la relation à l'envoyé de Dieu. Il ne faut pas perdre de vue que la plupart des Juifs se sont détoeurnés de Jésus (les ch. 5-8 de Jean rendent compte de la progression du refus).

 

Pourquoi parle-t-on de glorification pour la crucifixion de Jésus?

croix croix  Cette expression est caractéristique de saint Jean. Alors que notre éducation chrétienne nous a inculqué que la vie de Jésus se terminait par la soufrance et que cette souffrance était la sourc du salut, saint Jean, lui, voit comme un seul ensemble Vie/mort/résurrection. Sa méditation l'amène à découvrir que le momenet de la mort de Jéus est en même temps le moment de la victoire sur l'ennemi, le Tentateur, puisqu'il n'a pas réussi à nfaire plier Jésus, àlui faire faire marche arrière: Jésus ne se renie pas, il va jusqu'au bout. St Jean l'explique avec le bon pasteur: ch 10, 12-17: c'est Jésus qui donne sa vie, on ne la lui prend pas. Cela peut nous dérouter... cela peut nous aider à entrer dans le mystère de Pâques, mystère de mort et de résurrection.  

 

 

Pourquoi la phrase : "Le salut vient des Juifs" ?

 

 Dans la tradition juive est née une certitude qu'ils sont le peuple élu, que c'est à eux que Dieu s'adresse...; au point même que certains prophètes (par ex. Jonas) refusent d'aller précher la conversion chez les païens. Même chose à propose de l'affirmation du début de la formation des disciples, selon Matthieu : "N'allez pas chez les païens". Pour Jésus, c'est une manière de marquer la différence, selon la tradition. Mais une fois cette remarque faite. C'est bien à la Samaritaine que Jésus confie pour la première fois l'affirmation qu'il est le Messie. Reconnaissons qu'il y a une antériorité du peuple hébreu / Juif dans la communication-transmission de la Parole de Dieu, mais ce n'est plus une exclusivité, puisque d'autres, tous, sont appelés à entendre cette Parole et à y répondre. Il en est ainsi pour la samaritaine, pour les samaritains. Cette expression est plutôt la trace historique d'une distinction qui n'a plus lieu d'être désormais... ou tous pourront adorer Dieu du fond dui coeur, et non dans son temple (Jérusaem, Samarie,). Jésus rappelle une priorité. Cette priorité devait-elle être interprétée comme exclusion des autres??? L'heure vient où toutes ces distinctions seront bouleversées par la reconnaissance du Fils élévé sur la Croix.

 

Adorer en esprit et vérité.. Pourquoi ?

 

Entre Juifs et Samaritains, il y a une très longue histoire d’hostilité qui s’exprime par le refus de se parler ! L’opposition fondamentale viendrait de ce que les Juifs de Jérusalem estiment avoir la vérité sur Dieu, et pas les Samaritains… d’où une certaine supériorité des Juifs (judéens) envers les autres, et ils le faisaient savoir.

(Pour préciser, il faudrait recourir à l’histoire du pays du 6ème au 1er siècle avant Jésus-Christ (par exemple lors de l’exil, sous Nabuchodonosor et lors du retour). Il y a eu aussi des différends théologiques. La manière dont nous, chrétiens, avons interprété et expliqué ces conflits, c’est d’évoquer la division entre le Royaume du Nord (Samarie, soit 10 tribus) et le Royaume de Juda (soit 2 tribus).. C’est beaucoup plus compliqué ! Retenons qu’en St Jean, ch.4 il y a référence à ces disputes Samarie/Jérusalem (marquées aussi par la question du lieu pour adorer Dieu, dans quel temple ? Si Dieu est unique, peut-il se trouver en deux endroits d’adoration en même temps, et donc, peut-il être adoré en deux lieux en même temps ?). Chacun adorait dans son Temple, soit Jérusalem, soit Samarie (ou Sichem/Mont Garizim) Jésus va inviter à dépasser cette manière trop humaine de rencontrer Dieu… désormais, c’est en chacun de nous que ce trouve le lieu du dialogue avec Dieu. Ce n’est pas une affairer extérieure à nous !

 

A partir du v. 23, avec l’expression “l’heure vient, elle est là” la venue de Jésus vient introduire, pour les croyants, une rupture dans l’histoire entre “avant Jésus-Christ” et “à partir de Jésus-Christ”. Pour interpréter “vrais adorateurs”, je retiendrai celle qui consiste à reconnaître qu’à ce moment de l’échange entre Jésus et la Samaritaine, Jean veut “faire la vérité” sur les relations (ou refus de relations) entre les Juifs et les samaritains. Jusqu’à présent, les vrais adorateurs, ce sont les Juifs, pensent les gens de Jérusalem (scribes et pharisiens). Désormais, affirme Jésus, les vrais adorateurs adoreront en esprit et vérité…. C’est-à-dire que les règles changent. Ce n’est plus seulement une question de faire comme le dit la Loi (penser à Matthieu, ch 5, qui pousse la loi dans une logique d’amour et non d’obéissance). A partir de Jésus, les adorateurs ne sont plus classés selon les règles de la loi juive, mais selon l’esprit et la vérité  Les vrais adorateurs ne sont plus ni à Jérusalem, ni sur le mont Garizim ; les vrais adorateurs vivent selon un culte intérieur (penser à Jérémie : je mettrai ma loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur… Jérémie 31, 33 ou encore à Ezechiel 36, 27 un cœur nouveau)

 

Les apôtres n'ont pas le beau rôle dans le récit de Jésus en Samarie!

 

De fait dans le ch. 4, il semble bien que les disciples ne comprennent rien à la séquence: Jésus qui parle avec une femme, une étrangère??? cà leur pose question. Ensuite il ramène de la nourriture, Jésus parle d'une autre nourriture... il faut que Jéus explique; Cette incompréhension continue avec la récolte qui murit... Alors que les^disciples regardent les épis de blés qui commencent à blanchir, il falait regarder les foules qui arrivent du village etc..; Il est possible que Jean se soit laissé emporter par son habitude des phrases à doucle sens (quiproquo). 

Mais il y a sans doute plus : l'apôtre Jean est plus sensible à la relation interpersonnelle: ce qui a de l'importance, ce n'est pas d'être "institué" apôtre, groupe des Douze comme le disent les trois autres évangiles... ce qui compte, c'est d'être intimement lié à la personne de Jésus, affectivement (charistmatiquement) pourrait-on dire... et sur ce point les disciples autour de Jésus ont du retard à l'allumage...

On ne peut pas reprocher à l'Evangile de Jean de ne pas mettre l'importance sur l'aspect insitutionnel des relations, mais de valoriser la relation interpersonnelle. Dans une société bien insitituée comme l'est l'Eglise aujourd'hui, il peut y avoir danger de donner de l'importance aux personnes en raison de leur degré dans l'ordre hiérarchique ou institutionnel et de mînimiser la relation personelle à Jésus. Jean perlera du discile bien-aimé, de l'amour dans la communauté beacoup pluus de de l'institutionnel... L'électrochoc que constitue l'évêque de Rome peut être fort utile, quand il fait passer sa responsabilité papale après sa consécration comme évêque de Rome.

 

 

Qui sont les samaritains

La Samarie est une située entre Juda et la Galilée. Au cours de l’histoire elle a fait partie du Royaume du Nord (opposé  Juda). La capitale Samarie a été conquise par l'Assyrie en 722. Certains se sont enfui vers Jérusalem, elle-même détruite , (en particulier lors de l’invasion de la Judée par Nabuchodonosor en 587). Les vainqueurs avaient l'habitude de disperser les vaincus, et de remplcer une part des habitant par des populations étrangères. Cela s'est produit pour la Samarie. Après le retour à Jérusalem (531) des clivages se sont établis entre Jérusalem/Judée, la Samarie et le reste du Royaume. Les habitants de Samarie sont restés à part, ne retenant pour leur héritage religieux que les cinq premiers livres ou Torah (les samaritains et non les juifs).

Lors du retour des exilés il y eut des conflits de possession de la terre entre ceux qui revenaient et ceux qui n’étaient jamais partis etc. Cela explique aussi les allergies entre Juifs et samaritains

L'exégèse actuelle, à propos des cinq maris, pense plutôt aux différentes religions pratiquées en Samarie, plutôt qu'aux moeurs dissolues de la Samaritaine (Compte tenu des moeurs de l'époque, divorcé-remarié une fois, c'était déjà beaucoup... alors cinq fois?)

 

En vérité, en vérité... Pourquoi Jésus dit ces mots?

 

En vérité, en vérité…” (3 v.19, 24, 25.) L’expression redoublée est une expression technique utilisée par Jean, qui sert de repère dans la logique du développement du discours. Trois fois ici. Au ch. 6 dans le discours à la synagogue de Capharnaüm, l'expression est martelée 4 fois, et cela sert de moyen pour découper la ropgression des affirmations concernant le pain de vie (discours dificile!). L'expression serait à comparer, dans l’écriture moderne, à la mise en forme en  paragraphe, l'utilisation des  “espace/retour à la ligne/nouveau paragraphe”, ou du surligné ou caractère gras. Ne pas oublier qu’il n’y avait aucune ponctuation dans les textes écrits, et que les orateurs utilisaient "des trucs qui frappent à l’oreille" et réveillent l’auditeur, comme un professeur taperait du poing sur la table au moment où il va dire quelque chose d’important. En vérité, en vérité, est une manière de réveiller son auditoire pour le rendre plus attentif  ce qui suit. Au ch. 10 on retrouve encore cette manière de martelé le développement du discours sur le berger.

 

 

Pourquoi dit-on de la crucifixion que Jésus est glorifié?

J’ai du mal à comprendre, pourquoi à un moment aussi tragique que la crucifixion dit-on que Jésus est glorifié ? alors qu’il n’est qu’un pauvre corps meurtri, sanglant de la tête aux pieds. “La vie est à comprendre comme relation avec Dieu qui donne vie… au moment de la mise en croix 

 

Réponse : Chaque évangéliste a une empreinte particulière. Par exemple, Marc présente la passion de Jésus de manière beaucoup plus tragique (plutôt que douloureuse) et donc autrement que Jean. Aucun évangéliste ne décrit la passion comme a voulu le faire un cinéaste moderne (la passion selon Mel Gibson). Aucun évangéliste ne décrit en détails les cruautés de l’évènement mais chacun s’attache à donner une signification à l’évènement lui-même : par sa mort et sa résurrection, Dieu en Jésus donne vie au monde (rétablit la relation rompue entre l’homme et lui, par le fait que Jésus soit allé jusqu’au bout de son amour sans se renier).

Chez Jean il y a le temps de la méditation, après que la communauté chrétienne a eu le temps de "digérer” l'épreuve pour enfin discerner en elle non une punition mais une exaltation. L’évangile significatif de ce passage ce sont les disciples d’Emmaüs (Luc 24). Cela peut nous surprendre, mais l’exaltation c'est un fil conducteur chez Jean : "l'heure qui vient" n'est pas l'heure de l'épreuve, mais l'heure de la glorification (ainsi la méditation du serpent d'airain du temps de Moïse (Jean "? 3,14, devient le signe de Jésus sur la croix qui donne la vie à tous ceux qui se tournent vers lui

 

Qu’est-ce qui permet de dire que Jésus est glorifié ?

 

Jésus glorifié est une acte de foi de la première communauté des chrétiens, dans leur manière de 'rapporter la mort de Jésus'. Elle se base sur la tout première affirmation de Pierre: ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l'a ressuscité, nous en sommes témoins (récit de Pentecôte, Actes 2), C'est surtout Jean qui parle d'exaltation, de glorification. La passion de Jésus est le moment de la révélation, et non le moment de l'anéantissement de Jésus (penser à Paul aux Philiipiens: "c'est pourquoi Dieu l'a-t-il exalté pour que tout, au nom de Jésus et que toute langue proclame, de Jésus est Seigneur, à la goire de Dieu le Père..." (Ph. 2, 9-11)

 

Ch.5: Dans l'Ancien Testament où est-il dit que Moïse accuse les Juifs?

Il faut reprendre le fil de la discussion au ch. 5. En effet les Juifs accusent d'abord Jésus d'être infidèle àMoÎse en faisantr une guérison le jour du sabbat : la Loi (de Moïse) le condamne. QEn fin de récit Jésus fait comprendre que ses accusateurs sont (seront) accusés par lMoïse (=la Loi) çà cause de leurs infidélités perpétuelles, Jean 5, 45-47. Au sens littéral, on ne peut pas trouver dans l'Ancien Testament que Moïse condamne les Juifs, mais, à partir du ch. 5 de Jean, la figure de Moïse devient objet de conflit entre Jésus et les Juifs. pour de nombreux Juifs, la Orah d Moïse (et son interprétation) leur ferme l'accès à la nouveauté représentée par Jésus. Les Ecritures deviennent un enjeu qui sépare disciples de Jésus et disciples de Moïse.

La rédaction des évangiles porte les traces d'un travail de méditation et de compréhension de l'Ecriture à laquelle les premiers chrétiens se sont référés poru "prouver" que Jésus est bien celui qui a été fidèle aux Ecritures, à la différence de ses adversaires, qui eux, tuent les prophètes... (Mt 23, 34-37, ou Luc 11, 49).

 

Qui sont les adorateurs en esprit et vérité.

"L'heure vient, et c'est maintenant...," affirme Jésus à la Samaritaine. Alors que jésus avait dit à sa mère, à Cana que ce n'était pas son heure, voici, deux chapitres plus loin qu'il affirme que l'heure est venue. Il parle à une étrangère! Simple remarque, pour signaler que nous aurons beaucoup de belles surprises dans une lecture attentive de st Jean. Les mots esprit et vérité ont déjà été employés par Jean dans le Prologue, pour affirmer la mission du Verbe de Dieu venu chez nous...  Pour comprendre cette expression "Adorer en esprit et vérité" il faut avoir à l'esprit la conception traditionnelle selon laquelle on ne pouvait adorer Dieu que dans son Temple. Or voici venu de la part de Jésus une autre conception de la prière, où l'on n'est pas lié par un lieu cultuel avec ses rites obligatoires. Désormais cette prière vient du fond du coeur et devient un coeur à coeur avec le Père. Certains prophètes avaient déjà fait entendre que des jours viendraient où Dieu créerait en chacun un coeur niouveau, un esprit nouveau... Adorer en esprit peut s'opposer à exécuter une prière à la lettre; adorer en vérité est à opposer à "prier du bout des lèvres". Il faudrait penser ici aux accusations des prophètes et de Jésus sur le double langage dans le rapport de bien des gens envers Dieu (cf Amos, Osée, Isaïe 5 etc.) Adorer en esprit et en vérité pourrait se traduire par "prier avec sincérité". On peut se remettre en mémoire la manière dont Matthieu rapporte l'invitation à prier au fond de sa chambre (Mt ch. 6, 5-9): "Quand tu pries, ne fais pas comme les hypocrites qui s'affichent sur les places publiques etc. ..."