Pour que le monde croie

Edito de l'Eglise d'Arras n°08

 

Voici venus les trois jours des fêtes pascales, au cœur de notre foi, où nous célébrons le Christ mort et ressuscité. La liturgie rénovée dès les années 1951-1954 a permis au peuple chrétien de renouveler sa compréhension du mystère chrétien : “Ce mystère concerne avant tout l’initiative gratuite que Dieu a prise de se révéler aux hommes, pour sceller avec eux une alliance indéfectible”. Pourquoi Dieu nous aime-t-il à ce point qu’il nous donne son Fils ? “Le père a décidé d'élever les hommes à la communion de sa vie divine”. De cela nous rendre grâce. A cause de ce don, des jeunes et des adultes sont baptisés dans la nuit de Pâques, et nous les accompagnons.

 

Sur la bouche du catéchiste revient toujours la première annonce : “Jésus t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour, pour t’éclairer, te fortifier, pour te libérer” Evangelii Gaudium n° 164. Le pape François insiste pour que nous mettions de l’ordre dans la foule de nos connaissances sur la foi, sur l’Eglise et la vie au milieu des hommes. Il invite à donner la première place à l’annonce du Kérygme, ce que saint Pierre exprimait le jour de la Pentecôte : “Ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes témoins”. S’ensuit une seconde attente du pape : la joie de communiquer Jésus-Christ s’exprime dans une constante sortie de l’Eglise vers les périphéries de son territoire ou vers d’autres milieux socioculturels.

 

S’il est un dialogue qu’il nous faut développer, c’est bien celui de l’annonce, un dialogue qui soit autre chose qu’une communication des vérités. Un dialogue qui serait proposition, invitation à rencontrer le Christ des Evangiles. Dans les recherches du synode provincial pour de nouvelles manières d’être Eglise au milieu des hommes de ce XXIème siècle, des délégués, de différentes origines et courants théologiques, ont essayé de s’exprimer dans leur diversité. L’avenir nous dira si cette démarche, recherche de dialogue, a réussi.

 

Notre passion pour le Christ et son amour pour nous est inséparable de notre passion pour son peuple. A sa manière Mgr Pontier, président de la Conférence des évêques de France rappelait le nécessaire dialogue des chrétiens entre eux, et avec le monde, lors de la session de printemps des évêques de France. Les évêques, en assemblée, ont eu à méditer sur le dialogue (possible ou impossible) entre les chrétiens dans leur diversité, avec leurs différences, avec leurs pressions. Les questions morales auraient-elles pris le relais de la liturgie pour entretenir les oppositions et les débats ? Communion ne signifie pas unanimité !

 

Dans ces nouveaux champs conflictuels, la communication via les réseaux semble développer le dialogue et l’échange d’informations entre personnes de même obédience, de même sensibilité, réservant les rejets, parfois les insultes, aux adversaires… L’absence de culture de débat dans l’Eglise et hors de l’Eglise est fréquemment évoquée, et il ne suffit pas de rappeler la communion pour favoriser l’écoute. Il faut vouloir l’écoute et la compréhension de l’autre pour favoriser la communion.  Revient alors à nos oreilles la prière de Jésus la veille de sa passion : “que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé”.

 

Nous voici donc au cœur du mystère pascal avec les trois jours saints du jeudi, du vendredi et de la vigile pascale. Il nous faut pouvoir fête cette Pâque dans l’espérance d’être renouvelés, nous et l’Eglise que nous sommes ensemble, afin que le monde croie… un monde qui a aussi besoin des chrétiens pour raviver en lui le service du frère. “Si l'ordre juste de la société et de l'État est un devoir essentiel du politique, l'Église ne peut ni ne doit rester à l'écart dans la lutte pour la justice”. (Benoît XVI).

 

Abbé Emile Hennart