Montre-nous le Père

5 ème dimanche de Pâques

Actes 6, 1-7 ; 1 Pierre 2, 4-9 ; Jean 14, 1-12.

 

Pendant les quelques semaines entre Pâques et Pentecôte, la liturgie nous invite à parcourir plusieurs  textes de saint Jean ; elle nous invite aussi à méditer sur l’histoire de la première Eglise, de son organisation après que Jésus ait laissé aux disciples de continuer sur le chemin qu’il avait proposé. Nous avons probablement une vision idyllique et raccourcie dans le temps de ce qui a pu motiver et transformer les disciples de Jésus en apôtres du Royaume nouveau. Il nous faudrait, de temps à autre, nous mettre en garde contre la tentation de tout voir en rose. L’évangile de ce dimanche invite à penser aux apôtres désorientés après les évènements (tout comme chez Luc sur la route d’Emmaüs). La première lecture fait allusion aux difficultés réelles de la nouvelle communauté : quoique attentifs au partage entre tous, il n’est pas difficile de découvrir qu’ils ne sont pas aussi égaux entre eux qu’ils ne le disent ! Crise de jalousie, ou crise de racisme.

 

L’institution de sept personnes au service du partage témoigne que la bonne volonté exprimée en fin de ch.2 : “Ils mettaient tout en commune”, ce n’est pas aussi évident, même pour la première génération. Cette distinction entre grecs (origine païenne) et hébreux (origine de la race juive) fait apparaître des tensions eu égard à la fidélité au Christ. Tous baptisés, mais pas tous au même rang. C’est ce que Paul aura défendre au cours de son ministère et à Jérusalem en particulier, lors de l’Assemblée Générale du ch. 15. Deux mille ans plus tard, nous savons que ces questions sont toujours à l’ordre du jour : une église servante et pauvre au service des pauvres, rappelle le pape François, une foncière inégalité dans la participation des uns et des autres au bien commun de tous devrait inciter les chrétiens à être davantage levain dans la pâte économico-politique… Hélas !

 

L’évangile de Jean qui nous est proposé se présente comme un des discours à la veille de l’arrestation de Jésus. Mais on peut facilement imaginer le désarroi des premiers chrétiens lors des premières décennies où il fallait faire face à bien des difficultés, à commencer par l’absence physique de Jésus, ensuite, à l’opposition de plus en plus forte des membres de la synagogue contre les chrétiens considérés comme une sectes. Il faudrait aussi ajouter les difficultés des chrétiens entre eux (voir première lecture, voir aussi les conflits théologiques sur l’identité de Jésus, sa mission etc.)

 

L’évangile de ce dimanche est en quelque sorte la réponse de saint Jean aux chrétiens de fin de siècle. Sa réponse n’est pas en termes de définitions qu'il suffirait de connaitre, mais une invitation à comprendre Jésus en termes de relations : relation au père, relation aux disciples relation des disciples avec Jésus, avec le Père, avec leurs contemporains vers qui ils sont envoyés.

 

Ce qui est ici exprimé en quelques mots mérite un long temps de méditation de notre part sur la relation à Dieu, à Jésus, aux gens, car nous sommes appelés à réaliser les œuvres du Père, à la suite de Jésus. A ces gens désorientés le Christ annonce la venue d’un défenseur, d’un accompagnateur, ce que nous appelons l’Esprit-Saint (voir évangile du 6ème dimanche de Pâques, suite de ce dimanche : (Jean 14,15-21) La liturgie a malheureusement omis les trois versets 13-15 qui font la jonction dans ce “discours” de Jésus aux apôtres, entre le temps de Jésus et le temps de l'Esprit (les évangiles des 5ème et 6ème dimanches de Pâques. Invitation à méditer sur l’évangile en termes de relations proposées par Jésus à toute personne désireuse de le suivre : Pierre, Jean, Philipe, mais aussi nous-mêmes appelés à devenir témoins du ressuscité comme le furent les chrétiens présentés en Actes 6. En parcourant l'Evangile de Jean, -s'il y est question de connaissance-, le disciple, le chrétien n'est pas "celui qui sait..." mais bien davantage celui qui entre en relation avec Jésus et avec son Père. E.H.